C'est l'histoire de deux voisins, Sonaca Montréal et Mecachrome, soudainement devenus les meilleurs amis du monde.
Les deux entreprises sont spécialisées en aéronautique et sont établies à Mirabel, dans les Laurentides. Il y a quelques années, elles ont décidé de profiter de leurs forces respectives pour travailler ensemble et devenir beaucoup plus productives.
«Le concept est simple», résume Pierre Ayotte, vice-président et directeur général de Mecachrome. L'entreprise fabrique à Mirabel des boîtiers de trains d'atterrissage pour des appareils Airbus. «Il s'agit de commencer à penser que tes concurrents, ce ne sont pas les gens autour de chez toi. Au Québec, il n'y a pas si longtemps encore, on ne se parlait pas. On regardait de l'autre côté de la rue et on se disait : "Lui, il est en train de me voler de la business".
«La réalité, ce n'est pas ça. La réalité, c'est que notre business est en train de se faire voler par des pays émergents. Et ce n'est pas vraiment une question de vol. La compétitivité demande que nous soyons meilleurs que ce que nous sommes aujourd'hui. La façon de le faire, c'est tout simplement de prendre avantage des forces des gens autour de soi.»
La relation a débuté quand Sonaca, qui fabrique et assemble des ailes, a atteint la capacité maximale de ses imposantes machines à découper le métal. Mecachrome, qui détenait des machines similaires, est venue en renfort.
Le rapprochement a pris de l'ampleur quand Sonaca a investi 20 millions de dollars afin d'agrandir ses bassins d'acide pour le traitement des surfaces. Elle qui n'avait jamais offert ses services en sous-traitance se retrouvait avec un peu de capacité excédentaire et un voisin très intéressé à combler le vide.
Profitable de part et d'autre
Auparavant, Mecachrome devait expédier ses pièces de métal fraîchement taillées aussi loin qu'en Californie pour qu'elles soient traitées et peintes. De 4 500 kilomètres, le voyagement a été réduit à 14. Elles peuvent aussi être expédiées ensemble, sur des chariots conçus conjointement par les deux entreprises, plutôt que de devoir être emballées individuellement.
Finalement, le lien a été scellé quand Mecachrome a fait l'achat d'une nouvelle machine à découper ultraperformante installée chez elle, mais utilisée à 100 % par Sonaca. «En aéronautique, il y a des investissements qui sont très lourds à supporter, explique le chef de la direction de Sonaca Montréal, Philippe Hoste. Alors, plutôt que d'aller investir en double, chacun de notre côté, dans certains équipements, il valait mieux s'entendre sur un partenariat à long terme, de façon à ce que les investissements de l'un profitent à l'autre et vice-versa. Nous venions d'investir 20 M$ en quatre ans pour nos bassins, nos finances étaient un peu bloquées. Mecachrome avait l'espace et les capitaux.»
L'impact de cette relation se fait sentir de plusieurs façons dans les deux entreprises. «Notre stock est passé de 120 jours à 43 jours, ce qui a un grand effet sur nos liquidités et nous permet de soutenir notre croissance», illustre par exemple M. Ayotte.
Il a bien sûr fallu raboter quelques irritants au départ et convaincre les employés des deux entreprises de collaborer, mais le tout s'est bien déroulé, assure-t-il.
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