Le monde de Christian Lacasse

Publié le 20/10/2008 à 18:46

Le monde de Christian Lacasse

Publié le 20/10/2008 à 18:46

Par lesaffaires.com

Après avoir passé huit ans à la vice-présidence de l'Union des producteurs agricoles (UPA), Christian Lacasse est maintenant président de ce syndicat, qui représente 44 000 producteurs agricoles du Québec.


"Le postulat du rapport Pronovost ne tient pas la route. Comment voulez-vous que les solutions qu'il propose soient adéquates ? "

Après avoir passé huit ans à la vice-présidence de l'Union des producteurs agricoles (UPA), il est maintenant président de ce syndicat, qui représente 44 000 producteurs agricoles du Québec.

Vous remplacez Laurent Pellerin, qui a été président de l'UPA pendant 14 ans. Est-ce le début d'une ère nouvelle ?

Mon arrivée n'est pas synonyme de coupure avec ce qui s'est fait dans le passé. Les grandes lignes de l'organisation sont dictées par les membres, donc elles resteront les mêmes. Par contre, le mode d'action va changer. Je crois que ce sont avant tout les résultats qui comptent, et pour les obtenir, je veux avoir de bonnes rencontres avec les deux paliers de gouvernement. Et si on ne nous entend pas, nous n'hésiterons pas à utiliser d'autres moyens. Mon job, c'est de régler des dossiers, et c'est ce que je compte faire. Même si le système est parfois lourd, je ne me laisserai jamais abattre.

Vous tenez la barre de l'UPA depuis plus de deux mois. Quel est votre constat ?

Pour être franc, j'espérais que les choses se fassent plus vite. Je voulais que certains dossiers aboutissent, comme celui de la compensation des producteurs de sirop d'érable. Sur cette question, nous sommes frustrés. Si ce n'était du manque de volonté de la part du gouvernement, nous serions déjà sur la piste de solutions concrètes.

Les gouvernements n'écoutent pas les agriculteurs ?

L'agriculture ne semble pas être une priorité pour eux. Un exemple : cela fait deux mois que nous demandons, sans succès, de rencontrer le ministre fédéral de l'Agriculture, Gerry Ritz (N.D.L.R. : l'UPA a rencontré le ministre à la fin de février). Et ce n'est pas une question de parti politique, parce que la situation était la même avec un gouvernement libéral. Cela doit changer. C'est particulièrement difficile pour notre industrie de se faire entendre à Ottawa, et cela, pas seulement pour le Québec. Au fil des ans, cela a eu pour effet de reléguer aux provinces les questions d'agriculture. Par contre, vu les crises que nous avons traversées - celles du boeuf, du maïs et de la hausse du dollar canadien -, les provinces s'essoufflent. Notre industrie a besoin d'aide. Pendant que l'Union européenne et les États-Unis augmentent leurs subventions, le Canada soutient de moins en moins son secteur agricole.

Depuis toujours, l'UPA dénonce la libéralisation des marchés. Avec le cycle actuel de négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), avez-vous perdu la bataille ?

Nous sommes à un tournant. L'agriculture, telle qu'elle est présentée à l'occasion des discussions de l'OMC, est traitée comme n'importe quelle activité commerciale. Nous nous opposons à cela. Notre système de gestion de l'offre a fait ses preuves et nous voulons le conserver. Malgré tout, je suis d'un naturel optimiste. Après une quinzaine d'années de libéralisation, de nombreux producteurs agricoles d'un peu partout en comprennent les effets négatifs. Même les grands marchés comme l'Europe et les États-Unis veulent protéger certains produits qu'ils jugent " sensibles ".

Le rapport Pronovost sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire québécois vous a ébranlé...

Le diagnostic que pose ce rapport sur l'agriculture est erroné. On y parle d'une agriculture qui se replie sur elle-même. C'est faux. Nous n'avons jamais été aussi diversifiés, tant sur la taille des fermes que sur les types de productions et de produits que nous offrons. Sachant que le postulat du rapport ne tient pas la route, comment voulez-vous que les solutions qu'il propose soient adéquates ? Malheureusement, les médias ne se sont pas penchés sur cet aspect. Ils n'en ont eu que pour la partie du rapport portant sur l'accréditation syndicale.

Justement, le rapport ouvre la porte à l'accréditation syndicale. Voilà qui menace le monopole de l'UPA.

Depuis 1972, les producteurs choisissent d'être représentés par une seule organisation et de parler d'une seule voix. Cela n'empêche pas les débats et les divisions internes, car plusieurs fédérations ont des intérêts divergents. Mais elles doivent tout de même coexister. Je tiens à souligner que nous sommes à l'écoute des nouvelles tendances. L'entrée de la fédération biologique en est un bel exemple.

Mais une seule organisation peut-elle vraiment être le porte-parole de l'ensemble, de la diversité ?

Oui. Vous savez, lorsqu'une organisation représente les intérêts des petites entreprises, et une autre, ceux des grandes, c'est généralement l'intérêt des grandes qui l'emporte. Ce n'est pas ce que nous voulons. Regardez ce qui se passe aux États-Unis, où deux organisations cohabitent et représentent des entreprises de tailles différentes : le déséquilibre entre les producteurs agricoles est évident. Les petites entreprises n'ont pas accès au marché aussi facilement que les grandes. Résultat : près de la moitié des agriculteurs américains sont des agriculteurs à temps partiel, parce qu'ils ne peuvent pas vivre uniquement de l'agriculture. Est-ce cela que l'on veut pour le Québec ?

Cet article a été publié dans la revue Commerce en avril 2008.

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