Voiture électrique : gare à l’excès d’enthousiasme

Publié le 18/01/2010 à 06:45

Voiture électrique : gare à l’excès d’enthousiasme

Publié le 18/01/2010 à 06:45

La Chevrolet Volt devrait être lancée en 2011. Photo: Bloomberg.

Le Salon de l’auto de Montréal bat son plein et les principales nouveautés qu’on y présente sont des voitures plus petites et plus vertes. De nombreux experts s’entendent pour dire qu’il y a là une tendance lourde, mais préviennent tout de même que ce n’est pas demain que tout le monde roulera vert.

Pour Christian Navarre, professeur de management stratégique à l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa, le véritable essor de la voiture verte dépendra de deux facteurs majeurs : une hausse du prix de l’essence dans les années à venir, et une baisse concomitante du prix des batteries qui servent à alimenter les moteurs électriques.

Tant que ces deux facteurs ne se seront pas concrétisés, la voiture électrique ou même la voiture hybride demeurera très vraisemblablement un produit de niche destiné à une clientèle fortunée de gens très conscients de l’environnement.

M. Navarre donne l’exemple de la Volt, la voiture électrique sur laquelle General Motors fonde de grands espoirs pour assurer sa relance après s’être mis sous la protection de la loi sur la faillite en 2009.

Quand elle sera commercialisée en 2011, cette voiture compacte devrait être vendue au prix de 40 000$ US, moins une subvention gouvernementale de 7500$ US, ce qui n’est pas ce qu’on peut appeler une aubaine. Une Toyota Corolla, qui utilise un moteur à essence mais dont les caractéristiques sont similaires, se vend moins de 20 000$.

Pour le même prix, on peut obtenir une voiture de luxe comme par exemple un Crosstour de Honda, ou encore un VUS de taille moyenne chez un constructeur sud-coréen.

Le pari de GM est donc audacieux et d’aucuns, comme le pdg d’Audi Amérique, n’ont pas hésité à prédire un échec monumental pour le nouveau produit de GM. Interviewé en Allemagne par le site MSN, Johan de Nysschen a même qualifié la Volt de «voiture pour idiot».

«Les premiers essais routiers indiquent que c’est une voiture assez terne», note M. Navarre, à propos de la Volt, visiblement sceptique sur le potentiel de la voiture de connaître un succès de masse. 

Par ailleurs, les performances des batteries des véhicules électriques risquent d’en faire déchanter plus d’un au Québec, où les hivers sont rigoureux et où la batterie est mise à forte contribution pour réchauffer la voiture, ce qui réduira l’autonomie déjà restreinte de ce genre de véhicule.

Pour M. Navarre, il est possible que la voiture électrique se développe pour cette raison dans des marchés ciblés au départ, soit des zones densément peuplées, où le climat est plus clément.

Nissan, par exemple, est à négocier des ententes avec des villes pour que les premiers utilisateurs de la Nissan Leaf puissent avoir accès à un nombre suffisant de bornes de recharge qui permettent de recharger assez rapidement le véhicule. «Ils vont probablement procéder à une mise en marché très sélective», pronostique M. Navarre.

L’hybride a plus d’avenir, quoique…

À court terme, l’avenir paraît plus brillant du côté des voitures hybrides. Les japonais Toyota et Honda, qui sont dominants sur le marché américain, travaillent sur la technologie depuis plusieurs années et des voitures de qualité comme la Prius sont déjà sur le marché et remportent un succès notable.

Au Salon de Detroit, Toyota a présenté un nouveau modèle, le FT-CH, destiné à séduire une clientèle d’acheteurs plus jeunes et moins fortunés. C’est dans la stratégie du groupe de développer une véritable famille Prius, soit une famille de véhicules hybrides destinée à répondre aux attentes de toutes les couches du marché.

Honda a également présenté son Honda CR-Z, un coupé sport hybride censé prouver que les hybrides ne sont pas synonymes de faible performance et d’apparence terne.

Reste que ce n’est pas demain que tout le monde roulera en se servant de l’électricité. Une hypothèse qualifiée d’optimiste par M. Navarre parle d’une voiture sur cinq vendue en 2018-2020 qui serait une voiture hybride.

M. Navarre ajoute qu’en Europe l’hybride risque de se voir concurrencer par les moteurs à diesel propre développés par les Allemands, les Français et les Italiens qui s’avèrent autant, voire plus écologiques que ceux de certaines voitures hybrides.

À court terme, M. Navarre voit donc une concurrence entre toutes les formes de propulsion, et ce marché par marché.  

 

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