Le nuage n'est pas un remède miracle


Édition du 14 Décembre 2013

Le nuage n'est pas un remède miracle


Édition du 14 Décembre 2013

Par Denis Lalonde

Quoi mettre dans le nuage ?

Cascades a fait le choix de bâtir deux centres de données pour la société avant de migrer certains services informatiques dans le nuage. «Ce que je dis à mon monde, c'est que l'entreprise produit du carton, du papier et du mobilier urbain en plastique. Le coeur de nos activités est loin de l'informatique, explique Dominic Doré, vice-président aux technologies de l'information. C'est sur ce plan que le questionnement doit se faire. Pour le courriel ou les logiciels de bureautique, c'est 30 % moins cher dans le nuage. Autre avantage, je n'ai plus à acheter de l'équipement et des disques durs pour supporter ces services. De plus, le personnel qui devait soutenir les services TI peut à présent effectuer des tâches beaucoup plus rentables pour la société», dit-il.

«Chez nous, on ne parlera pas de nuage si ça ne répond pas à un besoin de flexibilité, explique Michel Joncas, vice-président aux technologies de l'information du Groupe Dynamite. Par exemple, nous utilisons l'informatique en nuage pour les feuilles de temps des employés et la gestion des horaires. Pourquoi ? Parce que nous avons de 3 000 à 7 000 employés selon les périodes de l'année. Est-ce qu'il faudrait que je monte une infrastructure pour supporter 7 000 accès toute l'année quand j'en ai besoin pendant seulement deux mois ? Dans ce cas, je veux un contrat avec un montant fixe par employé et je peux moduler mes besoins à volonté.»

Conformité et sécurité

Les entreprises qui optent pour l'informatique en nuage doivent s'assurer que les fournisseurs pourront se conformer à certaines normes de sécurité pour protéger leurs données sensibles.

À la Société Radio-Canada, l'entreprise a obtenu l'accord de ses avocats pour héberger ses données chez n'importe quel fournisseur dont les infrastructures sont conformes aux principes Safe Harbor, un cadre juridique qui permet le transfert de données personnelles entre les États-Unis et certains pays d'Europe. «Nos données sont moins sensibles que si nous étions en médecine ou dans les services financier. Le fournisseur nous apportait toutes les réponses nécessaires pour qu'on soit confortable avec le fait que les données allaient être entreposées aux États-Unis. En ayant la sécurité et les contrôles en place, il n'y avait pas de raison de ne pas aller de l'avant avec le nuage. Notre risque d'avoir des données à l'extérieur du Canada était moindre que celui de tout conserver dans nos centres de données», explique France Bigras, directrice générale des technologies de l'information de la société.

Pour d'autres entreprises, comme l'Industrielle Alliance, conserver les données dans le cadre réglementaire canadien est très important. «Nous étions sur le point de signer une entente avec un fournisseur dont le centre de données est situé au Canada, jusqu'à ce que nous nous apercevions que la relève du centre se faisait aux États-Unis avec une synchronisation continue entre les deux sites. Il ne faut rien laisser au hasard», affirme Pascal Lavoie.

Les inconvénients de l'informatique en nuage

L'informatique en nuage ne comporte pas que des avantages. Dans le monde de la finance, certaines entreprises ont vu leurs coûts informatiques augmenter considérablement après avoir migré certains services dans le nuage, soutient Chadi Habib, vice-président technologies, exploitation et infrastructures chez Desjardins. «Nous regardons beaucoup les environnements de développement. Avec l'informatique en nuage, il est possible de mettre un environnement de développement en place en 20 minutes, alors qu'il faut de deux à six semaines pour arriver aux mêmes résultats avec l'informatique traditionnelle. C'est un gros avantage lorsque vient le moment de raccourcir les délais de mise sur le marché [time to market]. Par contre, l'envers de la médaille, c'est qu'il devient très facile de consommer ce service. Avec des équipes comptant parfois quelques milliers de développeurs, les risques de débordements sont bien présents. Il faut constamment s'assurer d'avoir un portrait global de la situation», dit-il.

Les entreprises qui ont des services dans le nuage peuvent aussi sentir le besoin de revenir à un mode de gestion des TI plus traditionnel. Pour y parvenir, elles doivent être bien préparées.

«Nous allons vivre cette expérience prochainement. On est avec Salesforce en ce moment et on est en train de changer nos systèmes administratifs, explique Normand Porlier, vice-président technologies de l'information chez Richter. Nous allons installer un progiciel de gestion intégré (PGI) et y migrer toutes nos données. Nous avons comparé un PGI en nuage et un autre traditionnel. Il s'est avéré que l'option la plus coûteuse était celle qui utilisait l'informatique en nuage. Je ne vois donc aucun avantage à utiliser cette technologie. De plus, nous allons bâtir notre infrastructure autour du PGI. Dans le nuage, il faut à tout prix éviter de personnaliser les solutions car, à ce moment, nous devenons prisonniers du service et il devient très difficile d'en sortir. Si nous ne pouvons pas travailler avec les versions de base des solutions, nous préférons rester avec nos infrastructures maison.»

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