Améliorer la qualité de vie des patients
Un autre logiciel, conçu sous sa gouverne et qui est à l'essai à Sainte-Justine ainsi qu'à Bordeaux, Toulouse et Boston, permet de rendre les corsets de correction de la scoliose plus légers, plus aérés et plus confortables. Un détail important quand on sait que les jeunes malades doivent les porter 23 heures par jour !
Ce logiciel utilise les données d'un scan du tronc de l'enfant pour simuler divers designs de corset et prédire leur efficacité. «On estime qu'on peut diminuer de moitié la quantité de matériau utilisé et de 30 % la surface de contact», précise Carl-Éric Aubin.
L'ingénieur fait aussi des recherches en amont pour mieux comprendre l'évolution des maladies de la colonne et intervenir plus tôt dans le processus. Un exemple ? Il travaille sur des microagrafes qui pourront être fixées sur les vertèbres des enfants atteints de scoliose et en moduler la croissance, de sorte que la déformation soit moins sévère.
Comme cette technique pourra s'effectuer par endoscopie, elle sera beaucoup moins invasive que la chirurgie actuelle qui consiste à insérer des vis, des tiges et des crochets.
Autre avantage : elle permettra d'éviter la fusion des vertèbres. En plus de conserver toute la mobilité de son dos, le jeune patient sera donc moins à risque de souffrir de problèmes à long terme comme la dégénérescence des disques vertébraux, les maux de dos, l'arthrose, etc.
Bien que cette innovation soit prometteuse et qu'elle ait été brevetée, il faudra attendre de 5 à 10 ans avant qu'un premier patient en bénéficie. Car des questions restent encore sans réponses. «Par exemple, en laissant aux vertèbres leur mobilité, la déformation pourrait continuer à progresser, indique M. Aubin. Il faut trouver une façon d'utiliser les microagrafes pour que le réalignement de la colonne soit définitif.»
Pour mener ses travaux, l'ingénieur travaille en étroite relation avec des chirurgiens, des orthésistes, des infirmières, des physiothérapeutes, des biologistes moléculaires, des généticiens et d'autres professionnels.
«C'est un défi, car on ne parle pas toujours le même langage, dit-il. Mais c'est cette interface entre différentes disciplines qui permet d'arriver à des avancées majeures.»