Bien des questions pour 2011, au moins quelques réponses

Publié le 08/01/2011 à 00:00

Bien des questions pour 2011, au moins quelques réponses

Publié le 08/01/2011 à 00:00

Il fut un temps où, pour raisonnablement prévoir notre sort, il suffisait de regarder chez nous et chez nos voisins immédiats. Notre bonne - ou mauvaise - fortune dépendait essentiellement de la leur.

Ce n'est plus aussi vrai maintenant.

Bien sûr, il faut espérer un redressement de la situation aux États-Unis, où la crise n'est pas terminée, du moins pas dans la vie de tous les jours. La dernière lecture de l'indice S&P/Case-Shiller montre une décroissance des prix de l'immobilier, de septembre à octobre, pour chacune de 20 principales régions métropolitaines qu'il couvre. Six agglomérations ont même présenté le niveau de prix le plus bas depuis l'effondrement du marché en 2007 : Atlanta, Charlotte, Miami, Portland (Oregon), Seattle et Tampa.

Reste que la mauvaise santé de l'économie américaine ne représente plus un arrêt de mort pour la nôtre. Nous profiterions immédiatement de sa relance, mais la mondialisation a permis l'émergence de nouveaux acteurs, comme l'Inde, qui considèrent avec intérêt ce que nous avons à leur offrir, à commencer par nos richesses naturelles. Leur appétit a permis d'amortir le choc causé par la faiblesse persistante de l'économie américaine. En même temps, il brouille les cartes, car " loin des yeux, loin du coeur "... Il est pratiquement impossible d'être toujours au fait de ce qui se prépare aux antipodes. Comme elle compte de plus en plus de variables, l'équation économique gagne en complexité.

En ce début d'année nouvelle, arrêtons-nous un instant sur certaines de ces variables et sur leur influence probable.

On l'a dit et redit, les consommateurs canadiens ont tenu à bout de bras la reprise, au prix d'un endettement que plusieurs jugent insoutenable (à près de 150 % du revenu disponible, le niveau le plus élevé du G8). Viendra le jour où les ménages rembourseront une partie de cette dette. Ils seront donc plus prudents dans leurs achats, d'autant que plusieurs hausses de frais entreront en vigueur au cours des prochains mois : TVQ, assurance-emploi, assurance parentale, assurance médicaments, etc. Le revenu disponible en sera amputé d'autant parce que les salaires, eux, ne bougent pas beaucoup. On peut donc prévoir une stagnation de la consommation générale, au moins à court et à moyen terme.

En même temps, le prix du pétrole est reparti vers le haut. L'impact en sera douloureusement ressenti, et pas seulement à la pompe. Le brut se négociait à près de 93 dollars américains le baril en ce début d'année et il file allègrement vers les 100 dollars. C'est la contrepartie d'une économie mondiale plus vigoureuse. La demande s'accroît. Il faudrait un retour brutal de la crise pour renverser le mouvement, ce que personne ne souhaite. Important producteur et exportateur de pétrole, le Canada en tirera parti. Le Québec, lui, pourra encore recevoir ses milliards de dollars en péréquation. Mais les individus vont gronder. Attendez-vous à des débats encore plus houleux sur les profits des pétrolières.

Le dollar canadien sera alors porté à déployer ses ailes. Il valait déjà plus que son homonyme américain en ce tournant d'année, et cette force relative devrait se maintenir pendant un bon moment, du moins jusqu'à ce que l'économie américaine donne des signes de reprise soutenue. Entre-temps, les Canadiens demanderont que les prix des produits importés soient ajustés en conséquence, mais les exportateurs continueront à souffrir et à se restructurer, à moins qu'ils ne se soient protégés contre les mouvements erratiques de notre devise.

Cette embellie du huard tempérera, pour un temps, les pressions inflationnistes qui se manifesteront inévitablement. Les fonds investis par les gouvernements dans les programmes de relance ont fait augmenter la masse monétaire, et le pétrole coûtera plus cher. Ce sont là deux facteurs qui risquent d'activer l'inflation. La Banque du Canada a laissé entendre qu'elle demeurerait sur les " lignes de côté " au moins jusqu'au printemps. Les taux d'intérêt ne bougeront donc pas au cours des prochains mois. Mais ils remonteront tôt ou tard, et le mouvement risque d'être brutal !

Les variables internationales sont plus opaques. L'Europe arrivera-t-elle à guérir ses membres malades ? Le Proche et le Moyen-Orient retrouveront-ils un semblant de stabilité ? La Chine et l'Inde maintiendront-elles le cap sur une croissance contrôlée ? Les terroristes en tous genres nous laisseront-ils souffler ? No se. On peut quand même espérer que cette année nouvelle s'accompagne d'un beau programme, et c'est celui que je vous souhaite : paix, bonheur, santé, prospérité et sérénité.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Retraite : les plus jeunes à fort risque

Les plus jeunes vont éprouver de sérieux problèmes lorsque sonnera l'heure de la retraite [...] C'est la principale conclusion à laquelle en arrive l'Institut CD Howe, dans le rapport tout juste publié, intitulé : Canada's Looming Retirement Challenge (suite sur le blogue).

Vos réactions

" Ma suggestion, dès maintenant : prévoir des mécanismes de maintien en emploi des baby-boomers après la retraite. Modifier le régime fiscal pour rendre plus avantageuse la retraite progressive et le travail à temps partiel des boomers pour éviter qu'ils ne vident la caisse de retraite. "

- jberthia

" Cela est d'autant plus complexe si l'on considère la dette totale que nous laisserons à notre génération de jeunes. Sans compter que nous leur demanderons en plus de payer nos soins de santé et d'entretenir nos infrastructures désuètes. "

- GaetanG

" Ne pourrait-on pas bonifier (ou établir) des incitatifs fiscaux pour les employeurs qui contribuent au régime collectif en compagnie de leurs employés ? "

- Patrick

rene.vezina@transcontinental.ca

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