L'action du Groupe CGI (Tor., GIB.A, 20,06 $) s'est appréciée de presque 17 % depuis le début de l'année grâce à ses bénéfices réguliers et à son bilan sain, dans un marché volatil. Pendant ce temps, le S&P/TSX a perdu 9 %.
Le titre de CGI peut encore se démarquer, estiment les analystes, mais à certaines conditions. «Les investisseurs seront disposés à payer jusqu'à 16 fois les bénéfices, par rapport au multiple d'évaluation actuel de 13 fois, si ses résultats continuent de montrer que la mise en œuvre systématique de sa stratégie rapporte», explique Kris Thompson, de la Financière Banque Nationale.
Pour faire encore mieux, les résultats de la société de services informatiques devront démontrer que sa double stratégie fonctionne, trimestre après trimestre.
Stratégie offensive
De nouveaux contrats de 1,47 milliard de dollars au quatrième trimestre rassurent plusieurs analystes. Ceux-ci devraient permettre à l'entreprise montréalaise de maintenir sa croissance, malgré les réductions budgétaires du gouvernement américain.
«CGI soumissionne activement pour des contrats d'une valeur d'un milliard de dollars auprès du gouvernement fédéral américain», souligne toutefois Kris Thompson de la Financière Banque Nationale. Sa filiale américaine vient d'ailleurs de rafler un premier contrat d'implantation dans le nuage d'un système de planification des ressources de l'organisation pour le ministère américain du Travail.
«La hausse de 36 % des nouveaux contrats signés au quatrième trimestre, et le fait que les nouveaux contrats américains décrochés par CGI Federal représentent 269 % des contrats déjà facturés, donnent de la crédibilité à CGI qui affirme gagner des parts de marché auprès des gouvernements américains», note pour sa part Thanos Moschopulos, de BMO Marchés des capitaux.
Stratégie de repli
Scott Penner, de TD Valeurs mobilières, mise sur une accélération de la performance d'exploitation de CGI en 2012, grâce à la contribution aux bénéfices de ses nouveaux contrats et de sa plus récente rationalisation.
Au quatrième trimestre, CGI a inscrit une charge de restructuration de 45,5 millions de dollars (M$), qui comprend la fermeture de centres de traitement de données (22,3 M$), la suppression d'emplois (11,4 M$) et la dévaluation de deux logiciels de protocole Internet mis au point à l'interne.
Ces mesures entraîneront des économies annuelles d'au moins 20 M$, qui aideront CGI à atteindre la marge (avant intérêts et impôts) de 14,9 % que M. Penner prévoit en 2012.
La gestion rigoureuse de ses coûts permet à l'entreprise de préserver ses marges, bien que ses revenus croissent peu, abstraction faite de ses acquisitions, explique cet analyste.
La croissance interne de CGI varie de zéro à moins un, si on exclut l'effet des changes, la vente de Conseillers en informatique d'affaires, la perte d'un contrat d'impartition au Mouvement Desjardins, ainsi que le non-renouvellement d'un contrat avec Revenu Canada.
Cette faible croissance explique la recommandation «conserver» de Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins, et son cours cible de 22 $. «CGI est bien gérée, mais son titre ne mérite pas une valorisation supérieure à celle de ses semblables, étant donné que le ralentissement qui frappe le Canada, les États-Unis et l'Europe freine la croissance de ses revenus», dit-il.
Contrat avec Postes Canada
Les analystes surveillent de près le renouvellement à la fin de 2012 de son contrat de 10 ans avec Postes Canada. La coentreprise Innovapost, que CGI exploite avec Postes Canada, lui procure des revenus de 98 millions de dollars et des bénéfices de 0,03 à 0,04 $ par action.
Au Canada, les nouveaux contrats signés représentent seulement 74 % des revenus facturés.
UNE OFFENSIVE EN SANTÉ
Pour la première fois, CGI divulgue que le secteur de la santé lui procure 8 % de ses revenus et un carnet de commandes de 1,2 milliard.
Cette nouvelle transparence vise à donner de la notoriété à cette division, de façon à attirer des entreprises qui seraient intéressées à vendre leurs progiciels spécialisés ou à s'allier à un partenaire pour les développer», indique Scott Penner, de Valeurs mobilières TD,
«CGI sent que l'occasion est bonne pour faire progresser les revenus de cette division au-delà de la croissance de 28 % des trois dernières années, avec des produits dont elle aurait la propriété intellectuelle», ajoute-t-il. D.B.
113 %
Ratio qui compare les nouveaux contrats signés par rapport aux revenus facturés, depuis 12 mois. Au-dessus de 100 %, il indique que CGI remplace et fait croître ses revenus.