" Il faut réduire de 80 % nos émissions polluantes d'ici 2020 "

Publié le 21/11/2009 à 00:00

" Il faut réduire de 80 % nos émissions polluantes d'ici 2020 "

Publié le 21/11/2009 à 00:00

Présenté par le Washington Post comme " l'un des penseurs les plus influents au monde ", l'agroéconomiste et l'analyste environnemental américain Lester R. Brown est à la fois respecté dans les milieux écologistes et économiques pour ses analyses pionnières en matière de développement durable.

Auteur et coauteur d'une cinquantaine d'ouvrages, dont le fameux Le plan B : Pour un pacte écologique mondial, Lester R. Brown suit de près les négociations internationales qui tentent de conclure la phase 2 du protocole de Kyoto (pour la période 2012-2020), actuellement dans l'impasse.

Nous l'avons interviewé pour avoir son opinion sur les défis auxquels font face les gouvernements et les entreprises pour arriver à réduire de manière importante leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et limiter le dérèglement du climat.

Les Affaires - Êtes-vous confiant qu'un nouvel accord global sur la réduction des GES sera conclu lors de la conférence de Copenhague sur les changements climatiques, qui se déroulera du 7 au 18 décembre?

Lester R. Brown - Je ne suis pas vraiment optimiste, non seulement pour cette conférence mais également face à ce que nous devrions vraiment faire pour sauver la planète. Ces négociations internationales sont désuètes, mais on ne l'a pas encore réalisé. Premièrement, parce que ces accords fixent toujours des objectifs minimums. Deuxièmement, parce qu'on met beaucoup de temps à les conclure et à les ratifier dans chacun des pays. Or, nous ne disposons pas de ce temps : il faut agir vite pour réduire les émissions, et la meilleure façon de le faire, c'est de façon unilatérale.

L.A. - Mais comment être certain que tous les pays réduiront sufisamment leurs émissions pour éviter des bouleversements climatiques ?

L.R.B. - Prenez le protocole de Kyoto : peu de pays l'ont implanté et cela n'a pas empêché les émissions de GES d'augmenter encore. Une entente globale ne garantit rien. Ce sera plus efficace si les pays bougent par eux-mêmes. Prenez les États-Unis. De 2007 à 2009, les émissions y ont reculé de 9 %. Bien entendu, la récession y est pour quelque chose, mais ce résultat indique aussi qu'il se passe quelque chose sur le terrain. Par exemple, depuis deux ans, 1 900 éoliennes ont été installées au pays, une puissance de 15 000 mégawatts (MW) ou l'équivalent de 15 centrales au charbon.

En février, le président Obama a aussi annoncé une mesure qui fera en sorte qu'en 2016, les nouvelles voitures devront consommer 42 % moins d'énergie; 25 % dans le cas des camions légers, y compris les VUS (véhicules utilitaires sports). Même si elle n'a pas l'obligation de réduire ses émissions de GES, la Chine pose des gestes, notamment avec un projet de mégaparc éolien de 100 000 MW. Les Chinois comprennent que la protection de l'environnement est un enjeu important.

L.A. - Que doivent vraiment faire les gouvernements ?

L.R.B. - Pas ce qui est politiquement populaire, mais ce qui doit être fait sur le plan scientifique. Par exemple, il ne faut pas réduire de 80 % les émissions de GES d'ici 2050, mais de 80 % d'ici 2020. Et même là, il n'y a pas de certitude que nous pourrons empêcher les bouleversements climatiques.

L.A. - C'est une cible très ambiteuse. Comment les gouvernements et les entreprises peuvent-ils y arriver ?

L.R.B. - En augmentant l'efficacité énergétique des véhicules et des bâtiments et en développant massivement les énergies renoulevables. Les États doivent aussi faire leur part. Aux États-Unis, le gouvernement américain, qui gère 500 000 bâtiments et une importante flotte de véhicules, réduira ses propres émissions, ce qui aura un impact.

L.A. - Comment les entreprises peuvent-elles réduire de 80 % leurs émissions en 10 ans ?

L.R.B. - En améliorant l'efficacité de leurs bâtiments, qui consomment 40 % de l'énergie produite aux États-Unis. Si les immeubles étaient alimentés à partir d'énergies vertes, ils seraient carboneutres. Même chose dans le transport : si nous prenions le virage des véhicules électriques, nous pourrions réduire de manière importante les émissions de GES.

francois.normand@transcontinental.ca

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