Décrochage : une chance que les filles comprennent, elles...

Publié le 15/01/2011 à 00:00

Décrochage : une chance que les filles comprennent, elles...

Publié le 15/01/2011 à 00:00

Qu'est-ce qui cloche entre les jeunes Québécois et l'école ?

Une nouvelle analyse de l'Institut C.D. Howe1 confirme ce dont on parle depuis un bon moment : au Canada, le Québec demeure le triste champion du décrochage scolaire. Mais attention : ce sont les garçons, francophones, qui sont en cause, pas les filles. Les Québécoises se situent tout à fait dans la moyenne.

En fait, lorsqu'on considère le groupe de 20 à 24 ans, 19 % des Québécois francophones n'ont toujours aucun diplôme d'études secondaires (DES). La moyenne canadienne est de 8,5 %. Une différence énorme.

Les conséquences sont nombreuses, mais celle-ci est particulièrement désolante : le taux de chômage des Canadiens qui ne possèdent pas de DES atteint 40 %. Et encore, étant donné la complexité du monde moderne, ce premier diplôme fait figure de minimum : pour ceux qui ne sont pas allés plus loin, le taux de chômage est quand même de 25 %. Qui ne s'instruit pas s'appauvrit.

" Une des prévisions les plus évidentes concernant l'avenir des adolescents demeure le fait que d'abandonner l'école prématurément accroît la probabilité d'une vie marquée par de longues périodes sans emploi menant à la pauvreté ", écrit dès le début l'auteur de l'étude, John Richards.

Des compétences indispensables

Pour le Québec, ce gaspillage de talents risque de peser lourd. La concurrence internationale est déjà féroce et les sociétés qui se distinguent sont celles qui sont en mesure de miser sur l'innovation. Qui dit innovation dit développement de compétences, lesquelles ne sont pas innées. Il y aura toujours des histoires étonnantes de génies ayant court-circuité l'école, mais dans la vraie vie, l'acquisition de ces compétences passe par le réseau scolaire. Plus la formation est poussée, plus les chances d'atteindre les sommets sont élevées.

Or, malgré la légère augmentation récente du taux de natalité, le Québec vieillit. Cette année marque officiellement le départ à la retraite de la première cohorte de baby-boomers (1946 + 65 ans = 2011). Toutes les études signalent un déclin imminent de la population active, les 15 à 64 ans, peut-être même dès l'an prochain. Avec un bassin réduit de gens en âge de travailler, il faut absolument faire le plein des forces disponibles. Les organisations ne pourront pas éternellement faire plus, ou autant, avec moins. Il y a des limites aux gains de productivité. Dans ces circonstances, le décrochage devient suicidaire.

Les jeunes qui sont, eux, sur le marché du travail, vont trouver le temps long. Il va leur falloir assumer le fardeau d'un nombre croissant d'aînés, tout en sachant que des milliers de personnes de leur propre génération seront inactives, faute de qualifications suffisantes et en attente de l'aide de l'État pour survivre. Payer pour les uns, payer pour les autres : les salariés finiront par se rebeller si on leur en demande trop.

Traiter le mal à la racine

Voilà pourquoi le combat pour la persévérance scolaire doit être un véritable enjeu national. Le Rapport Ménard l'a dit, Le Québec 2010, de Secor, l'a rappelé. C'est maintenant au tour de l'Institut C.D. Howe de le mettre en évidence. La démonstration n'est donc plus à faire. Encore faut-il savoir ce qui peut être entrepris.

Certaines mesures proposées, comme de déceler très tôt les enfants de familles à risque et de les accompagner dans leur quotidien, ne sont pas nouvelles. On connaît depuis longtemps les bénéfices à long terme que procure un meilleur départ dans la vie. Le rapport Un Québec fou de ses enfants, de Camil Bouchard, l'avait bien démontré. Mais une autre suggestion mérite qu'on s'y attarde. Puisque le problème touche surtout les garçons, pourquoi ne pas leur donner le goût de rester à l'école plus longtemps, en augmentant, par exemple, l'offre d'activités qui leur plaisent ? " Les programmes sportifs ne devraient pas être considérés comme des accessoires, mais bien des outils pour enraciner les étudiants dans leur institution ", note l'étude.

Peu importe la manière, une certitude demeure : avec un pourcentage aussi élevé de jeunes qui débarquent, le Québec finira par manquer de bras pour propulser son navire. Il serait dommage que notre société distincte le soit du fait qu'elle avance plus lentement que les autres... et qu'il faille encore compter sur la générosité de voisins plus dynamiques pour assurer notre pitance.

1 School dropouts : Who are they and what can be done ?

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Lier l'autisme aux vaccins, une fraude sordide

Le taux de vaccination est en train de remonter. On ne sait toujours pas ce qui déclenche l'autisme. Mais les tenants des théories de complot devront se tourner vers d'autres conspirations, parce que celle-ci n'a jamais existé (suite sur le blogue).

Vos réactions

" Il y a une personne de mon entourage dont l'enfant est autiste et qui, justement, croit dur comme fer que c'est la faute des vaccins. Elle le déconseille à qui veut l'entendre et je me suis débattu contre elle pendant longtemps. Mais chaque fois, elle me renvoie à ces foutues études sur Internet où d'autres clament haut et fort que ce sont les vaccins, les coupables. "

- Getalife

" À ce que je sache, le problème n'est pas que les vaccins ne sont pas dangereux. Ils le sont tous pour certaines personnes. La santé publique joue le jeu des statistiques : moins de morts et de problèmes avec les vaccins plutôt que sans eux. Certains misent sur les cas isolés pour en faire une règle générale. "

- Truite

rene.vezina@transcontinental.ca

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

26/04/2024 | François Normand

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.