Environnement et productivité vont de pair

Publié le 29/09/2012 à 00:00

Environnement et productivité vont de pair

Publié le 29/09/2012 à 00:00

Une étude franco-américaine ébranle une perception répandue selon laquelle respecter des critères environnementaux pourrait réduire la productivité. Ce serait plutôt... l'inverse.

Les employés d'entreprises « vertes » sont 16 % plus productifs que la moyenne, conclut une étude signée par Magali Delmas, professeure à l'école de gestion de l'Université de Californie à Los Angeles.

Mme Delmas, d'origine française, et sa collègue Sanja Pekovic, de l'Université Paris-Dauphine, ont tiré leur conclusion des résultats d'un sondage rempli en 2006 par plus de 7700 entreprises françaises privées comptant au moins 20 employés. Elles en ont conservé 5220 et ont scruté plus attentivement les réponses de plus de 10 000 de leurs employés.

Par des procédés mathématiques avancés, les deux chercheuses ont isolé une multitude de facteurs qui auraient également pu affecter la productivité : le nombre d'heures travaillées, le nombre d'employés, les revenus de l'entreprise, ses exportations, son secteur d'activité, le sexe des employés, etc. L'écart de productivité de 16% à l'avantage des entreprises vertes a été calculé en excluant tous ces critères. Une méthode différente affichait un accroissement de la productivité de 21%, mais les auteures ont préféré l'option conservatrice.

Trois raisons

« Notre thèse principale, à savoir que les entreprises vertes étaient associées à de meilleurs taux de productivité du travail, est confirmée par nos résultats », écrivent les chercheuses.

Elles avancent pour cela au moins trois raisons.

Premièrement, les auteures avancent que le fait de travailler dans une entreprise verte crée « une association émotionnelle plus forte entre les employés et l'entreprise », laquelle se traduirait en une plus grande productivité du travail.

Leur deuxième hypothèse est plus concrète. Les chercheuses ont considéré comme « vertes » les entreprises dotées de la certification ISO 14001 ou encore d'étiquettes telles que « bio » et « commerce équitable ».

Or, dans la plupart des cas, le processus de certification ou d'obtention de ces étiquettes implique des séances de formation du personnel qui ont un effet direct sur la productivité.

Finalement, l'adoption de ces normes suppose généralement une meilleure communication entre les employés, « ne serait-ce que parce que les responsables de différents services doivent se parler et travailler ensemble », explique au téléphone Mme Delmas.

« Les relations interpersonnelles et la communication entre employés avec des habiletés différentes facilitent les échanges de connaissances et peuvent mener à des idées innovantes pour améliorer la productivité, écrit-on. Les contacts entre employés peuvent (aussi) améliorer leur satisfaction et leur motivation. »

Cercle vertueux

Le fait d'être une entreprise « verte » facilite aussi le recrutement, selon Mme Delmas. Elle cite l'exemple du manufacturier californien d'équipement de plein air Patagonia, qui recueille 900 candidatures pour chaque poste offert, ce qui lui permet de sélectionner des candidats de premier ordre.

« Du coup, poursuit-elle, ceux-ci sont plus productifs, les relations interpersonnelles dans l'entreprise sont meilleures, ils sont plus motivés... C'est un cercle vertueux. »

La grande question est toutefois de savoir si ces entreprises sont plus productives parce qu'elles sont vertes ou si elles sont vertes parce qu'elles sont plus productives. Lequel est venu en premier ?

« On ne le sait pas, car notre étude est fondée sur les données d'une seule année, reconnaît Mme Delmas. On ne peut savoir quelle formation avait été dispensée avant, par exemple. »

Dans les circonstances, un gestionnaire d'une entreprise « non verte » qui lirait ces résultats devrait-il être incité à adopter l'une de ces certifications dans l'espoir de voir sa productivité augmenter ?

Mme Delmas hésite. « Ça ne peut pas nuire, dit-elle. Très clairement, il y a dans les entreprises vertes des systèmes de gestion sophistiqués et des mécanismes qui font que les employés sont plus motivés, qu'on attire les meilleurs, etc. Le cercle vertueux doit commencer quelque part. »

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