Pouvez-vous imaginer une conférence pendant laquelle la plupart des participants se trouvent à l'extérieur de la salle tout en interagissant en temps réel avec le conférencier qui occupe la scène ?
C'est ce qui s'est passé lors de la journée du commerce électronique organisée en mai 2009 pour les étudiants d'Harold Boeck, professeur au Département de marketing de l'Université de Sherbooke et responsable du programme de Gestion du commerce électronique. M. Boeck utilise Twitter dans certaines de ses activités.
" Tout l'auditoire pouvait utiliser Twitter pour faire part de commentaires, de questions, pour publier des résumés de la présentation ou des images. On écoutait la conférence et on pouvait avoir, en direct, la réaction des autres participants. Certains conférenciers lisaient même les commentaires en temps réel. " L'objectif du l'universitaire ? Partager le contenu des conférences avec ses anciens étudiants et avec les mordus de commerce électronique. Résultat ? " Il y avait plus de gens à l'extérieur que dans la salle ! "
Un outil puissant
Aujourd'hui, le Web est en train de passer du mode passif au mode actif, constate Robert Marleau, conseiller senior et responsable du développement technologique en formation au Groupe Conseil CFC. Une demande sur Twitter, et vous recevez des dizaines de réponses en quelques minutes ! " Nous sommes passés de la formation formelle à la formation informelle. Les apprentissages sortent de la salle de classe et peuvent aussi bien venir d'un collègue qui travaille depuis trois ans sur une machine dont nous devons maîtriser le fonctionnement. Si nous apprenons à utiliser cette information, à gérer ce réseau, cela peut devenir un outil de formation extrêmement puissant ! "
Pour prendre le pas sur cette nouvelle réalité, le Groupe CFC travaille sur un nouveau programme qui combine formation en ligne, exercices pratiques en entreprise, coaching, carnets Web et forums de discussion. " La valeur ajoutée par rapport au e-learning traditionnel vient de l'encadrement des participants. D'une part, ils bénéfécieront du soutien personnalisé du formateur, en plus de faire partie d'une communauté d'apprentissage sur le Net ", soutient M. Marleau.
Disponible dès mars 2010, le programme de six modules à terminer en quatre mois sera offert aux gestionnaires. Au menu, les compétences de base en gestion, comme la planification, l'organisation, la formulation du style de leadership ou l'apprentissage des façons de donner de la rétroaction. " En plus du coaching, les participants devront aussi tenir un carnet Web qui deviendra le journal de bord de leurs apprentissages et participer à des forums de discussion. C'est une façon de partager leur expérience avec les autres et d'enrichir leur cheminement ", ajoute-t-il. Et pour boucler la boucle, chacun d'entre eux devra signer une entente avec son supérieur afin de décider comment ils transféreront leurs apprentissages au quotidien, comment ils établiront des objectifs, etc.
Pour briser l'isolement
C'est dans le même esprit que Cégep@distance lancait, l'automne dernier, l'environnement social d'apprentissage Osmose, un projet-pilote développé avec l'Université de Montréal, qui permettra de vérifier si l'utilisation des nouvelles technologies aura un effet bénéfique sur la réussite. L'organisation le souhaite, car l'isolement est une des causes principales d'abandon de la formation à distance. " Tout est mis en oeuvre pour que les étudiants d'un même cours puissent discuter entre eux et être en contact avec leur professeur. En s'inscrivant, ils ont accès à une panoplie d'outils, comme des forums de discussion, des salles de clavardage, un système de visioconférences, la publication de carnets Web, et même un réseau social sur le modèle de Facebook ", dit Pauline Proulx, directrice adjointe.
Pour tester sa nouvelle plateforme, l'institution a choisi trois cours, soit Communication anglaise, Vision globale de l'entreprise et Littérature québécoise. " Les étudiants peuvent choisir de suivre leur cours selon le mode traditionnel ou de s'inscrire à Osmose ", dit pour sa part Françoise Marceau, une des responsables du projet. Jusqu'à maintenant, une quarantaine d'élèves ont répondu présents. " Si le projet nous permet de constater que les étudiants terminent leurs cours en plus grand nombre, nous pourrions l'étendre à plus de matières ", ajoute la responsable.
