Comment le Brésil et Singapour innovent pour stimuler l'entrepreneuriat

Publié le 12/01/2013 à 00:00, mis à jour le 10/01/2013 à 10:04

Comment le Brésil et Singapour innovent pour stimuler l'entrepreneuriat

Publié le 12/01/2013 à 00:00, mis à jour le 10/01/2013 à 10:04

Pour favoriser le démarrage et le développement d'entreprises, certains n'hésitent pas à sortir des sentiers battus. Les Affaires a découvert plusieurs initiatives originales au World Entrepreneurship Forum, dont la 5e édition s'est tenue à Lyon l'automne dernier. Voici deux de nos coups de coeur.

SINGAPOUR : FORMER LES MENTORS

ACE, un organisme de promotion de l'entrepreneuriat de Singapour, a réfléchi pendant un an au rôle du mentorat. Au point de ramener les mentors de son réseau sur les bancs d'école.

«Jusqu'alors, on pensait que le mentor était là pour donner des conseils, mais son rôle est en fait beaucoup plus large que ça. Parfois même, c'est de ne pas donner de conseil du tout», explique Steven Fang, pdg de Cord Blood Banking et président du comité mentorat d'ACE.

«Il était nécessaire de former les mentors afin qu'ils deviennent de bons partenaires. Ils étaient sceptiques au début, plusieurs ayant l'impression de tout connaître, mais ils se rendent compte que les relations sont maintenant plus pertinentes.»

À preuve, ils reviennent aux formations !

Étalées sur quelques jours, celles-ci sont dispensées par des professeurs d'université. Les mentors apprennent que leur valeur ajoutée est de motiver les nouveaux entrepreneurs, de leur poser des questions et de les aider à construire leur processus décisionnel. Plutôt que de raconter leurs cas de réussite ou leurs déboires, ils sont encouragés à utiliser leur expérience pour éclairer les plus jeunes lorsqu'ils cherchent la façon la plus efficace de régler un problème. «Apprendre à poser les bonnes questions n'est pas si difficile, une fois que la personne a changé son attitude», dit M. Fang.

Afin de concrétiser la réingénierie de son programme de mentorat, ACE a ciblé un groupe d'entrepreneurs qui acceptaient cette approche. Après avoir participé aux formations, ces derniers sont en quelque sorte devenus des porte-parole. L'initiative a rejoint une centaine de mentors depuis ses débuts en 2012 ; l'objectif est de doubler ce nombre en 2013.

Diversifier les mentors

Les besoins de mentorat, selon M. Fang, se divisent en trois catégories : le démarrage, qui nécessite un entrepreneur d'expérience qui sait comment survivre ; la croissance, où des professionnels peuvent répondre aux nombreuses questions légales, comptables ou financières ; et l'internationalisation, pour laquelle un mentor est recruté à Taïwan, à Hong Kong, en Chine, en Europe ou ailleurs.

Dans tous les cas, l'organisme singapourien décourage la facturation, afin d'éviter que le mentorat ne se transforme en consultation. Par contre, explique M. Fang, on encourage les mentorés à réserver une petite partie de leur financement aux mentors qui désireraient participer au capital de l'entreprise.Pour maximiser les retombées, on leur suggère d'avoir plusieurs mentors simultanément et de participer aux activités de réseautage qu'organise ACE toutes les deux semaines.

BRÉSIL : APPRENDRE DE SES PAIRS

Les entrepreneurs existent depuis la nuit des temps. Pourtant, l'entrepreneuriat est enseigné dans les écoles depuis quelques dizaines d'années seulement. Comment apprenaient nos ancêtres ? «En parlant avec leurs pairs, tout simplement», dit Fernando Dolabela.

Après trente ans à enseigner, publier et parler de l'entrepreneuriat, le Brésilien a de sérieux doutes sur l'enseignement de cette matière dans les universités. «Les entrepreneurs cherchent des connaissances pratico-pratiques, et les académiciens ne sont pas les mieux placés pour y répondre.» Pour agir, les entrepreneurs ont besoin de réponses simples et précises - et non de concepts abstraits. Ils veulent savoir comment payer une taxe qu'ils ne connaissent pas, trouver un comptable, acheter une matière première donnée, augmenter leurs ventes, etc.

Partant de ce constat, M. Dolabela a commencé, en 2011, à mettre sur pied un réseau de groupes d'entraide. D'abord dans une phase de «cocréation», où trois groupes tests ont réfléchi au fonctionnement idéal, puis dans une phase pilote, de novembre 2012 à février 2013, qui rassemble quatre groupes de quinze entrepreneurs chacun.

Pour et par les entrepreneurs

Dans chaque groupe, ce sont les entrepreneurs eux-mêmes qui cernent leurs besoins d'apprentissage, auxquels répondront d'autres membres du groupe en partageant leur expérience. «Une personne connaît le marketing, une autre, les finances. En se formant mutuellement, ils progressent à la même vitesse.» En plus des échanges intragroupes, les participants peuvent apprendre des membres d'autres groupes lors d'activités de réseautage.

Pour former des groupes efficaces, les organisateurs n'intègrent pas des concurrents et regroupent les entreprises selon leur stade de développement. «L'idée est de jumeler des entrepreneurs au profil similaire, mais aux besoins et aux expertises différents.»

D'ici 2015, Fernando Dolabela souhaite intégrer 1 000 participants à son réseau. Pour y arriver, il mise sur la formation de formateurs puisque, si la coordination des groupes est d'abord assurée par un professionnel, elle est ensuite transférée à un de ces membres. «Notre projet fonctionnera à grande échelle si nous réussissons à former plusieurs entrepreneurs, qui mettront sur pied des groupes, puis formeront d'autres entrepreneurs... et ainsi de suite.»

marie-claude.morin@tc.tc

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