4 640 000 000 $ pour faire du bien

Publié le 13/04/2013 à 00:00, mis à jour le 11/04/2013 à 09:16

4 640 000 000 $ pour faire du bien

Publié le 13/04/2013 à 00:00, mis à jour le 11/04/2013 à 09:16

Les 14 435 oeuvres de bienfaisance du Québec disposent de 4,64 milliards de dollars pour soulager la misère et faire progresser la société. En supposant un rendement de 5 % sur ces placements, cela représente plus de 230 millions de dollars de revenus par année pour appuyer diverses causes. Voici un tableau inédit de quelque 250 oeuvres qui ont des placements supérieurs à 2 M$.

La 12e édition du Grand Bal des Vins-Coeurs organisé par la Fondation de l'Institut de Cardiologie l'automne dernier a permis de récolter la somme record de 2,3 M$.

«Nous sommes l'une des machines à recueillir des dons les mieux huilées du Québec», reconnaît Danielle Pagé, directrice générale. Ce succès n'est pas étonnant : les gens d'affaires, mieux nantis que la population en général, se sentent très concernés par les maladies du coeur.

Avec un trésor de guerre de 106 M$, la Fondation arrive au 3e rang du tableau des oeuvres de bienfaisance au Québec. Comment est utilisé cet argent ?

Les premiers 5 % de revenus de placement du fonds de dotation de la Fondation y retournent pour continuer à croître. Les 3 % de rendement supplémentaire sont consacrés à la recherche et au développement technologique. Si le rendement est supérieur, le surplus retourne dans le fonds de dotation.

En 2012-2013, la Fondation a réalisé un rendement de 6,18 %. Ce qui veut dire que 1,18 %, soit 739 620 $, devenait disponible pour un projet. La somme a été affectée à la construction du Centre de formation d'excellence en santé cardiovasculaire, qui commencera en 2015. Les 24 M$ que coûtera la réalisation de ce centre de formation continue pour les professionnels de l'Institut seront entièrement financés par la Fondation.

Ce projet est une exception, tient à préciser Mme Pagé, puisque les 3 % ne sont pas destinés à financer des projets d'infrastructures.

Mission : offrir des services

Malgré son nom, la Fondation de l'Institut de Cardiologie de Montréal est enregistrée comme une oeuvre de bienfaisance. Quelle différence cela fait-il ?

«La mission d'une oeuvre de bienfaisance est de donner des services, pas de recueillir des fonds. C'est pourquoi certaines d'entre elles ont choisi de créer une fondation publique à part pour récolter des fonds», affirme Jean-Nicholas Marziali, associé de BNP Stratégies, une firme spécialisée en gestion philanthropique.

D'autres préfèrent intégrer cette fonction, explique l'avocat. «C'est comme une entreprise qui choisit de regrouper certaines de ses activités dans une division ou une filiale.»

Préserver le trésor

Chez les oeuvres de bienfaisance, l'actif comprend la valeur des immeubles, des terrains, des équipements, etc. Des montants qui peuvent atteindre des sommes colossales, surtout pour les universités et leur vaste campus : 3,30 milliards de dollars pour l'Université McGill, 2,32 G$ pour l'Université de Montréal, 778 M$ pour l'Université de Sherbrooke.

Mais c'est un peu un cadeau de Grec. Avec des biens immobiliers de cette envergure viennent des frais d'entretien, de gestion et de fonctionnement faramineux. Ils atteignent près de 1 G$ pour McGill et l'UdeM.

L'actif n'est donc pas un bon indicateur des sommes dont les oeuvres de bienfaisance disposent pour faire «avancer leur cause», c'est-à-dire faire plus que remplir leur stricte mission de dispenser de la formation ou des soins.

