De l'aide pour franchir le cap du transfert

Publié le 19/05/2012 à 00:00

De l'aide pour franchir le cap du transfert

Publié le 19/05/2012 à 00:00

Il y a des coachs de vie ou de carrière. Il y a aussi des coachs de famille en affaires. Une réponse au besoin des entreprises qui doivent passer le flambeau à la jeune génération. Parmi les ingrédients du succès de la relève, l'accompagnement par des professionnels est essentiel.

Serge, Luc et Claudine Harnois ont pris la relève de leur père, Claude, à la tête du Groupe Harnois au milieu des années 1990. La deuxième génération planifie déjà sa relève même si elle ne se fera pas avant au moins 10 ans. Les dirigeants ont décidé de se faire accompagner par un coach pendant ce processus et ce, même s'ils s'entendent bien et partagent la même vision de l'avenir pour le Groupe.

Si la première relève s'est faite «naturellement», selon Claudine Harnois, aujourd'hui, le défi est plus corsé. Les chances de réussite s'amenuisent lors du passage à la troisième génération. De plus, les enfants des dirigeants actuels sont encore jeunes pour prévoir avec certitude s'ils reprendront le flambeau. «C'est plus difficile d'imaginer un Harnois à la tête du Groupe dans 10 ans, car le plus vieux de enfants n'aura que 33 ans», explique Claudine Harnois, v.-p. ressources humaines, communication et culture de l'entreprise qui distribue des produits pétroliers à Saint-Thomas, près de Joliette.

C'est pour se donner toutes les chances que la famille se fait accompagner dans ce processus de relève. «Notre coach anime les rencontres entre mes frères et moi. Sans ce regard externe, on ne pourrait pas avancer aussi loin dans les discussions. On n'aborderait peut-être pas certains sujets. Elle nous aide à être objectifs par rapport aux compétences des enfants. Elle creuse quand elle voit émerger des divergences de vue entre nous trois et elle s'assure de maintenir le canal de communication ouvert», dit Claudine Harnois.

L'accompagnement technique par les avocats, les comptables et autres fiscalistes est important. Cependant, il ne faut pas sous-estimer le besoin de soutien psychologique pendant ces années qui verront, à leur terme, un changement radical de vie pour les cédants et les releveurs. Cette perspective génère des tensions qu'il est fondamental de désamorcer pour assurer le succès du processus de relève.

«L'entrepreneur qui quitte l'entreprise perd son rôle social, son rôle de chef et son bébé qu'est la société qu'il a fondée», remarque Jules Turcotte, associé chez BCF, qui gère une cinquantaine de dossiers de relève par an.

Quant au releveur, il doit acquérir progressivement des compétences pour faire face à ses nouvelles responsabilités. «Il doit apprendre à faire de l'entreprise le centre de sa vie», ajoute Carol Bélanger, maître d'enseignement en psychologie au service d'enseignement du management à HEC Montréal.

Des coachs aux profils variés

Le cédant comme le releveur ont donc besoin d'un accompagnement. Les accompagnateurs de tout poil se sont rués sur ce créneau lucratif. À tel point que des organismes tels que l'Institute of Family Enterprise Advisors, du Canada, offrent à ces coachs venus d'horizons très divers (avocat, banquier, comptable, spécialiste en thérapie familiale, etc.) des formations sur le plan tant technique qu'éthique. «Le but est de professionnaliser leur démarche», explique Colette Vanasse, directrice du Centre international des familles en affaires McGill - HEC Montréal.

Denise Paré-Julien, consultante et coach de familles en affaires, se définit comme «un chef d'orchestre» qui supervise différents experts au fur et à mesure de la planification du transfert. «Je veille à ce que les deux parties se posent les bonnes questions. Je les aide à se structurer et je vérifie qu'elles dialoguent entre elles. Je dois aussi faire en sorte qu'elles prennent les précautions nécessaires, comme faire un testament, contracter une assurance vie ou encore planifier la succession.»

Toutefois, ce rôle est encore souvent joué par les partenaires traditionnels des entrepreneurs que sont l'avocat, le comptable ou le gestionnaire de patrimoine. «Je suis proche de mes clients. Je suis donc souvent la première personne qu'ils appellent, car ils ne veulent pas parler de choses personnelles à des gens qu'ils ne connaissent pas», observe Yves Bonin, associé, leader des services aux sociétés privées chez PwC.

L'accompagnateur contribue aussi à faire émerger la réflexion chez un dirigeant qui tarde à penser à sa succession. «Quand les entrepreneurs vieillissent, la pression familiale fait qu'ils ne veulent pas toujours aborder certaines questions», explique Jules Turcotte.

L'accompagnateur doit savoir reconnaître ses limites, dit Isabelle Le Breton-Miller, titulaire de la Chaire de développement et de relève de la PME à HEC Montréal. «Quand un problème ne relève plus de ses compétences, il doit passer le relais à un autre expert.» Un examen de conscience qu'il doit faire de lui-même.

La limite de ses attributions est aussi imposée par son client : «Il peut faire accoucher d'un projet, mais il ne peut pas agir à la place du chef d'entreprise», indique Colette Vanasse. Il évolue donc sur une ligne très mince. «Il doit être capable de tenir tête tout en sachant garder sa place, résume Carol Bélanger, car c'est aux personnes concernées, finalement, de trouver la solution qui leur convient.»

UN CONCOURS QUI SOULIGNE DES CAS DE RELÈVE RÉUSSIS

Le concours des Médaillés de la relève, organisé principalement par PricewaterhouseCoopers, BCF et le Centre international des familles en affaires McGill - HEC Montréal, en est à sa 6e édition. Depuis 2007, il distingue des entreprises qui ont planifié et réussi la transmission à une relève. Pour être admissible, il faut diriger une entreprise privée, québécoise, dont le transfert a eu lieu au cours des 10 dernières années. Les releveurs doivent comprendre au moins un membre de la famille fondatrice ou un employé de l'entreprise. Le jury est composé notamment d'anciens chefs d'entreprises lauréates. Les critères de sélection sont la planification de la relève, la vision de l'avenir, la santé financière de l'entreprise et la qualité de la nouvelle direction sur le plan du leadership. Dans les pages qui suivent, des portraits des trois finalistes de l'édition 2012, qui seront honorés le 30 mai.

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