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La chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, affirme que la Caisse de dépôt et placement "a perdu son âme" en prêtant à l'entreprise Kruger pour qu'elle crée des emplois à Memphis, aux États-Unis, plutôt qu'à Crabtree, au Québec.
Mme Marois avait convoqué la presse, lundi à Montréal, pour émettre ses commentaires depuis l'annonce, le 19 août, de cet investissement de la papetière Kruger à son usine de Memphis, aux États-Unis, plutôt qu'à son usine de Crabtree, près de Joliette.
Investissement Québec tentait de convaincre Kruger d'investir plutôt au Québec, mais Kruger a finalement arrêté son choix sur Memphis.
Le projet de 316 millions $US doit permettre d'acquérir une nouvelle machine à papier et de construire un édifice pour la recevoir. La Caisse de dépôt prêtera 211 millions $US pour mener à bien ce projet. Kruger a également reçu une aide des autorités régionales de Memphis, qui ont offert des crédits d'impôt de 45 millions $US sur 15 ans.
Mme Marois ne blâme nullement Kruger, qui a le droit d'investir où elle veut, mais la Caisse de dépôt, qui, avec son prêt, a contribué à créer des emplois à Memphis plutôt qu'au Québec avec l'argent des Québécois qu'elle gère.
"La Caisse de dépôt, elle, a une responsabilité à cet égard. Et à partir du moment où c'est de l'argent de nos caisses de retraite, de nos fonds de retraite, de nos régimes d'assurances, qui servent à délocaliser des emplois, je crois que la Caisse de dépôt montre qu'elle a perdu son âme à toutes fins pratiques", s'est exclamée Mme Marois.
Mme Marois s'étonne du rôle de la Caisse de dépôt, d'autant plus qu'Investissement Québec tentait de convaincre la même entreprise Kruger d'investir et de créer ces emplois plutôt à Crabtree. "Le bras droit ignore ce que fait le bras gauche", a dénoncé Mme Marois.
La chef péquiste croit qu'il s'agit là d'une preuve de plus que le mandat de la Caisse de dépôt et placement du Québec doit être revu pour privilégier le développement économique au Québec et la création d'emplois au Québec.
"Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas aider des entreprises québécoises à l'étranger et les soutenir par des investissements, par des prêts, par de la participation à du capital, par des obligations, peu importe. Mais ce que l'on dit, c'est que dans certaines circonstances, on a une entreprise qui a le choix d'investir au Québec ou d'investir à l'étranger, pour des produits semblables. Et à ce moment-là, on dit: on devrait privilégier le Québec", a conclu Mme Marois.
Réaction de la Caisse
De son côté, la Caisse de dépôt a émis un communiqué pour répondre aux critiques formulées depuis que son prêt à Kruger a été rendu public.
Elle y affirme que lorsqu'elle a été approchée par Kruger qui désirait obtenir de l'aide pour investir à Memphis, l'entreprise lui avait dit qu'elle avait cessé ses discussions avec Investissement Québec pour investir à Crabtree. "Selon Kruger, l'analyse financière du projet ne permettait tout simplement pas de réaliser cet investissement à Crabtree pour des raisons de viabilité commerciale", rapporte la Caisse de dépôt.
"Au moment des discussions avec la Caisse, seul le projet d'investissement à Memphis a été présenté", assure-t-elle, laissant entendre qu'il ne s'agissait donc pas d'un choix entre les deux municipalités.
La Caisse affirme qu'il s'agit là d'une "occasion d'affaires intéressante visant à procurer des rendements attrayants" pour les Québécois, tout en soutenant une entreprise québécoise qui veut se développer aux États-Unis.