«Si vous voulez avoir l'équivalent du fonds de dotation des fondations pour les oeuvres de bienfaisance, il faut regarder leurs placements à long terme, conseille Jean-Nicholas Marziali. Les placements à long terme, c'est la stabilité d'un organisme de bienfaisance.» Voilà pourquoi notre tableau vous présente les plus importantes oeuvres de bienfaisance en fonction de leurs placements à long terme. Ces organisations sont d'ailleurs tenues par la loi de verser chaque année au moins 3,5 % de ces placements.

L'Université McGill... et les autres

Avec des placements qui frisent le milliard de dollars, l'Université McGill domine le tableau. Ses seuls revenus d'intérêts et de placement ont atteint 51,6 M$ en 2012. Un signe de la longue tradition philanthropique des anglophones.

Au deuxième rang, l'Université de Montréal, la plus importante université francophone en Amérique du Nord, arrive loin derrière avec «seulement» 219,7 M$ de placement, même en ajoutant HEC Montréal et Polytechnique.

L'Université de Montréal mène actuellement une vaste campagne (Campus Montréal) avec l'objectif de recueillir 500 M$, dont 100 M$ iront à HEC Montréal, autant à l'École Polytechnique et 300 M$ à l'Université de Montréal. De ces 300 M$, environ 150 M$ s'ajouteront aux placements à long terme, alors que le reste sera consacré au futur pavillon des sciences, à Outremont.

Un cimetière qui rapporte

La présence de certains noms au tableau peut surprendre. C'est le cas de la Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Montréal. Avec des placements à long terme de 105,1 M$, cette oeuvre se classe quatrième. Les Québécois vont moins à la messe, mais les revenus de la Fabrique se sont tout de même chiffrés à 37,9 M$ l'an dernier, dont 16,5 M$ proviennent de la vente de biens et de services et 4,7 M$, de revenus d'intérêts et de placement. La plus importante source de revenus, explique Alain Maynard, son directeur des finances, provient des inhumations (ventes de concessions, cryptes, niches, etc.) au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, dont la Fabrique est propriétaire. Les baptêmes, les mariages et les frais d'entrée des touristes à la basilique Notre-Dame apportent les autres revenus à la Fabrique.

Les revenus vont principalement à l'entretien de la basilique Notre-Dame et du cimetière et en salaires du personnel. À lui seul, le cimetière emploie jusqu'à 200 personnes en haute saison. La Fabrique soutient aussi ses bonnes oeuvres, comme Jeunesse au Soleil, à qui elle a versé 328 213 $ en 2011, et la Guignolée des médias.

En 6e position dans notre tableau, le Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal n'a rien en apparence d'une oeuvre charitable. Et pourtant... En 1994, le Comité s'est enregistré comme une oeuvre de bienfaisance pour pouvoir remettre des reçus d'impôt aux gens qui lui faisaient des dons pour offrir le petit-déjeuner aux enfants dans les écoles. Elle a abandonné cette activité, parce que ça ne faisait pas partie de sa mission et que d'autres organismes ont pris la relève.

«Notre mission est de gérer la trésorerie des cinq commissions scolaires de l'île de Montréal, explique sa directrice générale, Sylvie Dorion. Nous voulons conserver notre statut d'oeuvre de bienfaisance au cas où nous voudrions de nouveau solliciter des dons, ce qui n'est pas dans nos plans pour l'instant.»

Cas particulier

À l'opposé, l'absence de Moisson Montréal, bien connue, a de quoi étonner. Il faut savoir que l'organisme n'a pas un sou de placé, ce qui explique qu'il ne figure pas dans notre liste.

Son directeur général estime que les chiffres officiels ne rendent pas justice à l'organisme. Seulement 5 M$ de revenus et autant de dépenses pour Moisson Montréal. «Or, nous distribuons pour 60 M$ de denrées par année. Ce sont des dons que nous recevons et que nous faisons, mais nous ne pouvons pas comptabiliser cette valeur, affirme Dany Michaud. Pourtant, nous employons 42 personnes à plein temps et nous gérons un entrepôt de 106 000 pieds carrés. Mais quand on regarde les chiffres, on dirait qu'on est un gros dépanneur.»

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