« La gestion des coopératives n'est pas assez enseignée » - Monique F. Leroux, présidente du Mouvement Desjardins

Publié le 06/10/2012 à 00:00

« La gestion des coopératives n'est pas assez enseignée » - Monique F. Leroux, présidente du Mouvement Desjardins

Publié le 06/10/2012 à 00:00

Alors que le Sommet international des coopératives se tient à Québec, les coopératives peuvent-elles se libérer de l'étiquette « sociale » qui leur est accolée ?

Il ne faut pas être contre la dimension sociale, et il est normal que les entreprises participent. Pour moi, il n'y a pas d'opposition entre créer un climat social positif et déclencher une dynamique économique contributive. Par exemple, chez Desjardins, par l'intermédiaire des caisses, on amène des gens qui ne sont pas des spécialistes à comprendre l'économie et les finances. Ce n'est pas rien. Il y a dans le monde plus de 750000 coopératives, réparties dans plus de 100 pays. Elles ont un milliard de membres et créent 100 millions d'emplois, sans compter les dirigeants élus. Ça en fait, du monde ! Les coopératives sont un puissant outil de développement économique, et l'objectif du sommet est de mettre ça en valeur.

Pourquoi le rôle économique des coopératives est-il occulté ?

D'une part, la gestion des coopératives n'est pas assez enseignée dans les écoles de gestion partout sur la planète. Les coopératives, ce n'est pas qu'un mouvement social. Desjardins a 45000 employés et un chiffre d'affaires de 10 milliards de dollars. La gestion des coopératives comporte une complexité qui n'est pas enseignée à l'université. Le modèle n'est pas assez bien connu. On a d'ailleurs invité beaucoup d'universitaires au Sommet international des coopératives. D'autre part, les coopératives n'ont pas d'actions cotées en Bourse et, pour cette raison, les médias d'affaires dans le monde s'y intéressent peu. Et puis, la nature des coopératives fait qu'elles travaillent près de leurs membres et de leur communauté, et elles sont humbles dans leurs approches. On veut mettre en valeur les dimensions sociale, économique et humaine des coopératives. Leurs dirigeants doivent mener plus d'actions concertées pour promouvoir leur modèle ; c'est un des objectifs du Sommet.

Quelles retombées souhaitez-vous du Sommet ?

Mon rêve est de faire du Québec un centre d'excellence et d'expertise en coopératives sur la planète. Est-ce que le Québec ne pourrait pas devenir un centre de développement et de création ? On vit à l'ère de la mondialisation, ce qu'on peut voir comme une menace ou une occasion. Comme organisation, je pense qu'il faut développer une niche de contribution, et celle-ci me fait rêver. Desjardins figure parmi les 10 plus grandes coopératives du monde. Il y aura en outre, pendant le Sommet, beaucoup de rencontres sectorielles internationales, et on peut s'attendre à ce qu'elles suscitent des collaborations. En s'associant à des partenaires ailleurs, les coopératives, qui ont des racines locales fortes, peuvent gagner une pertinence plus globale.

CV

Nom : Monique F. Leroux

Titre : Présidente et chef de la direction du Mouvement Desjardins

Âge : 58 ans

Expérience : Postes de haute direction notamment chez Québecor, à la Banque Royale du Canada et chez Ernst & Young

Distinctions : Doctorats honoris causa de cinq universités québécoises et canadiennes

2000

Nombre de participants attendus au Centre des congrès de Québec pour le Sommet international des coopératives, du 8 au 11 octobre. Desjardins et l'Alliance coopérative internationale en sont les hôtes.

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