John Furlong, le «coach des Jeux»

Publié le 28/05/2009 à 13:41

John Furlong, le «coach des Jeux»

Publié le 28/05/2009 à 13:41

Par lesaffaires.com

Comment un immigrant irlandais est devenu le PDG des Jeux olympiques de Vancouver. Et pourquoi son style agace autant qu'il plaît.


Le 12 février dernier, l'ANNEAU olympique de Richmond, qui accueil-lera les compétitions de patinage de vitesse des Jeux de Vancouver 2010, était bondé. L'occasion : le compte à rebours d'un an avant la cérémonie d'ouverture des Jeux. Le premier ministre de la Colombie-Britannique, Gordon Campbell, était présent, de même que le président du Comi- té international olympique (CIO), Jacques Rogge. À leurs côtés, un homme dans la cinquantaine à la carrure d'athlète, John Furlong. Le véritable chef d'orchestre de Vancouver 2010, c'est lui.

Au micro, il parle de performance, de patriotisme et de fierté. Des thèmes qui sont devenus sa marque de commerce. Deuxième personnalité la plus influente de Vancouver selon le Vancouver Magazine, John Furlong personnifie les Jeux olympiques de 2010.

Celui qui est présent chaque fois que le Comité organisateur des Jeux olympiques et paralympiques (COVAN) fait une annonce. Celui qu'on ne peut plus voir en peinture si on ne croit pas aux retombées économiques promises ou si on s'oppose à ces Jeux parce qu'ils entraînent une foule d'investissements plus ou moins nécessaires et une hausse du coût de la vie dans les villes hôtesses. Celui qu'il faudra remercier si on se rend compte que Vancouver 2010 a marqué un point tournant pour la métropole de la côte Ouest.

Commerce a rencontré John Furlong trois semaines après le début du compte à rebours de Richmond. La routine a pris le pas sur les célébrations. Et l'homme fort des Jeux admet que la crise économique aura un impact sur l'événement. L'organisme a réduit ses attentes et est toujours à la recherche de commanditaires. "Je ne pensais pas que nous parlerions encore d'argent à ce moment-ci, mais nous en parlons chaque jour. C'est honteux, mais c'est la réalité", explique-t-il.

Pourtant, tout n'est pas gris pour le COVAN. Un an avant la date fati-dique, les installations olympiques sont déjà prêtes - un exploit encore inégalé dans l'histoire des Jeux. Près de 98 % du financement est obtenu et les billets se sont vendus en cinq semaines, totalisant une somme de 345 millions de dollars. "Nous sommes pratiquement à guichets fermés."

Depuis son arrivée à la tête du COVAN, John Furlong semble avoir vieilli prématurément. Pas un jour sans que les médias locaux ne mentionnent le COVAN, les Jeux et leurs conséquences sur la collectivité. Le poids de ces charges pèse lourd sur les épaules de l'organisateur de 58 ans, plusieurs fois grand-père. "C'est un environnement difficile. Nos gestes sont analysés encore et encore [par le public, par les médias et par les analystes], dit-il. Il y a beaucoup de pression. Mais nous restons optimistes."

Les responsabilités sont grandes pour le directeur général du COVAN. Sous sa tu-telle, plus de 1 000 employés, pour un budget d'opération de 1,76 milliard de dollars. En février 2010 s'y ajouteront entre 2 000 et 3 000 employés temporaires ou contractuels et 25 000 bénévoles.

Peu auraient pu prédire l'ascension de cet Irlandais, qui a immigré au Canada lorsqu'il était un jeune adulte. Ancien athlète de calibre international (il était capitaine de l'équipe de football gaélique et membre des équipes nationales de basketball et de handball de son Irlande natale), John Furlong a longtemps dirigé un club de sport privé, le Arbutus Club. C'est un peu par hasard qu'il est devenu le grand manitou de l'événement sportif le plus suivi dans le monde.

En octobre 1996, pour rendre service au directeur exécutif de Sports BC, John Mills, John Furlong accepte d'accorder une entrevue télévisée sur les chances de Vancouver d'obtenir les Jeux d'été de 2008. Le public découvre alors un communicateur hors du commun. En quelques mois, le Comité décide de préparer sa candidature pour les Jeux d'hiver de 2010. John Furlong, un bénévole enthousiaste, se voit offrir le poste de directeur général du Comité de candidature lorsque son prédécesseur démissionne. Il présente sa vision des choses et ce que Vancouver devrait refléter pour conquérir le coeur du CIO. "Pour 2010, j'envisageais que les Jeux seraient ceux d'un pays. La plupart des Jeux jusque-là étaient axés sur une ville, une région", dit-il.

