Bourse : des outils de simulation pour survivre à Wall Street

Publié le 17/08/2013 à 00:00

Bourse : des outils de simulation pour survivre à Wall Street

Publié le 17/08/2013 à 00:00

Pour les néophytes, le courtage en ligne peut s'apparenter à un mauvais film. Le genre de film qui dure 5 heures, dans lequel on parle en russe et qui est sous-titré en serbo-croate. Quelques sites conviviaux proposent d'en finir avec cette perception. Ceux-ci dispensent gratuitement de la théorie pour s'éduquer et des simulateurs pour s'exercer. Après tout, le pire qui puisse se produire, c'est que vous n'aimiez pas le film! Et vous pourriez même vous amuser, sans avoir à payer une entrée au cinéma.

Internet regorge de sites de courtage à escompte. Qtrade, E*Trade, Forex et compagnie ne sont que la pointe de l'iceberg. En outre, chacun de ces sites pratique un système de tarification qui lui est propre. Pis encore, plusieurs forums sur le Web abondent d'histoires qui ont mal tourné. Untel a perdu 8 000 $, tandis que l'autre n'a jamais reçu son chèque. Avérés ou pas, ces témoignages donnent froid dans le dos. «On est toujours étonnés de constater que bien des gens ne savent même pas comment faire leur budget !» dit Sylvain Théberge, porte-parole de l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Littératie financière

Avant de se lancer dans le courtage en ligne, le débutant a toute une série d'obstacles à surmonter, comme l'apprentissage du jargon boursier. «Bull market, bear market, IPO...», par exemple, sont des expressions propres à la Bourse.

Et si l'on en croit Sylvain Théberge, l'investisseur néophyte a intérêt à les connaître, car «il faut s'assurer de bien comprendre dans quoi on s'embarque». Même son de cloche du côté du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC). «Si on ne comprend pas le langage, le courtage en ligne peut se révéler dramatique, affirme Normand Caron, conseiller en formation. On ne s'improvise pas gestionnaire ; il vaut mieux commencer avec un courtier.»

Courtier ou pas, «les outils de simulation et les portefeuilles virtuels sont une excellente stratégie pour débuter, dit Normand Caron, mais il faut y aller progressivement, ça peut prendre quatre ou cinq ans avant de comprendre la mécanique».

Une passerelle vers le réel

Simon Rondeau-Larose fréquente le simulateur Investopedia.com pour le plaisir. De fil en aiguille, il se met à comparer ses portefeuilles virtuels. Six mois plus tard, à 21 ans, il ouvre un compte de courtage où il investit son propre argent. «Ce sont les sites de simulation qui m'ont tout appris», dit-il.

S'il utilise d'abord les simulateurs pour satisfaire sa curiosité et par intérêt pour la Bourse, le loisir s'est transformé en plan de carrière. «J'aspirais à autre chose que d'être caissier dans une banque», révèle celui qui travaille maintenant comme conseiller financier pour le Groupe Investors.

«Quand j'ai commencé à y investir mon propre argent, j'étais un peu nerveux. Mais je me dis que, si je me plante, j'aurai au moins appris quelque chose, et j'ai encore beaucoup à apprendre», précise Simon.

Plusieurs simulateurs boursiers sont offerts gratuitement sur le Web. Ils permettent de se familiariser avec un univers complexe ou de s'amuser, tout simplement. Le seul risque, c'est peut-être d'y prendre goût.

Voici quelques suggestions de simulateurs :

Hollywood Stock Exchange

HSX.com est tout indiqué pour faire ses premières armes dans l'échange de valeurs mobilières. Entièrement gratuite, la plateforme est conviviale et ludique (mais seulement disponible en anglais). Dès l'inscription, vous recevez deux millions en dollars de Hollywood (H$), soit une petite fortune.

Les actions sont liées à des acteurs hollywoodiens, à des films, ou encore, à des fonds communs de placement qui reprennent un genre cinématographique, par exemple le fonds des films d'animation. Le 12 août, l'action de Georges Clooney valait 55,39 H$, et celle d'Angelina Jolie, 72,47 H$.

Les plus audacieux peuvent se lancer dans l'achat de produits dérivés. Si les projections de recettes au guichet pour le premier week-end de la prochaine superproduction vous semblent surévaluées, vous pourriez parier sur un échec.

HSX.com reprend à son compte le langage boursier et les options de transaction. On peut acheter comptant, à découvert, vendre, donner des ordres, etc. Et plus un acteur est populaire, ou plus son dernier projet a engrangé des bénéfices, plus son prix grimpe. L'utilisateur y trouve rapidement son compte, alors que le site lui permet de se familiariser avec la Bourse.

Détenus par la firme de courtage Cantor Fitzgerald LP, les résultats des cours du Hollywood Stock Exchange se révèlent précieux. Ce que l'entreprise fait avec ces données relève du mystère. La firme est très discrète.

Ces informations constituent un formidable outil de prédiction pour les grands studios. Par l'intermédiaire du jeu, les utilisateurs participent sans le savoir à un gigantesque sondage où ils donnent leur opinion. Il s'agit là de crowd wisdom (sagesse des foules), une théorie selon laquelle un nombre suffisant d'individus tend à battre les prédictions. Par exemple, lors de la 82e cérémonie des Oscars, HSX.com avait prédit 88,6 % des gagnants.

