Margaret Johnson, conseillère spécialisée dans les questions de crédit et d'endettement, à Vancouver, a observé une augmentation de sa clientèle. Plusieurs de ses clients ont perdu récemment leur emploi, et beaucoup sont des femmes aux prises avec un divorce, qui s'efforcent de garder le contrôle de leur situation financière.

D'autres songent à prendre une deuxième hypothèque, mais découvrent que l'institution prêteuse est réticente. La conseillère a aussi reçu plusieurs demandes d'information de travailleurs de l'automobile, qui craignent de se retrouver sous peu au chômage.

L'endettement crée un stress qui pèse sur les couples et sur les enfants. On voit de plus en plus de gens qui ont du mal à communiquer, à cause de leurs dettes et du stress que cela engendre, observe Mme Johnson. Pourtant, le seul fait d'avoir un entretien avec un spécialiste attitré des questions de dette, capable de fournir des conseils au sujet du budget, des faillites, des hypothèques, peut soulager l'anxiété, selon elle.

Au moins deux récents meurtres-suicides présumés, dont l'un s'est produit la semaine dernière au Québec, seraient reliés à des difficultés financières. Au Saguenay, une mère de famille impliquée dans un pacte de suicide vient d'être accusée du meurtre prémédité de ses trois enfants et d'avoir aidé son mari à s'enlever la vie.

Cathie Gauthier-Lachance et son mari Marc Laliberté faisaient face à des problèmes financiers, semble-t-il, et étaient tous deux sans emploi.

En novembre dernier, un travailleur à la retraite d'IBM a tué sa femme et ses deux enfants adultes à Toronto avant de s'enlever la vie. La famille venait de prendre une hypothèque sur sa maison et des questions circulaient au sujet de sa solvabilité et du rôle que cela pourrait avoir joué dans la tragédie.

De tels exemples sont "extrêmes", juge Alexandra Keay, de l'Association canadienne pour la santé mentale.

En revanche, certaines personnes affrontent leur stress financier en consommant de la drogue ou de l'alcool, ou réduisent les dépenses en annulant leur carte de membre d'un centre d'entraînement, ou en optant pour des aliments moins "santé" et moins coûteux.

Selon elle, le climat actuel est favorable aux crises personnelles et aux difficultés conjugales, à l'apparition de dépressions, d'anxiété et de suicides. Il est important, suggère-t-elle de favoriser la communication, de demander de l'aide, d'aller chercher le soutien de sa famille, de ses amis, des collègues de travail. Il faut aussi continuer à bien s'alimenter et à faire de l'exercice pour éviter la dépression, recommande-t-elle.