Douze Québécoises parmi les femmes les plus influentes du Canada

Offert par Les Affaires


Édition du 28 Novembre 2015

Douze Québécoises parmi les femmes les plus influentes du Canada

Offert par Les Affaires


Édition du 28 Novembre 2015

Par Claudine Hébert

[Photo : Shutterstock]

Chaque année depuis 2003, l'organisation canadienne Réseau des femmes exécutives (Women's Executive Network, WXN) dévoile son palmarès des 100 femmes les plus influentes du pays. Les lauréates de l'édition 2015 ont été honorées le 26 novembre lors d'un gala à Toronto. Douze Québécoises figurent parmi elles. C'est la meilleure cuvée de la province, après le résultat record de 13 Québécoises, établi en 2009.

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Institué à Toronto en 1997, le WXN a reconnu plus de 800 femmes influentes au sein de ses palmarès au fil des ans. Quelques-unes, dont une dizaine de Québécoises (Isabelle Hudon, par exemple), ont été nommées quatre fois. Elles font désormais partie du Temple de la renommée de l'organisme.

«Quand j'ai démarré en affaires, je n'avais aucune femme modèle. Je voyais tout le temps des photos d'hommes à la une des journaux et des magazines économiques. D'où l'idée de créer cette organisation canadienne en 1997 et son palmarès six ans plus tard», rapporte Pamela Jeffery, fondatrice du WXN.

Selon cette experte en relations publiques, plus les femmes influentes des entreprises et des organisations à but non lucratif seront visibles, plus elles inciteront d'autres jeunes femmes à aspirer à des postes de direction.

C'est la raison pour laquelle Les Affaires a demandé à chacune des femmes québécoises du Top 100, édition 2015, en quoi le mentorat a contribué au développement de leur leadership. Qui leur a servi de modèles et d'inspiration pour parvenir à leur niveau d'excellence ?

Découvrez ici leurs réponses, puis rendez-vous sur lesaffaires.com pour découvrir les autres Canadiennes complétant le palmarès 2015.

Michelle d'Auray

Ambassadrice du Canada auprès de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) depuis janvier. Mme d'Auray a été retenue au Top 100 pour son rôle de sous-ministre aux Travaux publics et Services gouvernementaux Canada.

Première femme sous-ministre à Pêches et Océans Canada en 2007, première femme secrétaire du Conseil du Trésor en 2009, Michelle d'Auray a ouvert bien des portes à ses compatriotes féminines sur la scène gouvernementale fédérale. «Sans l'aide de Kevin Lynch et de Wayne Wouters, qui ont tous deux été greffiers au Bureau du Conseil privé [qui appuie le premier ministre], je n'aurais sans doute jamais occupé ces postes de haute direction au sein de la fonction publique. Bien qu'ils aient vu mes forces et mon potentiel de leader, j'ai quand même dû gagner leur confiance au fil des différents défis qu'ils m'ont confiés. Directrice du groupe de travail du gouvernement du Canada sur le commerce électronique en 1997, sous-ministre adjointe au Patrimoine en 1999, présidente de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec en 2004... J'ai accompli toutes ces tâches avec brio. J'ai donné raison à ces deux hommes de croire en moi.»

Christiane Bergevin

Elle était jusqu'en mai dernier vice-présidente exécutive, Partenariats Mouvement et développement des affaires de Desjardins. Elle travaille toujours pour le Mouvement Desjardins.

Bien qu'elle n'aime pas utiliser le mot «mentor», la bachelière en commerce reconnaît avoir eu divers guides à des moments précis tout au long de sa carrière. «Environ sept, au maximum huit personnes m'ont encouragée, m'ont sortie de ma zone de confort et m'ont fait confiance. Ce sont tant des hommes que des femmes, dont ma mère et sa fameuse maxime : Quand on veut, on peut ! Il ne suffit cependant pas de reconnaître ces gens par leurs qualités de leader et de vision. Il faut faire en sorte qu'ils vous adoptent pour qu'ils donnent généreusement temps et conseils, rappelle celle qui figure au palmarès pour la troisième année. Sans ces précieux conseillers et sponsors, je n'aurais pas été présidente de SNC Capital, je ne serais pas autant engagée dans les causes communautaires, et je ne serais surtout pas ici chez Desjardins.»

Joëlle Boisvert

Associée-directrice du bureau de Gowlings à Montréal et membre de l'équipe de direction nationale du cabinet

Cette avocate qui compte plus de 25 ans de carrière dit n'avoir jamais demandé à quiconque d'être son mentor. Du moins, pas officiellement. «J'aurais eu l'impression d'être trop encadrée. Je considère le mentorat comme un processus informel et intuitif. J'ai eu et j'ai encore l'occasion de tisser des liens avec des personnes particulières qui ont eu (et ont) un impact important sur ma carrière. Ces personnes se reconnaissent sans que j'aie à les nommer. Elles savent qu'elles ont joué un rôle majeur au développement de mon leadership. J'aime dire que ces personnes m'ont permis de porter les «lunettes» dont j'avais besoin à des moments précis de ma carrière pour avoir une meilleure vision d'ensemble et valider mes perceptions. Elles étaient généralement plus âgées que moi d'au moins 10 ans, voire 20. Aujourd'hui, il arrive qu'elles soient plus jeunes.»

