Échouer fait mal, sauf que...


Édition du 18 Avril 2015

Échouer fait mal, sauf que...


Édition du 18 Avril 2015

En 2007, Patrice Demers réussit à vendre CHOI Radio X in extremis, après quoi il devient gestionnaire pour l'acheteur, RNC Media, jusqu'en 2013. En 2012, c'est sous sa gouverne que RNC Media inaugure une station Radio X à Montréal, un projet dans lequel il a aussi investi de sa poche. «Nos cotes d'écoute étaient en croissance, et je pense que le marché était là, mais les propriétaires ont manqué de patience», estime M. Demers. Il dit ne pas avoir perdu d'argent dans l'aventure, mais ne pas en avoir fait non plus.

Patrice Demers explique avoir appris de ses déboires et fait valoir qu'il a réussi à gérer CHOI sans s'attirer les foudres du CRTC durant cinq ans. «J'ai appris à réagir plus vite en matière de ressources humaines. C'est difficile de ne pas se tromper en faisant des embauches, mais quand ça fait trois mois qu'on a un employé, et que ça ne marche pas, ça ne marchera jamais.»

En vertu du contrat signé avec RNC Media, Patrice Demers ne peut pas investir en radio avant septembre 2015. Serait-il tenté d'effectuer un retour dans l'industrie ? Il semble tenté, mais sceptique face aux perspectives de l'industrie. Une chose est sûre, cependant : l'homme d'affaires n'est pas à court d'idées. Notamment, il songe à appliquer la marque de Summum, son magazine pour hommes, à une chaîne de restaurants inspirée de Hooters.

Bref, Patrice Demers est tout sauf un homme abattu. C'est encore un optimiste qui soutient ne pas s'être assagi : «Je risque de l'argent, mais j'investis dans un futur possible. En faisant le pari que je suis capable de faire croître ces entreprises, je dirais que j'ai plus d'échecs que de succès, car gérer le changement, c'est loin d'être facile ; la résistance vient autant des individus que des gouvernements.»

L'échec selon Google X

Chez Google X, la division de Google responsable des voitures sans conducteur et de Google Glass, l'échec n'est pas seulement accepté, mais désiré. À l'occasion de l'événement South by Southwest, en mars, son directeur Astro Teller expliquait comment la division mettait à l'essai des prototypes avant qu'ils ne soient prêts, de manière à accélérer le développement de technologies qui semblent relever de la science-fiction. Après avoir cité en exemple plusieurs échecs, il a noté que ses ingénieurs avaient été déçus de voir leur prototype d'éolienne sans mât fonctionner du premier coup, même après avoir choisi un lieu où les vents puissants maximisaient les risques d'échec. «Nous avons eu du succès parce que nous avons su profiter de nos échecs», a-t-il déclaré.

L'échec selon Lean Startup

L'approche expérimentale n'est pas que le lot des scientifiques. Dans Lean Startup, qui est en quelque sorte devenue la bible du développement de produits dans le monde des start-ups, Eric Ries écrit que celles-ci servent à «apprendre comment bâtir une entreprise durable». Il propose ainsi aux entrepreneurs d'expérimenter sans cesse et de se débarrasser de tout processus ou fonctionnalité qui n'a pas d'impact positif pour l'entreprise. Bref, il propose aux entrepreneurs de multiplier les échecs pour accélérer le développement d'une start-up.

Un trésor sous-exploité

Alors que de nombreuses entreprises s'empressent de balayer leurs faux pas sous le tapis, le consultant Jevto Dedijer s'efforce de les documenter sur failwatching.com. Pour lui, chaque échec est un trésor riche d'enseignements pour les entreprises qui en sont responsables, mais aussi pour le reste de la société. «On devrait s'inspirer de l'industrie aéronautique, où chaque écrasement d'avion est analysé, une analyse communiquée ensuite dans le monde entier.»

Pour la coquette somme de 9 900 $, lui et son associé Michel Nadeau proposent aux entreprises d'analyser leur échec de manière exhaustive. Si le service n'est pas donné, Jevto Dedijer soutient que répéter un échec peut se révéler encore plus coûteux pour une entreprise.

Selon Jevto Dedijer, les entreprises ne devraient pas pour autant viser à éviter les échecs, puisqu'ils sont inévitables au sein des entreprises qui innovent. Il est d'avis que les entreprises devraient au contraire valoriser l'échec en se dotant d'un wall of fail. «Avoir un tel mur, ça envoie un message important, soit que la prise de risque fait partie de la culture de l'entreprise. Également, qu'un employé ne se fera pas virer s'il échoue, mais seulement s'il n'apprend pas de ses échecs.»

> En 2014, 55 % des entreprises devenues insolvables au Canada étaient québécoises. C’est difficile à expliquer, mais le phénomène n’est pas nouveau. Chaque année depuis 1998, le taux d’insolvabilité commerciale au Québec est supérieur à la moyenne canadienne. Une étude de Desjardins réalisée en 2014 évoque plusieurs pistes d’explication, dont le manque de cohésion des programmes gouvernementaux, la rigidité de la réglementation et la grande proportion de restaurateurs indépendants au Québec.

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