À cause du choc démographique occasionné par le vieillissement de la population, les réseaux de la santé devront changer leurs méthodes pour améliorer la prestation des soins. Il s'agit d'un marché alléchant pour Groupe Axdev, un consultant dont la mission est d'influencer les décideurs des réseaux de la santé pour provoquer des changements.
Le service. Axdev analyse ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas dans les réseaux de la santé à trois niveaux : les professionnels (médecins et infirmières), l'équipe (qui comprend le personnel non-soignant) et l'organisation, dit Suzanne Murray, sa présidente. L'équipe d'Axdev est composée d'une vingtaine de personnes, de gestionnaires, de chercheurs, d'andragogues (spécialistes de l'apprentissage chez les adultes) et de psychologues. Leur objectif est de provoquer le changement en faisant évoluer le type de leadership de la direction de l'établissement, en améliorant les processus et en rendant les équipes plus fonctionnelles.
Les clients d'Axdev sont des hôpitaux, des gouvernements, des universités, des associations médicales et des sociétés pharmaceutiques. Environ 80 % de ses revenus qui se situent de 3 à 5 millions de dollars viennent de l'extérieur du Canada, dont deux tiers, des États-Unis. Ses mandats durent en moyenne de trois à six mois.
Axdev n'a pas de force de vente; le bouche à oreille suffit. La parution d'articles dans des revues médicales lui donne de la crédibilité et lui amène des mandats.
Différences de culture. Mme Murray est très prudente lorsqu'on lui demande de cerner les différences de culture entre les réseaux de la santé du Québec, de l'Ontario et des États-Unis, de peur de froisser ses clients.
Pas question de dire qu'un système est meilleur que l'autre. Néanmoins, elle observe que le caractère latin des Québécois exige plus de dialogue pour provoquer le changement alors qu'en Ontario, ce sont davantage les évidences qui amènent les transformations. Aux États-Unis, les échanges sont toujours positifs et diplomatiques, si bien qu'il n'y a pas de débats. Résultat : les Américains passent plus vite à l'action que nous.
Les acteurs du réseau québécois de la santé sont parmi les meilleurs au chapitre du travail en équipes interdisciplinaires. " Ils ont une meilleure reconnaissance de la contribution des équipes, ce qui leur permet d'offrir un meilleur service aux patients ", dit MmeMurray. Mais ils n'ont pas de culture d'amélioration; quand ils trouvent quelque chose, ils s'assoient dessus.
Comment l'idée vous est venue ? Après avoir mis sur pied des projets spéciaux de formation en entreprise, notamment pour Air Canada, Suzanne Murray est entrée en 1982 au service de la Faculté de médecine de l'Université McGill où elle a cofondé le premier centre de recherche sur le vieillissement.
" C'est à McGill que j'ai vu le besoin de faire de l'accompagnement dans le développement organisationnel afin d'aider les réseaux de la santé à évoluer pour être prêts à servir une population vieillissante ", explique Mme Murray, 47 ans. Elle a travaillé à McGill jusqu'en 2000, dont les trois dernières années à temps partiel, car elle a fondé Axdev en 1997.
Et dans cinq ans ? Mme Murray affirme que sa société de consultation est sur le point de changer de main, mais elle assure qu'elle demeurera avec Axdev. Elle est actionnaire majoritaire de la société qu'elle a fondée; l'autre actionnaire est le psychologue Sean Hayes.
