Louis Cloutier aime bien trop le monde pour se retirer à sa ferme. À 79 ans, le fondateur de Thermo 2000 adore les contacts sociaux qu'offre le métier d'entrepreneur.
« Ma femme n'aime pas sortir avec moi parce que je me fais aborder à tout bout de champ sur la rue par des gens qui me connaissent. » Dixième d'une famille de 18 enfants, Louis Cloutier a été habitué très jeune à vivre en société. Cela explique sans doute pourquoi vendre son entreprise pour se retirer à sa ferme n'est même pas une option pour l'homme d'affaires de Richmond, en Estrie.
Jeune de cœur
Louis Cloutier aura 80 ans en février prochain, mais il en paraît facilement 10 de moins. Il est toujours président de Thermo 2000, un fabricant de chauffe-eau qu'il a fondé en 1972. Ces chauffe-eau brevetés engendrent des économies d'énergie pouvant atteindre 30 %. Son fils, Pierre-Yves, s'occupe du développement des affaires aux États-Unis.
« Je suis en bonne santé, je me sens encore jeune, et qu'est-ce que je ferais de l'argent que j'obtiendrais en vendant mon entreprise ? » demande M. Cloutier. « C'est bien parce que vous m'en parlez, parce que moi, je ne pense jamais au fait que j'ai 79 ans. » Et il ajoute : « C'est agréable d'avoir assez d'argent pour mener une vie confortable, mais en avoir plus que ça, c'est inutile. » M. Cloutier, qui traîne toujours avec lui un appareil photo numérique qui lui sert d'album de photos, pourrait se contenter de s'occuper de sa ferme de 300 acres en culture. « Chaque fin de semaine, nous recevons de 15 à 30 visiteurs, des parents et des amis. Que voulez-vous, quand on a grandi avec 11 frères et 6 sœurs, on a besoin de monde autour de soi pour se sentir bien. »
Un homme d'action
Patenteux dans l'âme, Louis Cloutier dit trouver encore une grande satisfaction à chercher des façons d'améliorer ses chauffe-eau pour les rendre plus écologiques et plus efficaces. « C'est plus excitant que de rester chez moi à attendre de me faire piquer par les moustiques », dit-il. L'homme d'affaires tire aussi beaucoup de satisfaction de ses actions sociales. Principalement la transformation du couvent des sœurs de la Congrégation Notre-Dame. « Mes deux belles-sœurs, ma nièce et moi avons acheté le couvent, puis nous avons formé une organisation sans but lucratif pour le rénover et en faire le Centre d'art de Richmond. Les gouvernements, la communauté et nous quatre avons consacré 3 millions de dollars à ce projet. »
Aux côtés de J.-A. Bombardier
M. Cloutier, qui a voyagé dans de nombreux pays, se souvient avec bonheur d'avoir travaillé, au début des années 1950, avec Joseph-Armand Bombardier à aménager le lac Brompton, qui appartenait à l'inventeur de la motoneige. « Ça m'a vraiment allumé de travailler avec lui; il prenait des risques que personne d'autre n'aurait pris. »
Il a par la suite été cantonnier (entretien des routes) pour son père, mécanicien, laitier, il a vendu des manteaux de fourrure et été marchand de meubles et propriétaire d'immeubles locatifs. En 1980, il a vendu son magasin de meubles de Richmond et conservé Thermo 2000, qui emploie entre 30 et 40 personnes. Il en est toujours l'unique actionnaire.
