Intel réfute les allégations de la FTC. Photo: Bloomberg

Après la Commission européenne, c’est au tour de la Federal Trade Commission (FTC) américaine de poursuivre le numéro un mondial des microprocesseurs, Intel, pour avoir abusé de sa position dominante.

Le Bureau de la concurrence de la FTC soutient qu’Intel a utilisé des stratagèmes anticoncurrentiels au détriment de ses compétiteurs afin d’asseoir sa position dominante sur le marché des microprocesseurs depuis plus d’une décennie.

Dans sa plainte, la FTC allègue qu’Intel a mis de l’avant une campagne systématique pour empêcher ses rivales d’avoir un accès libre au marché. Ce faisant, Intel a privé les consommateurs d’innovations conçues par ses compétiteurs du côté des microprocesseurs, ces puces de petite taille qui agissent comme le «cerveau» des ordinateurs personnels.

La FTC soutient qu’Intel a notamment mené une campagne de menaces et de récompenses auprès des plus importants fabricants d’ordinateurs personnels dans le monde, dont Hewlett-Packard, Dell et IBM, pour les forcer à ne pas acheter de microprocesseurs conçus par ses rivales.

«Le monopole d’Intel a privé les consommateurs d’autres produits d’une qualité potentiellement supérieure et vendus à moindre coûts», allègue la plainte.

De plus, Intel aurait secrètement modifié les paramètres d’un logiciel clé, connu sous le nom de compilateur, afin de pénaliser délibérément la performance des produits conçus par ses compétiteurs. Un compilateur est un logiciel qui permet de transformer des programmes écrits en instructions directement compréhensibles par le microprocesseur.

Intel aurait donc lancé une campagne affirmant que divers logiciels performaient mieux lorsqu’ils fonctionnaient en association avec ses microprocesseurs. Dans les faits, les différences provenaient en grande partie de la modification des paramètres du compilateur.

La FTC soutient que les tactiques d’Intel ont surtout nui à sa rivale Advanced Micro Devices (AMD), numéro deux mondial.

La Federal Trade Commission ajoute qu’Intel a adopté des tactiques similaires du côté des cartes graphiques, surtout utilisés pour les jeux vidéo et certains logiciels professionnels.

La FTC n’est pas la première à déposer des accusations contre Intel. En mai dernier, la Commission européenne a condamné la société à une amende de 1,06 milliard d’euros pour avoir abusé de sa position dominante. En novembre, le procureur général de l’État de New York, Andrew Cuomo, a également déposé une poursuite contre Intel pour les mêmes raisons.

Le titre d’Intel reculait de 25 cents (1,8%) à 19,44 dollars américains au Nasdaq vers 11h00, tandis que celui d’AMD grimpait de 45 cents (5,09%) à 9,27 dollars américains à la Bourse de New York. L’action du numéro un mondial des cartes graphiques NVidia profitait également de l’annonce et bondissait de 1,07 dollar (6,84%) à 16,72 dollars américains au Nasdaq.

La réplique d’Intel

Dans un communiqué, Intel a répliqué au dépôt de la poursuite de la FTC en affirmant qu’elle rivalisait «impartialement et dans le respect des lois». La société soutient que ses actions ont bénéficié aux consommateurs: «Le marché très compétitif des microprocesseurs, dont Intel est une partie importante, a stimulé l’innovation et les baisses de prix à un rythme plus rapide que dans n’importe quelle autre industrie».

Intel estime que la plainte de la FTC repose sur des éléments ajoutés «à la dernière minute» et sur lesquels l’organisme n’a pas enquêté. L’entreprise ajoute que le recours n’est pas basé sur des lois existantes, mais tente d’établir de nouvelles règles qui pourraient nuire aux consommateurs en décourageant l’innovation et en entraînant des hausses de prix.