Le ralentissement économique frappe les entreprises québécoises de plein fouet, même si nous ne sommes pas encore officiellement en récession.

La liste des entreprises qui ont dévoilé une baisse de leurs bénéfices au plus récent trimestre s'est allongée depuis deux semaines.

Le voyagiste Transat A.T., par exemple, a vu ses bénéfices fondre de 87 % à son troisième trimestre. Il a remanié sa haute direction et a annoncé une nouvelle cure minceur.

La situation est particulièrement difficile chez les détaillants. Les bénéfices des magasins Le Château ont chuté de moitié au deuxième trimestre, tout comme son dividende, en raison d'un recul de 5 % des ventes des boutiques ouvertes depuis plus d'un an.

La chaîne Magasins Hart a quant à elle été forcée de se placer à l'abri de ses créanciers, tout comme le fabricant beauceron de portes et fenêtres GBO.

La conjoncture risque de se détériorer davantage. Le Canada pourrait en effet être le premier pays développé à retomber en récession, avancent les économistes de la Banque Scotia. L'économie canadienne s'est contractée de 0,4 % entre avril et juin, resserrement qui pourrait s'être reproduit entre juillet et septembre.

Robert Hogue, économiste principal à la Banque Royale, ne serait pas surpris d'observer une petite contraction de l'économie québécoise, entre avril et juin. Il fait passer de 3,1 à 1,7 % sa prévision de croissance réelle au Québec en 2011, en raison de la dégradation de l'économie dans les pays où le Québec exporte.

Les gestionnaires de portefeuille que nous avons sondés émettent des bémols quant aux résultats des entreprises québécoises.

"Il y a de nombreux facteurs spécifiques qui expliquent la faiblesse des résultats", disent Christian Cyr et Marc Lecavalier, de Natcan. Les détaillants québécois, par exemple, ont été touchés par le temps maussade du printemps. Pour sa part, Transat souffre au même titre que ses concurrentes en Europe du contexte qui prévaut dans cette industrie, note Christian Cyr. Il y a une surcapacité chronique chez les voyagistes, qui entraîne une guerre de prix.

"Avec les risques élevés d'une rechute en récession, il est normal que tout le monde soit inquiet. Heureusement, plusieurs entreprises québécoises disposent de bons bilans et génèrent encore d'abondantes liquidités", dit Sébastian Van Berkom, président de Van Berkom et Associés. Il se dit confiant qu'Alimentation Couche-Tard, Genivar, Quincaillerie Richelieu, Uni- Sélect et Vêtements de sport Gildan sauront traverser la nouvelle tempête.

Pour les entreprises dont le bilan est solide, le contexte actuel représente même une occasion de croissance, dit M. Lecavalier. Transforce, par exemple, a profité de la dernière récession pour accroître sa part de marché en réalisant des acquisitions.