Sophie Brochu

Présidente et chef de la direction chez Gaz Métro. Mme Brochu a été retenue au Top 100 pour son rôle de directrice au sein du conseil d'administration de BCE

Pour cette dirigeante aguerrie, le mentorat se résume à savoir bien s'entourer. «J'ai toujours eu le réflexe de m'entourer de bonnes personnes. À chaque étape de ma vie professionnelle et personnelle, j'ai cherché conseil auprès de gens qui avaient déjà marché dans les sentiers que je m'apprêtais à emprunter. Ce cercle compte au moins une dizaine d'individus. Il y en a certains avec qui je parle quatre ou cinq fois par année. D'autres, tous les cinq ans. Pour moi en fait, le mentorat, c'est une formule très fluide, très informelle. Ce n'est pas toujours une démarche consciente. C'est comme lorsqu'on se prépare pour un voyage vers une destination inconnue. On glane les meilleurs conseils avant de partir. Quand on est jeune, ces conseils proviennent généralement de personnes plus vieilles. Mais avec l'âge, on s'aperçoit qu'elles rajeunissent.»

Caroline Codsi

Vice-présidente exécutive et directrice générale chez Cira Services médicaux, Est du Canada

Ayant subi la guerre au Liban alors qu'elle était enfant, Caroline Codsi a appris dès l'âge de 17 ans à se débrouiller seule en plein Paris où ses parents l'avaient envoyée étudier. «Je n'ai jamais eu de mentor, mais j'ai toujours su bien m'entourer. Encore aujourd'hui, j'estime pouvoir compter sur une bonne douzaine de personnes, un groupe que j'ai baptisé «mon comité aviseur de sages». Ce sont majoritairement des hommes, mais il y a aussi des femmes telles Monique Jérôme-Forget et Danièle Henkel. Ce sont des personnes influentes, bienveillantes et loyales. Elles savent qu'elles peuvent me dire des choses sans que cela me froisse. Après tout, on s'épuise à conseiller des gens qui n'écoutent pas. Par ailleurs, ce n'est pas parce que je n'ai pas pu profiter d'un mentor attitré que je ne crois pas à la formule. Au contraire. Dès janvier prochain, je lance, avec mon organisme La Gouvernance au féminin, ma première cohorte de mentorat.»

Ilona Dougherty

Fondatrice de l'Apathie c'est plate (Apathy is boring)

Cette trentenaire qui cherche à sensibiliser les jeunes à la démocratie croit énormément à l'apport d'un mentor. Elle a d'ailleurs la même mentore depuis l'âge de 14 ans. «Elle s'appelle Amelia Clarke, elle est professeure au programme de maîtrise d'environnement et commerce à l'Université de Waterloo, en Ontario. Je l'ai rencontrée lors d'une conférence portant sur l'environnement, en Saskatchewan, il y a 20 ans. Dès le départ, elle a vu du potentiel en moi avant même que je m'en rende compte. Elle m'a aidée à fonder l'organisation l'Apathie c'est plate, que j'ai dirigée au cours des 12 dernières années. Encore aujourd'hui, on partage les mêmes valeurs en ce qui concerne l'art de développer de meilleures façons d'écouter les jeunes. Je suis maintenant devenue sa collaboratrice sur plusieurs dossiers qui concernent les changements sociaux chez les jeunes.»

Diane Giard

Première vice-présidente à la direction, Particuliers et Entreprises, de la Banque Nationale

Tout au long de ses 30 ans de carrière dans le milieu bancaire, dont 15 ans à un poste de haute direction, Diane Giard estime n'avoir jamais eu de mentor en tant que tel. «Je préfère parler de personnes qui m'ont inspirée, qui m'ont remise en question. Ce sont des amis, des membres de ma famille, des professeurs, des collègues qui, à un moment précis, m'ont aidée à choisir une carrière, à faire des choix personnels. J'ai eu davantage des sponsors ou parrains, des gens qui ont parlé de moi pour que j'accède à des postes importants. Il est assez rare d'occuper des postes de haute direction sans avoir bénéficié de ce type d'ambassadeur. Enfin, d'être entourée de gens inspirants et de bénéficier de parrains, c'est la combinaison parfaite pour avoir une carrière prospère», indique la financière qui se retrouve pour une deuxième fois parmi les femmes les plus influentes du pays.

