Élection référendaire sur les déficits des caisses de retraite

Publié le 02/11/2013 à 00:00

Élection référendaire sur les déficits des caisses de retraite

Publié le 02/11/2013 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Si Régis Labeaume remporte une victoire éclatante à la mairie de Québec, comme le prédisent les derniers sondages, un grand signal sera donné à tout le Québec sur les déficits des régimes de retraite.

En effet, c'est probablement la première fois dans l'histoire du Québec qu'un candidat à la mairie se présente devant l'électorat sans ménager ses arrières devant les fonctionnaires, qui sont aussi des électeurs.

Authentique et provocateur, le maire Labeaume n'y va pas par quatre chemins. Comme les régimes de retraite de sa ville sont déficitaires d'environ 725 millions de dollars, il serait équitable, selon lui, que leurs bénéficiaires participent au remboursement de ce déficit. Il leur demande donc d'en rembourser une partie. Autrement, il serait injuste que les contribuables soient les seuls à l'absorber.

Le maire a raison puisque les régimes de retraite de la Ville sont très généreux (rente de 2,4 % du salaire des trois meilleures années), que la majorité des contribuables de Québec ne bénéficient pas d'un régime à prestations déterminées (dont les rentes sont garanties), qu'une grande proportion d'entre eux participent à un régime à cotisations déterminées (dont les rentes ne sont pas garanties) et que des centaines de milliers de citoyens ne peuvent compter sur aucun régime de retraite d'un employeur.

Les leaders syndicaux sont aux abois. M. Labeaume demande une réduction du coût des avantages sociaux des employés de 6 %, ce qui dégagerait 17 M$, somme qui serait affectée au déficit des régimes de retraite.

Le maire veut aussi faire passer de 38 % à 35 % la part de la rémunération globale dans le budget de la Ville. Quant au coût des régimes de retraite, il représente 8 % du budget de la Ville. À Montréal, la situation est encore pire, le coût des régimes de retraite est de 584 M$ et représente 13 % du budget de la Ville. La rémunération globale absorbe 55 % du budget.

Les chefs syndicaux craignent que le parti de Régis Labeaume l'emporte haut la main, ce qui indiquerait que la majorité des citoyens est derrière lui.

Naturellement, les leaders syndicaux font valoir que les régimes de retraite ont été négociés et autorisés par les autorités municipales et que, tel que convenu, leurs déficits doivent être financés par les employeurs.

La Ville de Montréal a réussi a obtenir que ses cols bleus augmentent leur part du financement du service courant de leur régime de retraite, mais rien n'a été fait pour le déficit accumulé, qui reste à la charge de l'employeur. Par ailleurs, aucune entente n'a été convenue avec les autres syndicats, et on ne négocie plus à cet effet. De plus, aucun candidat à la mairie n'a pris l'engagement ferme de faire participer les retraités et les salariés au financement du déficit de leur régime de retraite.

Ménage à faire dans la rémunération

Les régimes de retraite ne sont que la pointe de l'iceberg de l'écart qui ne cesse de croître entre la rémunération globale (salaires, avantages sociaux, vacances, jours fériés, etc.) des employés des grandes municipalités et celle des autres salariés québécois.

Selon l'Institut de la statistique du Québec, la rémunération globale des employés des municipalités de 25 000 habitants et plus était de 36,9 % supérieure à celle des salariés du secteur privé en 2012 et de 33,6 % plus élevée que celle des fonctionnaires du Québec.

C'est clair que de tels écarts créent une injustice inacceptable. Et, s'il en est ainsi, c'est parce que les villes n'ont pas les mêmes outils que les sociétés, qui ont droit au lock-out, ni que le gouvernement, qui peut utiliser la loi pour imposer les conditions de travail.

Le maire de Québec n'exige plus le droit au lock-out. Il demande plutôt maintenant de pouvoir imposer les conditions d'un régime de retraite, comme l'a suggéré le rapport D'Amours. Toutefois, le maire veut réduire à un an la période de négociation à cet effet et à un an le délai d'implantation, au lieu des trois et deux ans, respectivement, du rapport D'Amours.

Régis Labeaume est le seul à mener cette bataille historique. Si, tel que prévu, il remporte une victoire spectaculaire, il aura démontré que la grande majorité de la population de sa ville pense comme lui et que ce point de vue pourrait bien être partagé par les citoyens de plusieurs autres municipalités.

Le gouvernement aura alors reçu le message qu'il doit agir pour désamorcer les bombes à retardement que sont devenus les déficits des régimes de retraite des municipalités.

jean-paul.gagne@tc.tc

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