Un site montréalais

Si le vedettariat hollywoodien vous intéresse plus ou moins, Wallstreetsurvivor.com est une option crédible. À l'instar de HSX.com, le site est convivial, mais cette fois, on y échange de vraies actions. N'en demeure pas moins que l'argent, lui, demeure virtuel. L'inscription procure 200 000 $ à l'usager, qui peut alors l'utiliser comme bon lui semble.

Wallstreetsurvivor s'appuie sur un modèle très réaliste. On peut y analyser le cours historique des actions, réaliser des profits, subir des pertes... Et comme la Bourse de New York, le marché ferme à 16 heures.

En plus de proposer un simulateur, la plateforme offre plusieurs cours qui permettent d'en apprendre un peu plus sur la Bourse. Par exemple, le cours What is short selling ? permet de se familiariser avec le concept de la vente à découvert. Lorsque vous avez réussi le cours, vous recevez une médaille, qui ira garnir votre collection.

Située à Montréal, l'entreprise offre un contenu en anglais uniquement. Néanmoins, force est de constater que, pour jouer à la Bourse, une connaissance de base de la langue de Shakespeare est nécessaire.

Le modèle d'entreprise est intéressant, la mission aussi : to spread financial literacy [répandre la littératie financière]. Gratuit, le site tire ses revenus de publicités publiées sur son site et de contrats, notamment avec des établissements scolaires.

LE DOMAINE DE LA FINANCE SE PRONONCE

«Ces outils sont une bonne chose pour apprendre à analyser», croit Guylaine Couture, présidente d'AVM Formation, une école spécialisée en enseignement sur les valeurs mobilières. «Toutefois, ces sites n'exposent qu'une partie du processus de transaction», précise-t-elle.

Pour Jean Soublière, président de la Fédération ACTIF, un mouvement d'éducation financière, «ce sont des sites intéressants, dans la mesure où ils permettent de sensibiliser les épargnants au marché boursier». Il ajoute cependant qu'il «ne s'agit pas là d'un apprentissage comportemental, parce qu'en raison de l'argent virtuel ils n'adopteraient pas le même comportement dans la vraie vie».

D'autres simulateurs en ligne

Bourstad.ca

Institué par le Collège de Rosemont et financé par l'AMF, Bourstad est un concours d'investissement virtuel. L'activité s'adresse aux élèves du secondaire et aux cégepiens, mais les particuliers peuvent aussi s'y inscrire. À la clé, plusieurs prix sont à gagner.

Simexchange.com

C'est le cousin de HSX.com, sauf que simexchange.com permet d'échanger des actions de jeux vidéo. Si le site est intéressant pour les amateurs du genre, Simexchange.com est beaucoup moins convivial.

TastemakerX.com

Permet d'acheter des albums musicaux avec la monnaie virtuelle Notes. Si le site s'éloigne des sites modélisés sur la Bourse, il permet à l'utilisateur de découvrir de nouveaux artistes. Et pour l'entreprise, c'est une excellente source de données, à l'image de HSX.com.

Légal ou non ?

Certains sites Web ressemblent à s'y méprendre à des sites de courtage traditionnels et permettent d'acheter des titres d'équipes sportives ou d'athlètes de haut niveau. Tant que c'est gratuit, aucun problème, mais dès que vous devez débourser de l'argent, «ça ressemble à un "jeu de hasard et d'argent" et ça, c'est illégal en vertu du Code criminel canadien», explique Marie-Claude Rivet, directrice adjointe aux relations de presse chez Loto-Québec. Soit un site de courtage est enregistré auprès de l'AMF, soit il est opéré par Loto-Québec ; sinon, il est illégal.

Attention, peut créer une dépendance

Gratuits ou pas, les sites de courtage en ligne peuvent entraîner une dépendance. «Les [investisseurs compulsifs] présentent beaucoup de similitudes avec les joueurs compulsifs, soutient Claude Boutin, psychologue et directeur des services professionnels à la Maison Jean Lapointe. On a encore très peu de cas de ce genre, mais c'est peut-être parce qu'ils ne savent pas qu'on peut les aider.»

UNE ABONDANCE D'APPLICATIONS MOBILES

Pour l'instant, Wallstreetsurvivor.com et HSX.com n'offrent pas d'applications à télécharger sur les téléphones intelligents ou tablettes. Une version mobile du site Internet Hollywood Stock Exchange est toutefois proposée. Mais l'absence d'application déplaît à plusieurs utilisateurs.

En attendant la révolution proposée par les amateurs de HSX.com pour parvenir à obtenir une application, on peut se tourner vers les outils qui existent déjà. L'iTrade Stock Market Simulator, par exemple, est offert gratuitement dans l'App Store d'Apple. Cité par CNN Money comme l'une des meilleures applications pour simuler des investissements, l'outil ne présente qu'un seul hic, le serveur est hors service depuis quelques mois.

À quand la révolution ?

George Clooney vaut 55,39 $ H*

Angelina Jolie vaut 72,47 $ H*

*En dollar Hollywood stock exchange

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