Il convainc le conseil de recruter des administrateurs de haut calibre qui sauraient concrétiser l'idée de Jeux olympiques qui seraient organisés par le Canada, pas seulement par Vancouver, et dont les retombées se feraient sentir à l'échelle du pays. Fort de son expérience en sports d'équipe, il considère son rôle comme celui d'un coach. "Mon travail serait de trouver ces gens et de créer un environnement où ces étoiles auraient du succès." Cette proposition séduit le Comité de candidature et le CIO : Vancouver obtient les Jeux de 2010.

Huit mois plus tard, John Furlong est nommé directeur général du COVAN. Le Montréalais Dick Pound accuse alors cet organisme d'irrégularités dans ce choix. D'autres s'interrogent sur les compétences de John Furlong - qui, soulignent-ils, n'a pas l'expérience voulue pour négocier avec le CIO et avec des commanditaires internationaux. Pourtant, ceux qui ont travaillé avec lui, comme Michael Phelps, président de Dornoch Capital et membre du conseil du COVAN, le qualifient de "très intelligent" et "très ambitieux". Jack Poole, président du conseil du COVAN, évoque quant à lui l'instinct de John Furlong et sa capacité d'enflammer son public. "Per-sonne ne peut "retourner" une salle comme il le fait", dira-t-il.

Dès le départ, John Furlong s'évertue à faire des Jeux un événement national et sollicite les donateurs, au Québec comme en Colombie-Britannique : 1,7 milliard de dollars proviennent du secteur privé. "Dans notre relation d'affaires, ce ne sont pas des partenaires publicitaires, ils font partie de l'équipe olympique", explique-t-il. John Furlong se souvient de sa rencontre avec la direction de Bell, à Montréal, où il a décrit sa vision des Jeux et où il a présenté ce que ceux-ci pouvaient apporter au Canada, en termes d'unité et de fierté nationale. "Ils étaient emballés par l'idée que les Olympiques auraient une résonance dans tous les foyers du pays."

John Furlong continue de partager cette vision, où qu'il soit. Il se présente comme un motivateur, tentant d'inspirer son public en faisant, si possible, une ou deux blagues de bon goût et quelques allusions à ses difficultés à apprendre le français. Le style plaît. Devant la Chambre de commerce de Vancouver, John Furlong parsème ses bilans des progrès annuels du COVAN d'anecdotes personnelles sur sa relation avec son père, de souvenirs de sa visite de Sydney lors des Jeux d'été de 2000, et de métaphores sur les Jeux et sur ce qu'ils apportent à leurs hôtes. Difficile, lorsqu'on l'écoute, de ne pas s'enthousiasmer pour les Jeux de 2010, ou du moins, de ne pas se laisser bercer par ce flot continuel de paraboles.

Cette attitude en agace d'autres, comme Maurice Cardinal, auteur du livre Leverage Olympic Momentum et de Olyblog, un site plutôt critique concernant l'impact économique des Olympiques. "John Furlong parle d'inspiration, mais il n'est pas transparent sur ses motifs", dit-il. Il accuse le directeur général de recourir au patriotisme pour vendre sa cause au public et de lui faire croire que les retombées seront exceptionnelles. "Son objectif est de faire de bons Jeux, pas de développer la région", ajoute-t-il. Maurice Cardinal se rappelle le discours annuel de John Furlong, en novembre dernier, devant la Chambre de commerce de Vancouver. Afin de faciliter les transports durant les Jeux, l'organisateur suggère aux commerçants de fermer leur entreprise et de donner congé à leurs employés pendant cette période pour qu'ils participent à la fête ou pour qu'ils deviennent bénévoles. "La salle a éclaté de rire. Nous avons cru à une blague...", commente Maurice Cardinal.

Face aux critiques qui affirment qu'on surestime les retombées olympiques, John Furlong cite la prolongation du métro à ciel ouvert SkyTrain, l'agrandissement du nouveau Centre des congrès, ainsi que l'élargissement de la route Sea To Sky entre Vancouver et Whistler, dont la région profitera à long terme. Selon lui, ces atouts feront des Olympiques plus qu'une fête sportive de quelques semaines, suivie d'un lendemain de veille de plusieurs années pour les contribuables.

D'après John Furlong, il y a plus que cela : c'est une question de fierté nationale. Au même titre que l'Expo 67, à Montréal, ou l'Expo 86, à Vancouver, ont donné aux Canadiens le sentiment que tout leur est possible. "Si nous ne réussissons pas à béné-ficier de ces Jeux, c'est que nous avons complètement sous-estimé ce qu'ils sont." L'Histoire jugera si le "coach des Jeux" a bien fait ses calculs.

 

À la une

Apple autorise un programme de rachat d'actions de 110G$US

Mis à jour à 18:21 | AFP

Apple a réalisé un chiffre d’affaires de 90,75G$US lors des trois premiers mois de l’année.

Bourse: Wall Street rassurée par la Fed

Mis à jour à 18:08 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a quant à elle progressé de plus de 90 points.

Bourse: les gagnants et les perdants du 2 mai

Mis à jour à 18:26 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.