Aérospatiale: l'avion écologique s'en vient

Publié le 09/07/2010 à 14:26

Aérospatiale: l'avion écologique s'en vient

Publié le 09/07/2010 à 14:26

Ce n'est pas encore le Pérou, mais rarement a-t-on vu l'industrie aérospatiale canadienne aussi enthousiaste devant les moyens dont elle dispose aujourd'hui en matière de recherche et d'innovation.

Le nouveau projet de recherche public-privé, baptisé Avion écologique, devrait occuper l'essentiel de l'industrie pendant les quatre prochaines années. Le gouvernement du Québec y investira 70 millions de dollars (M$), alors que l'industrie fournira 80 M$ sur quatre ans.

" C'est sûr qu'on aimerait toujours avoir plus, mais il n'y a pas de petits progrès en matière d'innovation, en particulier dans le secteur de l'aérospatiale ", affirme André Bazergui, directeur du Consortium de recherche et innovation en aérospatiale au Québec (CRIAQ), affilié à l'École polytechnique de Montréal.

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Le nouveau projet d'Avion écologique viendra compléter l'ossature de recherche aérospatiale déjà présente au Québec. Actuellement, le CRIAQ se spécialise dans la recherche fondamentale ou de premier niveau, tandis que le Groupement aéronautique de recherche et développement environnemental (GARDN) s'intéresse à des projets de recherche plus avancés.

L'Avion écologique fonctionnera comme un bureau indépendant qui interviendra à une étape ultérieure, entre la recherche et la commercialisation d'une idée, souvent qualifiée dans le milieu de " Vallée de la mort ", en raison de la rareté du financement.

Ce projet, qui nécessitera la construction d'installations de recherche, engagera six entreprises de l'industrie à cinq niveaux différents de la construction d'un avion. Les recherches auront pour objectif de trouver des améliorations écologiques aux produits de l'industrie.

Bombardier et Bell Helicopter-Textron investiront dans la recherche sur le fuselage en composite, tandis que Pratt & Whitney Canada se concentrera sur des moteurs plus électriques. Esterline CMC Électronique se penchera pour sa part sur l'avionique intégrée pour les cockpits. Thalès s'intéressera à l'avionique intégrée pour les systèmes critiques, et Héroux-Devtek se consacrera au train d'atterrissage du futur.

Une chance pour les PME

L'objectif : aider cette industrie québécoise, une des plus importantes forte de ses 40 000 travailleurs, à conserver sa position enviable de 5e mondiale face à la concurrence de plus en plus féroce de l'étranger dans ce secteur.

" Une fois le projet terminé, une entreprise comme Héroux pourra dire à ses clients : regardez cette idée, on l'a faite, on l'a testée, nous pouvons vous la vendre si elle vous intéresse ", dit Suzanne Benoît, directrice générale d'Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Montréal métropolitain.

Autre avantage : chaque entreprise leader de son projet sera accompagnée d'un chapelet d'entreprises plus petites, des PME pour la plupart, qui n'auraient pas les moyens de participer à de tels projets de R-D. Cela pourrait contribuer à leur ouvrir des marchés internationaux. " Si ce n'était de ces recherches, plusieurs d'entre elles risqueraient de se faire doubler par la concurrence ", soutient Claude Lajeunesse, pdg de l'Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC).

L'organisme tente de convaincre le gouvernement de Stephen Harper de s'inspirer du Québec en acceptant de financer un autre projet de démonstration technologique, le Future Major Plateform (FMP). L'AIAC rêve d'une enveloppe de 100 M$ sur trois ans.

Un milliard à la R-D par an

Au Canada, les entreprises en aéronautique consacrent environ 1 milliard de dollars (G$) par an à la R-D, ce qui en fait le secteur qui investit le plus au Québec en la matière. Pour une entreprise comme le motoriste Pratt & Whitney, cela représente un débours annuel de 400 M$. Dans ce secteur de pointe, l'innovation représente le carburant du développement, et tous les pays qui ont une industrie aérospatiale forte la soutiennent financièrement.

Le projet Clean Sky, doté d'un budget de 1,6 milliard d'euros (2,07 G$ CA) alloué dans le cadre du programme de recherche de l'Union européenne, montre à lui seul toute l'importance qu'accordent les États concurrents à la recherche en aérospatiale.

Outre la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne, des Nations qui contribuent de manière importante au développement et à la défense de leur industrie, des pays comme la Russie, le Brésil et le Japon redoublent d'efforts en ce moment. Des États émergents à faibles coûts de production, comme la Chine, l'Inde, le Maroc, la Corée du Sud et le Mexique, cherchent aussi à percer le marché.

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