Francis Baillet, Vice-président aux affaires corporatives d'Ubisoft Divertissements.
Ubisoft a le statut de champion de l'entrepreneuriat. Pourtant, votre organisation profite de généreux crédits d'impôt. N'est-ce pas contradictoire de soutenir les petits acteurs tout en recevant des millions de dollars de Québec ?
Ces crédits d'impôt alloués à notre industrie sont rentables pour le Québec, je crois que la commission Godbout [Commission d'examen sur la fiscalité québécoise] l'a bien démontré. Est-ce que toutes les start-up devraient recevoir le même traitement [fiscal] ? Je ne sais pas. Toutefois, certains éléments manquent aux petits acteurs. L'accès au capital et aux clients, notamment. Plusieurs grandes entreprises démontrent une certaine réticence à prendre des risques et à confier un mandat à une entreprise qui n'est pas établie. C'est pour ça que nous avons créé Innobahn avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Appuyer les start-up, c'est redonner au Québec. Avec nos humbles moyens, nous aurons une belle contribution.
En quoi votre projet Innobahn peut-il contribuer au succès d'une start-up ?
En favorisant le rapprochement entre la grande entreprise, L'Oréal ou Warner par exemple, et des start-up, nous voulons trouver des idées innovantes à de vrais problèmes connus par de grands acteurs [comme la mobilité des employés]. Nous voulons que des entreprises bien établies embauchent des start-up. Des contrats qui permettent aux petites entreprises de s'épanouir sans diluer leur capital-actions, et qui leur offrent une belle carte de visite par la suite.
Les initiatives entrepreneuriales se multiplient ; effet de mode ou besoin réel ?
C'est vrai que le Québec connaît une grande effervescence, l'entrepreneuriat se porte bien. Mais, même si nous sommes dans la bonne direction, chaque initiative est importante, sinon elle meurt, tout simplement. Arrêtons de dire qu'il faut que ça change, l'esprit entrepreneurial est bien présent, il faut plutôt pérenniser nos acquis. Le mentorat, c'est bien. Mais on doit aussi leur servir de tremplin. Il y a ici des milliers de start-up, et plusieurs devraient être appuyées par de grandes entreprises. Et ce, afin d'obtenir un accès à un réseau de relations et à de l'expertise. Le but, c'est que Montréal soit un grand laboratoire d'innovation et que ces idées s'exportent.
37,5 % : C'est le crédit d'impôt maximal qui s'applique à la masse salariale des employés de l'industrie multimédia, installés au Québec.
CV
Francis Baillet, Vice-président aux affaires corporatives d'Ubisoft Divertissements
Actuaire, Francis Baillet a été vice-président aux ressources humaines de 2007 à 2013 pour Ubisoft Divertissements. Depuis avril 2013, il est vice-président aux affaires corporatives.
