Martine Ouellet place Ressources-Québec « dans une position délicate »

Publié le 13/11/2013 à 17:24

Martine Ouellet place Ressources-Québec « dans une position délicate »

Publié le 13/11/2013 à 17:24

Par Suzanne Dansereau

La ministre des Ressources naturelles et la direction de Ressources-Québec ne partagent pas le même point de vue dans le dossier de la transformation minière.

On se doutait bien que l’arrimage entre un gouvernement qui veut «mettre au pas» l’industrie minière et l’organisme gouvernemental qui a le mandat de soutenir financièrement cette même industrie ne serait pas simple. Nous avons pu prendre la mesure du fossé qui sépare leur vision au cours d’une entrevue accordée à Les Affaires par le directeur général de Ressources-Québec, Denis Williams, en marge du congrès annuel de l’Association de l’exploration minière du Québec.

Alors que la ministre Ouellet a annoncé il y a quelques jours qu’elle était en discussions avec la minière Stornoway pour que son projet de mine de diamants Renard– dont Québec est actionnaire à 35% via Ressources-Québec - inclut l’ouverture d’usine de transformation du diamant, le patron de Ressources-Québec a indiqué que cette idée, mise de l’avant dans le passé, n’avait pas réussi le test de la viabilité économique.

« Il faut voir la réalité économique, a déclaré Denis Williams. L’expérience a démontré que cela (la transformation) n’a pas fonctionné. »

La volonté de la ministre « nous met dans une position délicate, a-t-il poursuivi. La transformation requiert une expertise que le producteur minier n’a pas, et peut demander des investissements supplémentaires ».

A travers ses diverses institutions financières - SOQUEM, le SGF, puis Investissement-Québec et Ressources-Québec – le gouvernement québécois a investi plus de 80 M$ au fil des ans dans le gisement diamantifère Renard, que la SOQUEM a découvert avant de s’associer avec la minière Stornoway, de Vancouver.

Québec est aussi partenaire à plus de 60% du projet de la mine Arnaud, près de Sept-îles, avec le géant du fertilisant Yara International, de Norvège. Dans ce dossier, créer un volet de transformation comme le souhaîte  la ministre Ouellet ne serait pas réaliste aux yeux de M. Williams. D'ailleurs, Ressources-Québec veut réduire sa participation dans le projet, mais le partenaire privé Yara refuse d’augmenter la sienne.

 

Bilan de l’an un

Créé en 2012 par l’ancien gouvernement Charest, Ressources-Québec a investi 90 M$ d’argent neuf dans le secteur minier depuis sa création, a rapporté M Williams au congrès de l’AEMQ.

Plus de 65 M$ sont allés dans des réinvestissements chez Stornoway, Mine Arnaud et Royal Nickel Canada (projet de nickel en Abitibi), tandis que le reste a été dirigé, sous forme de prêts ou de participations en capital-actions vers de nouveaux projets : 5 M$ chez Métaux Blackrock (mine de fer et vanadium dans le camp Chibougamau) 5M$ chez Junex (pétrole en Gaspésie), 5 M$ chez Donner Metals (projet de mine de zinc et cuivre avec Xstrata) et 5 M$ chez Argex (usine de transformation de titane). Un autre placement n’a pas encore été dévoilé.

M. Williams a signalé que ses principaux critères d’investissement étaient les suivants : un plan d’affaires réaliste, une équipe de direction expérimentée, un potentiel de rentabilité démontré, un impact économique positif, un travail en complémentarité avec d’autres investisseurs importants et l’acceptabilité sociale. La transformation du minerai au Québec n’y figure pas.

Quand on lui demande si son investissement dans le projet Mine Arnaud aujourd’hui, très contesté à Sept-îles, répond au critère d’acceptation sociale, M. Williams répond que Ressources-Québec a récemment fait un « pas supplémentaire » de ce côté en acceptant de commander une analyse de toxicité additionnelle pour répondre aux craintes de la population. «On n’ira pas forcer un projet sans acceptabilité sociale », a-t-il promis.

 

Déclencheur

Le rôle de Ressources-Québec dans les projets miniers au Québec, poursuit M. Williams, est d’être l’investisseur institutionnel « déclencheur » de d’autres investissements. Ce fut le cas pour le dossier de Métaux Blackrock, où cette minière montréalaise à capital fermé, déjà financée en majorité par Hong Kong, a pu aller chercher le fonds souverain de Oman après avoir fait entrer Ressources-Québec dans le montage financier du projet.

 

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