Jeu vidéo : l'Ontario écrase le Québec avec une opération séduction trompeuse

Publié le 17/08/2010 à 11:41

Jeu vidéo : l'Ontario écrase le Québec avec une opération séduction trompeuse

Publié le 17/08/2010 à 11:41

Par Alain McKenna

Blogue. Troisième plus important producteur de jeux vidéo au monde, le tout-Canada est présent au Game Developers Conference de Cologne (GDC Europe), cette semaine. C'est ce que l'Ontario aimerait faire croire à l'industrie du jeu vidéo, elle qui tente d'écraser le Québec et la Colombie-Britannique via une opération séduction trompeuse invitant les entreprises de ce secteur à s'installer sur son territoire.

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Des représentants de l'Ontario Technology Corridor, un regroupement de localités comprenant la région métropolitaine de Toronto, d'Ottawa, de Waterloo, de London et de Niagara, sont à Cologne afin de vanter la récente création du Communitech Hub, un incubateur technologique destiné aux startups des médias numériques et du secteur mobile, assorti d'un budget de 100 millions de dollars, et situé à Kitchener.

Selon eux, « l'Ontario est le meilleur endroit en Amérique du Nord où agrandir ou déménager une entreprise » spécialisée dans le jeu vidéo en particulier et du divertissement interactif en général.

Il suffit de lire les articles publiés ce matin à ce sujet afin de voir comment les porte-parole ontariens essaient de s'attribuer le crédit de la position avantageuse du Canada dans ce créneau.

Techvibes titre « L'investissement intensif en Ontario place le Canada devant la G-B au troisième rang des communautés de développement de jeux vidéo ». Aux États-Unis, MSNBC explique que « l'Ontario mène la charge pour permettre au Canada de dépasser la G-B», et ainsi de suite.

C'est un syllogisme plus que trompeur, opération charme ou pas. Voici pourquoi.

Les statistiques avancées par l'Ontario sont impressionnantes : le secteur ontarien du divertissement et de la créativité représente des revenus annuels de plus de 15 milliards de dollars, comprend des entreprises comme Pixar, Electronic Arts, Walt Disney et Microsoft, et emploie plus de 200 000 personnes.

Des chiffres qui cachent une réalité tout autre : l'industrie canadienne du divertissement numérique compte tout au plus 20 000 professionnels, essentiellement répartis entre la Colombie-Britannique et le Québec. L'Alliance numérique estime à 7000 le nombre de personnes oeuvrant dans le jeu vidéo au Québec, et à moins de 1000 en Ontario (plusieurs étant essentiellement déplacées de Vancouver vers Toronto, en plus).

Ce que l'Ontario Technology Corridor fait, c'est compiler les statistiques des industries des médias et des technologies de l'information. Mis ensemble, ces secteurs comptent pour 150 000 professionnels au Québec.

Dans le jeu vidéo, si l'Ontario mène la charge, c'est le Québec qui récolte. Il suffit de comparer les annonces faites au Québec et en Ontario, à départager l'investissement public de l'investissement privé, et le nombre total d'emplois créés dans les deux provinces depuis un an, pour le constater.

De son côté, l'industrie québécoise se concentre sur le développement local d'un talent de pointe plus rare à l'échelle mondiale. Les manœuvres ontariennes ne dérangent pas l'Alliance numérique, qui rappelle que cette guerre de chiffres entre l'Ontario et les autres provinces a toujours existé.

Il faudra voir si des entreprises présentes au GDC Europe mordront à cet appât.

 

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