Cascades a réussi à réduire de 85 % la consommation d'électricité de son parc informatique en Amérique du Nord en investissant seulement 700 000 $.

L'entreprise a changé de fond en comble la structure - mais aussi la culture d'utilisation - de l'ensemble de son parc informatique.

Comment ? Cascades a optimisé les postes de travail de ses employés et elle a virtualisé ses serveurs, c'est-à-dire qu'elle a converti ses serveurs physiques en machines virtuelles.

" Nous avons regroupé les serveurs dans des centres de traitement de données, et les employés ont de nouveaux postes de travail qui consomment beaucoup moins d'énergie ", explique François Ruel, président de Hulix génie conseil, mais qui était chargé de projet au groupe d'intervention en énergie de Cascades, quand l'entreprise a optimisé son parc informatique.

Centralisation des serveurs

La première étape de ce projet a consisté à retirer 70 serveurs situés dans les usines et les bureaux administratifs de l'entreprise en Amérique du Nord, pour faire migrer leurs applications dans deux centres des technologies de l'information, à Kingsey Falls et à Candiac, au Québec.

Ces centres abritent aujourd'hui ce qu'on appelle dans le jargon de l'industrie des " serveurs à lames ", c'est-à-dire des systèmes qui peuvent collectivement stocker davantage de données informatiques que l'ensemble des 70 anciens serveurs de Cascades.

Ces nouveaux serveurs sont beaucoup moins énergivores. Chaque ancien serveur consommait une puissance de 200 à 400 watts d'électricité, pour un total de 21 000 watts (si on établit une moyenne de 300 watts par appareil). Or, un nouveau système n'en consomme que 3 000.

" C'est un peu comme si, au lieu de prendre chacune leur automobile pour aller à un spectacle, 70 personnes prenaient un autobus pour s'y rendre. Elles arrivent à bon port, mais en consommant en énergie l'équivalent de 10 voitures ", précise François Ruel.

Finis, les ordinateurs de bureau classiques

Cette centralisation informatique s'appuie sur une autre petite révolution : la disparition des ordinateurs classiques, dotés d'un disque dur et d'applications locales (Windows, courriel, etc.), qu'on retrouve habituellement dans les bureaux et les usines.

" Aujourd'hui, les employés ont seulement à leur poste un clavier, une souris et un écran plat; leurs anciennes applications locales sont hébergées sur les machines virtuelles ", explique le consultant.

Ainsi, pour reprendre son image, non seulement les 70 personnes voyagent en autobus, mais aussi elles ont troqué leur ordinateur portable pour un téléphone intelligent, offrant les mêmes fonctions, mais qui consomme beaucoup moins d'énergie.

Un ordinateur classique consomme une puissance de 100 à 200 watts d'électricité, comparativement à 2 à 15 watts pour les nouveaux terminaux de Cascades.

Avec cette centralisation des applications dans un pool de services, on revient un peu à l'infrastructure informatique en place à la fin des années 1980 et au début des années 1990, selon François Ruel.

" À l'époque, les ordinateurs avaient trop de données à traiter; il fallait donc confier leur traitement à un système centralisé. "

De grands bénéfices pour l'environnement

Un nombre grandissant d'entreprises ont recours à l'optimisation de leur système informatique pour réduire les coûts (entretien du réseau, acquisition d'ordinateurs, etc.), mais beaucoup le font aussi pour des raisons environnementales.

Fortes d'une nouvelle marge de manoeuvre parce qu'elles consomment moins d'électricité, les entreprises peuvent ainsi accroître leur production sans augmenter leur consommation totale d'énergie, du moins pour un certain temps.

De plus, en achetant moins d'ordinateurs, les entreprises expédient moins d'appareils arrivés à la fin de leur vie utile dans les sites d'enfouissement.

Consommation de 21 000 watts avant la migration

70 serveurs

Consommation de 3 000 watts après la migration

2 serveurs

francois.normand@transcontinental.ca