Du calme ! Nous avons vu pire dans les années 1980

Publié le 21/02/2009 à 00:00

Du calme ! Nous avons vu pire dans les années 1980

Publié le 21/02/2009 à 00:00

À force de se faire répéter que nous traversons la pire crise depuis la Dépression, on finit par y croire et à par imaginer le pire.

Et pourtant, ce n'est qu'en partie vrai. Dans les faits, le Canada, Québec compris, a réussi jusqu'à présent à échapper au plus gros de la tempête qui déferle sur la planète.

Nous avons beaucoup plus souffert lors de la récession du début des années 1980. Elle date de près de 30 ans et on a fini par oublier à quel point notre économie avait été mise à mal.

Pour vous en convaincre, considérez les chiffres suivants. En 1981, le taux de chômage s'est élevé jusqu'à 12,9 % au Québec. L'inflation a atteint 12,4 %. Les propriétaires qui devaient renouveler leur prêt hypothécaire résidentiel étaient astreints à des taux de 18 à 20 %. Le marché de la construction s'était écroulé parce que le financement était devenu prohibitif.

Comme antidote au malaise, le gouvernement du Québec avait alors lancé le programme Corvée Habitation, avec la collaboration des syndicats et des institutions financières québécoises. Les acheteurs de maison avaient droit à une hypothèque de trois ans à un taux de 11,5 %. Une aubaine, dans les circonstances ! Et ça avait bien fonctionné.

Mais les gens restaient méfiants et craignaient comme la peste l'effritement de leur pouvoir d'achat. En fouillant dans les archives du journal, j'ai retrouvé un article éloquent à cet égard. Une usine forestière du Lac-Saint-Jean avait proposé à ses employés syndiqués une augmentation salariale de 50 % sur trois ans. Croyez-le ou non, ils l'avaient refusée ! L'inflation galopait si vite qu'ils avaient peur de perdre au change.

Ça, c'est une vraie crise, qui assombrit le quotidien et détruit les espoirs.

Aujourd'hui ? Le taux de chômage vient de grimper à 7,7 % au Québec et continuera d'augmenter au cours des prochains mois avec la détérioration de l'économie. Mais la plupart des analystes ne prévoient pas qu'il dépasse 10 %. L'inflation, elle, demeure nulle. On s'attend à ce qu'elle redémarre à la suite de la reprise économique, mais on verra dans le temps comme dans le temps. Pour le moment, ce n'est pas un sujet de cauchemar.

Voilà déjà deux différences marquantes avec une crise sévère qui nous avait saignés à blanc. Cette fois, l'emploi ne s'est pas effondré, entre autres parce que notre paysage démographique s'est transformé et qu'il faut combler le vide causé par de nombreux départs à la retraite. Et notre pouvoir d'achat n'a pas été entamé.

Alors, comment se fait-il que les visages soient si longs et qu'on ait le moral à zéro ?

Parce que tout tombe autour de nous et que nous ne sommes pas épargnés.

Une mauvaise nouvelle n'attend pas l'autre. Chaque matin apporte son lot de résultats financiers désastreux et de mises à pied massives. C'est une première : la mondialisation de l'économie se traduit par la mondialisation de la crise, qui frappe partout de façon synchronisée. De la Chine à l'Argentine en passant par la Grande-Bretagne et l'Ohio, des piliers s'effondrent et on l'apprend en temps réel.

En 1981, nous n'étions pas branchés sur Internet, et il y avait peu d'information économique disponible au Québec. La tempête devait bien souffler ailleurs, mais on en avait peu d'écho et on ne s'en souciait pas davantage. La crise était vécue sur le mode de la proximité, et ses répercussions connues étaient limitées. Tandis que la crise actuelle est planétaire et que son ampleur fait frissonner.

Pour assombrir le portrait, les médias traversent une période difficile depuis quelques années. De grands groupes de presse sont menacés par la baisse de leurs revenus et le Web vient chercher une part grandissante du lectorat. Les journalistes sont donc, comme par osmose, plus sensibles au climat morose et le ton de leurs reportages en témoigne.

C'est vrai que cette récession est rude et qu'elle va durer encore pendant de longs mois. Mais baisser les bras à l'avance n'est pas une solution. Le principe vaut tant pour les individus que pour les groupes. Le climat est lourd et il est facile de se laisser démoraliser en laissant tomber, de concert avec les autres : "Il n'y a plus rien..."

Du calme. Non, ce n'est pas l'apocalypse ! La vie continue. Ce qui ne veut pas dire que nous sortirons indemnes de cette galère. Des emplois vont disparaître, des épargnes vont s'envoler, des pans entiers de notre économie vont disparaître. En région, la claque fait encore plus mal; il faudra beaucoup de temps pour remettre en place des assises viables. Mais cette crise n'aura pas notre peau, pas plus que les précédentes.

C'est ce qu'on se dit à l'autre bout de la Terre, et c'est ce qu'il faut se dire ici aussi.

rene.vezina@transcontinental.ca

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