Difficile de percer à l'étranger sans s'associer avec un partenaire qui y est déjà

Publié le 10/10/2009 à 00:00

Difficile de percer à l'étranger sans s'associer avec un partenaire qui y est déjà

Publié le 10/10/2009 à 00:00

Par Alain Duhamel

Le marché international est un passage obligé pour plusieurs industries, dont celle de l'ingénierie. Mais il y loin de la coupe aux lèvres avant de s'y implanter avec succès. Quelles ont été les conditions gagnantes pour CIMA+, qui compte 1 600 employés ?

L'entreprise de Laval est l'une des québécoises les plus expérimentées dans l'exécution de mandats d'ingénierie à l'étranger. Sa division internationale, qui fournit 10 % de ses revenus, comte quatre bureaux en Afrique.

Pdg de la sixième firme en importance au Québec, Kazimir Olechnowicz pense qu'une société d'ingénierie qui aurait des ambitions internationales ne pourrait guère les concrétiser sans s'associer à une autre société plus grande et déjà installée à l'étranger.

JLA - Vous oeuvrez à l'international depuis plusieurs années. Avez-vous eu l'aide de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) ?

Kazimir Olechnowicz - Oui, à nos débuts. Aujourd'hui, nous travaillons avec la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement ou avec la Banque africaine de développement. L'Agence a été un levier économique pour l'exportation de services d'ingénierie canadiens. L'ACDI a changé ses orientations ces dernières années, de sorte que nos sociétés de génie ne peuvent plus compter sur elle pour avoir un avantage compétitif sur nos concurrents des autres pays qui, eux, ont l'appui de leur gouvernement.

JLA - Les firmes d'ingénieurs du Québec sont désavantagées ?

K.O. - Nos firmes à l'international y sont depuis un certain temps. Mais on ne voit pas comment, aujourd'hui, d'autres bureaux, plus petits ou plus jeunes, perceront le marché international sans aide. Autrefois, l'ACDI aidait les bureaux à décrocher leur premier contrat et, de là, ils étaient capables d'obtenir d'autres mandats par l'intermédiaire des banques internationales.

JLA - Il y aurait donc un mur à l'entrée du marché international pour des nouveaux services de génie?

K.O. - C'est tellement bloqué que cela pousse à la consolidation des entreprises dans le marché. Quand des bureaux d'ingénieurs atteignent un certain stade de leur développement, ils songent à s'exporter. Sans aucune aide gouvernementale, ils demeureront des sociétés locales parce qu'ils n'ont pas la masse critique ni les moyens financiers pour aller à l'étranger. Il leur reste à envisager de se regrouper avec un plus grand bureau déjà établi à l'international.

JLA - Vous avez des liens directs avec les institutions financières internationales ?

K.O. - Les firmes canadiennes sont très bien perçues dans ces banques. Dans la plupart des projets, il faut obtenir leur aval et l'approbation du gouvernement. Une fois que l'on atteint un certain niveau de notoriété, les gens vous connaissent et vous mettent directement sur la courte liste.

JLA - Comment avez-vous fait ?

K.O. - Par la présence. Nous avons quatre bureaux en Afrique qui emploient environ 150 personnes. Il y a bien sûr quelques Canadiens, mais nous tentons de recruter et de former du personnel local, ce que les pays hôtes apprécient. En ayant un bureau local, nous étions favorisés pour obtenir d'autres mandats. Au Niger, par exemple, nous sommes aujourd'hui le plus gros bureau d'ingénieurs-conseils. C'est une situation gagnant-gagnant.

Le pays est gagnant parce que nous avons une permanence avec des employés locaux, nous sommes gagnants parce que nous sommes plus compétitifs face aux Allemands, aux Français ou aux Américains.

JLA - Avez-vous fait des acquisitions ou avez-vous monté ces bureaux de toutes pièces?

K.O. - Nous les avons créés nous-mêmes. Avec les gens que nous avions rencontrés là-bas, nous avons pu engager d'autres personnes. Plusieurs font la navette régulièrement entre l'Afrique et le Québec. En gardant un bureau local, nous assurons une continuité de la présence, ce qui nous donne un avantage quand il y a un suivi à faire.

JLA - Il n'y a pas d'autres agences canadiennes qui vous aident ?

K.O. - Non. La plupart des firmes québécoises se sont implantées à l'étranger grâce à l'aide de l'ACDI. Celles qui ont percé continuent à l'international mais j'ai bien l'impression que cela doit être très difficile pour une nouvelle firme.

JLA - Le Canada manque-t-il de vision ?

K.O. - Nous avons fait beaucoup de démarches auprès du gouvernement fédéral. C'est un élément majeur qui nous manque et qui nous rend moins compétitifs. Nous sommes en compétition internationale et quand nous gagnons, c'est vraiment parce que nous avons eu la meilleure approche. Les Américains et les Français ne se gênent pas pour se servir des fonds que leur gouvernement accorde à des projets internationaux pour aider les firmes de leur pays. Nous, au Canada, nous n'imitons pas cette approche; nous sommes des purs, mais cela nuit à notre industrie.

JLA - Comment explique-t-on que les sociétés québécoises soient les plus exportatrices au Canada ?

K.O. - Le premier facteur majeur a été la décision d'Hydro-Québec de confier ses travaux d'ingénierie au privé. Les sociétés d'ingénieurs ont pu ainsi se développer et envisager d'exporter le savoir-faire qu'elles ont acquis. Plus tard, Hydro-Québec a encouragé les sociétés à travailler ailleurs dans le monde pour diversifier leur expérience et ne pas dépendre autant d'elle. Les ingénieurs québécois ont acquis une réputation mondiale en hydroélectricité; une fois qu'ils se sont implantés à l'étranger, ils se sont intéressés à d'autres projets d'infrastructures, de réseaux, etc.

JLA - Peut-on dire que nos sociétés se sont développées à l'étranger bien avant d'étendre leurs activités dans le reste du Canada ?

K.O. - C'est ce qui est arrivé. Mais depuis quelques années, nous avons beaucoup de demandes des entreprises de services publics des autres provinces. C'est pourquoi nous avons ouvert des bureaux en Alberta et en Ontario.

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