Maarika Paul

Première vice-présidente et chef de la direction financière à la Caisse de dépôt et placement du Québec

«Si vous ne pouvez pas expliquer simplement un concept, une idée, c'est que vous n'en comprenez pas vous-même l'essentiel.» Voilà l'une des cinq façons de reconnaître un bon leader, selon Maarika Paul, qui figure pour une deuxième fois au palmarès des 100 femmes les plus influentes du pays. La passion, le courage, la vision et surtout la capacité de prendre des décisions, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, sont les quatre autres. «Mais être leader, ça ne s'apprend pas dans les livres. C'est du savoir-être. Ça prend un modèle, quelqu'un qui a de l'expérience, du vécu et qui est prêt à partager ce bagage avec vous. J'ai eu la chance d'en croiser au moins cinq, principalement des pdg, qui ont fait une différence dans ma carrière. Le fait d'avoir, à différentes époques, côtoyé et vu en action ces séniors au sein des organisations m'a été très bénéfique. Ce sont des gens que j'appelle encore de temps à autre pour demander conseil.»

Miriam Pozza

Associée responsable de transactions au Québec chez PwC Canada

Sans l'aide de ses mentors, Miriam Pozza n'aurait sans doute pas été promue au poste de direction qu'elle occupe depuis trois ans. «J'estime avoir une bonne dizaine de mentors, dont six au sein de PwC, qui m'ont donné un bon coup de main au cours de mes 24 années passées au sein de l'entreprise. Ces personnes ont été primordiales pour m'aider à m'améliorer. En plus de partager mes valeurs, elles ont su reconnaître mes forces, mes faiblesses. Elles m'ont encouragée à bien définir mes ambitions et à les réaliser. Surtout au cours des dernières années. À propos, il ne s'agit plus systématiquement de gens plus âgés que moi. Je constate avec les années que certains mentors plus jeunes ont beaucoup d'énergie à offrir.»

Colonel Josée Robidoux

En juin dernier, Josée Robidoux est devenue la première femme commandant du 35e Groupe-brigade du Canada, à Québec. Elle est seulement la deuxième femme du pays (depuis Marcia Quinn en 1997, en Alberta) à occuper un tel poste au sein des Forces armées canadiennes.

Membre des Forces depuis 30 ans, Josée Robidoux est aujourd'hui à la tête d'un contingent de 2 100 personnes. «Si j'occupe ce poste aujourd'hui, je le dois à quelques personnes qui m'ont offert un appui constant, honnête et franc. Elles ne m'ont pas toujours dit ce que j'aurais souhaité entendre. Mais elles m'ont prodiguée de précieux conseils pour m'améliorer. Louise Bisson, commandante adjointe de la Réserve au 714e Escadron des communications, à Sherbrooke, fait partie de mes mentors. À mes débuts, en 1985, c'était la femme la plus gradée de l'armée que je rencontrais. Elle a été de bon conseil pour moi tout en me rappelant que je devais faire ma place et la gagner. Le major-général Dennis Tabbernor a lui aussi été une personne clé dans le développement de mon leadership. Il m'a confié plusieurs défis. C'est lui d'ailleurs qui m'a recommandé de suivre le cours de sécurité nationale en juin 2014. Une formation qui prépare à devenir général...»

Judith Robinson

Associée et chef du domaine de pratique national Propriété intellectuelle au Canada chez Norton Rose Fulbright

Pour cette avocate, qui pratique depuis près de 25 ans, l'importance d'avoir un mentor n'a jamais fait de doute. «À mon entrée au cabinet Ogilvy Renault [fusionné aujourd'hui à Norton Rose Fulbright], je trouvais important de pouvoir m'identifier à un leader féminin. Joan Clark, qui était une experte en propriété intellectuelle, m'a inspirée. Nelson Landry a lui aussi été un mentor. C'est en compagnie de cet avocat chevronné que j'ai développé ma pratique. C'était un chef de groupe extraordinaire. C'est grâce à lui que je suis devenue l'avocate que je suis. Cela dit, le mentorat ne suffit pas pour développer son leadership. Ça prend un soutien familial. D'abord, il y a mon mari. S'il n'était pas le maître coordonateur par excellence à la maison, j'aurais éprouvé d'énormes difficultés à combiner mes activités professionnelles et familiales. Ensuite, je dois saluer le courage et la confiance de mes parents qui m'ont laissée partir seule en Europe, pendant deux mois, à l'âge de 18 ans. Une aventure très formatrice.»

Louise Saint-Pierre

Présidente et chef de la direction de Cogeco Câble Canada

Active dans le secteur des communications depuis plus de 20 ans, Louise Saint-Pierre estime avoir eu trois mentors majeurs qui ont changé le cours de sa carrière. «Ce sont trois personnes qui, dans chacune des trois entreprises pour lesquelles j'ai travaillé (IBM, DMR et Cogeco Câble), m'ont aidée à me surpasser. Ces personnes m'ont fait suivre des formations, m'ont confié des mandats, des comptes importants. Ces personnes avaient plus confiance en moi que moi-même. Mais elles avaient raison. Chaque fois, j'ai relevé leurs défis. Remarquez, personne ne lève la main pour vous indiquer qu'elle veut vous prendre sous son aile. C'est non organisé, non planifié. Ces rencontres qui changent votre carrière arrivent tout naturellement.» Comment surviennent-elles alors ? «Il faut avoir du talent pour être reconnue, mais il faut surtout faire preuve d'ambition positive à l'égard de l'entreprise. Il faut que ça rayonne pour qu'on vous remarque.»

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