« L'inaction n'est pas une option »

Publié le 29/09/2012 à 00:00

« L'inaction n'est pas une option »

Publié le 29/09/2012 à 00:00

LA QUESTION

Ai-je raison de penser que, parfois, la meilleure chose à faire est de ne rien faire ?

LA RÉPONSE DE NOTRE EXPERTE

« Permettez-moi de vous relater un fait vécu qui a fait grand bruit dans le Bas-Saint-Laurent.

En 2011, le maire d'une petite municipalité de cette région administrative, désireux d'encourager son développement économique, embauche un spécialiste reconnu dans le domaine. Mais voilà qu'au bout de quelques mois, on surprend le spécialiste en question en train de se masturber en regardant des films pornos sur son ordinateur. L'ordinateur de la municipalité, en fait. En moins de deux, tous les habitants de la municipalité et ceux de la région sont au courant. À cause de la nature choquante du geste, l'histoire se répand comme une traînée de poudre. Toutefois, peu de gens semblent prendre en compte la gravité du geste, ou plutôt l'absence de gravité du geste. En fait, du point de vue de l'éthique professionnelle, il aurait été aussi « grave » de surprendre le monsieur en train de dormir au travail, mais l'affaire aurait sans doute pris une tournure moins médiatique. D'autant plus qu'il avait la réputation de faire du très bon travail.

Le problème, dans tout ça, est le silence du patron du spécialiste, c'est-à-dire le maire de la municipalité. Sans doute mal à l'aise par rapport à cette affaire, il a préféré déclarer forfait.

Or, qui ne dit mot consent ! La conduite du spécialiste en développement économique ne méritait sans doute pas qu'il soit congédié, mais certainement qu'il soit réprimandé et qu'une mesure disciplinaire soit prise à son endroit. Le maire aurait dû rencontrer son employé, lui indiquer sa faute d'avoir utilisé le matériel et les locaux de son employeur d'une façon non respectueuse, lui imposer les mesures disciplinaires adéquates et informer la population qu'il avait le contrôle total de la situation.

Non seulement son inaction a-t-elle fait mal paraître le maire, mais elle a contribué à donner à cet événement une ampleur sans commune mesure avec la gravité du geste. Le spécialiste a fini par remettre sa démission, et on peut imaginer ce que sa famille a vécu. La population a perdu un employé très compétent, et le maire n'en est pas sorti grandi, c'est le moins qu'on puisse dire. Tout le monde est perdant !

Par paresse ou par lâcheté, bien des dirigeants d'entreprise abdiquent leurs responsabilités dans ce genre de situation. Parce qu'ils sont mal à l'aise avec l'aspect humain de leur travail de gestionnaire ou parce que congédier une personne et en embaucher une autre leur donne du boulot additionnel. J'ai rencontré plusieurs dirigeants dans ma carrière qui se vantaient de ne jamais avoir congédié un employé, alors qu'ils auraient peut-être dû le faire. Il faut comprendre que, dans ce genre de situation, un dirigeant ne peut pas s'en laver les mains. S'il n'intervient pas, il endosse ! C'est en tous cas ce que comprendra son entourage. »

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