Pour atteindre des dizaines de milliers de donateurs individuels disséminés aux quatre coins de la planète, Campus Montréal a élaboré une stratégie Web s'inspirant de celle qui a contribué à l'élection historique de Barack Obama, en 2008.
Jugée révolutionnaire à l'époque, l'adresse barackobama.com a mobilisé 3 millions de donateurs individuels, qui ont fait 6,5 M de dons en ligne, totalisant 500 millions de dollars. La majorité des dons était inférieure à 100 $. La campagne a aussi généré 2 milliards de courriels transmis à 13 M d'adresses différentes.
Responsable de la campagne de financement de Campus Montréal, intitulée «Des talents. Une planète», John Parisella croit que ce genre de stratégie gagnante lui permettra de joindre les diplômés actuels et futurs de HEC Montréal, de Polytechnique et de l'Université de Montréal, de les fidéliser à leur alma mater et, au bout du compte, de les convaincre de donner.
M. Parisella a récemment chargé Bruno Guglielminetti, du Cabinet de relations publiques National, d'élaborer la stratégie Web de Campus Montréal. Ce dernier a ensuite eu recours à l'expertise de Blue State Digital, l'agence américaine qui a conçu le volet Web de la première campagne présidentielle de M. Obama. (Blue State Digital et National sont affiliées au même réseau publicitaire international.)
En entrevue à Les Affaires, M. Guglielminetti partage les leçons apprises chez Blue State Digital. «Les campagnes sur les réseaux sociaux servent à garder une campagne "vivante" après avoir frappé un coup médiatique fort, explique-t-il. Elles permettent de recueillir de petits dons, mais susceptibles de faire boule de neige, comme on l'a vu avec barackobama.com. C'est aussi dans les réseaux sociaux, poursuit-il, que la nouvelle génération de diplômés s'informe. Et c'est grâce aux réseaux sociaux qu'on peut joindre ces derniers, où qu'ils soient. Cela fait en sorte qu'ils conservent plus facilement des liens avec l'université (collègues d'études, professeurs ou calendrier des événements de l'université).
Diaspora étudiante
L'Université de Montréal et ses deux écoles affiliées comptent pas moins de 350 000 diplômés, dont une part grandissante vit à l'étranger, que ce soit des Québécois qui s'expatrient ou des étudiants étrangers qui retournent chez eux après leurs études. Ils seraient 10 %, selon les estimations de Campus Montréal.
«Je suis allé en Tunisie récemment. La moitié de l'équipe d'ingénieurs que j'ai rencontrés lors d'une visite d'entreprise étaient des diplômés de Poly. Ce sont ces gens-là que le Web me permettra de joindre», explique M. Guglielminetti.
Il voit déjà de nombreuses possibilités pour le Web : non seulement la création d'un site transactionnel, mais aussi de plusieurs lieux virtuels de réseautage, qu'il appelle des «grappes» bâties sur des segmentations différentes. Par exemple : le regroupement des étudiants de la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe, le regroupement des diplômés vivant à Hong Kong, etc.
«La technologie nous permettra de faire un bond en avant et à moindre coût», dit-il.
Campus Montréal est en avance sur l'UQAM, qui n'a pas encore de stratégie de sollicitation sur le Web. Mais l'organisme est loin derrière les universités de Toronto et de Colombie-Britannique, dont les sites Web invitent les donateurs potentiels à donner en moins de trois clics pour des projets particuliers dont l'information est bien documentée. La stratégie Web de Campus Montréal suivra aussi celle de McGill, démarrée il y a trois ans. Jusqu'à présent, 23 % des dons à McGill ont été faits en ligne. L'Université compte 7 000 amis sur Facebook, 17 000 connexions sur LinkedIn, et 2 700 personnes la suivent sur Twitter. Quant au site Web, il reçoit 7 500 clics mensuels.
