Un nouveau poids lourd du financement au Québec

Publié le 09/01/2012 à 09:26, mis à jour le 09/01/2012 à 10:55

Un nouveau poids lourd du financement au Québec

Publié le 09/01/2012 à 09:26, mis à jour le 09/01/2012 à 10:55

Par Mathieu Lavallée

Photo : Bloomberg

Avec les 163 millions $ qu’elle a recueillis dans le cadre d’un appel public à l’épargne en décembre dernier, Services financiers Element vise devenir un poids lourd du financement d’équipements industriels en Amérique du Nord d'ici quelques années. L’entreprise torontoise espère ainsi recréer les emplois que le Québec a déjà eus dans le segment du crédit-bail.

Element figure parmi les rares entreprises hors du secteur des ressources naturelles à avoir complété un appel public à l’épargne en 2011. Elle a avalé Alter Moneta l’été dernier, une entreprise de la région montréalaise qui offrait aussi des crédits-bails. Alter Moneta a déjà géré un portefeuille de prêts de plus de 2 milliards avant la crise financière de 2007-2008, mais n’avait plus que 180 millions $ sous gestion au moment où l’acquisition a été complétée. Le nombre d’employés d'Alter Moneta, qui a déjà atteint 150 personnes, n’était plus que de 20 vers la fin de 2011.

Un marché porteur

Plusieurs gros acteurs du secteur se sont retirés ou sont en train de le quitter, que ce soit au Québec ou ailleurs en Amérique du Nord, souligne Pierre Lortie, administrateur d’Element et ancien haut dirigeant de Bombardier. Un terreau fertile pour les entreprises indépendantes telles Element qui veulent croître.

« Au Québec, l’importance de ce type de financement est en progression, mais il a chuté de 20 % depuis 2006. Cela reflète le problème vécu à l’échelle canadienne étant donné que les grands joueurs ont restreint l’accès au crédit et se sont graduellement retirés du marché », a expliqué M. Lortie en entrevue. L’offre de crédit-bail a aussi été réduite aux États-Unis, depuis la crise financière de 2007, ajoute-t-il.

Element offre du financement pour des équipements de moyenne taille (camions, remorques, voiturettes de golf, machinerie de construction). Elle veut occuper l’espace vacant dans le marché et utiliser ses bureaux de Longueuil pour y établir ses activités d’administration et de support. L’acquisition d’Alter Moneta visait d’ailleurs à mettre la main sur une plateforme de gestion de portefeuilles de prêts reconnue comme l’une des meilleures au Canada.

Deux analystes suivent le titre d’Element et en recommandent chacun l'achat. La cible est de 5,75 $ pour Stephen Bowland chez GMP Securities, et de 6 $ pour John Aiken, de Barclays Capital.

M. Bowland s’attend à des revenus de 29,9 millions $ pour l’exercice 2012, alors qu’Element avait des actifs de 425 millions $ à la mi-décembre et un portefeuille de prêts de 250 millions $. Selon lui, le bénéfice par action devrait atteindre 11 cents en 2012.

Element cible à plus long terme le marché du financement pour de plus gros appareils, comme des avions ou des hélicoptères, où le terme passe de cinq à dix ans en général. Avec ces deux objectifs, Element espère porter à plus de 150 le nombre d’employés au Québec, dépassant les effectifs qu’Alter Moneta avait à son point culminant.

Quant à l’incertitude économique qui se dessine et qui peut inciter les entreprises à reporter des investissements, cela n’effraie pas M. Lortie. « Il y a encore beaucoup d’achats d’équipements. Aussi, le crédit-bail permet à des compagnies d’acquérir des équipements qu’ils ne pourraient pas se procurer en se finançant auprès d'une banque. Element peut se permettre de prêter à une entreprise dont le bilan est moins fort ». Et cela n’augmente pas leur risque pour autant, affirme-t-il.

La différence réside dans l’expertise qu’une entreprise de crédit-bail possède et qu’on ne retrouve pas dans les banques : la connaissance des équipements financés. En cas de pépin chez l’emprunteur, des joueurs comme Element savent comment faire le suivi de l’entretien de cette machinerie, et comment trouver de nouveaux propriétaires s’ils se retrouvent avec ce matériel sur les bras parce qu’ils garantissaient le prêt.

« Lorsqu’Air Canada achète un avion, le risque est le même pour Air Canada peu importe avec qui il se finance. » Par contre, une banque ne prendrait pas le même risque qu’un prêteur sous forme de crédit-bail, précise-t-il.

Et contrairement aux banques, des sociétés comme Element concluent des ententes avec des manufacturiers ou des distributeurs d’équipements afin de fournir le financement aux acheteurs.

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