«On vient de Sillery et on était d'accord pour que le ministère se donne une mission de préservation, mais ça a été long ! Et on a dû attendre même si notre projet était conforme au zonage», déplore Marc Bilodeau.
Au fil des ans, les Bilodeau ont dû s'adresser à différents interlocuteurs au gouvernement pour faire avancer les choses. Puis, en décembre 2013, ils ont obtenu le feu vert de l'ancien ministre Maka Kotto. Mais alors, des voisins de Woodfield ont contesté cette approbation, alléguant en cour qu'il y avait eu abus du pouvoir discrétionnaire. Ils se sont appuyés également sur les avis défavorables du Conseil du patrimoine culturel du Québec, qui avait jugé le projet «trop haut, trop gros, trop envahissant». Mais le ministère avait retenu la position de la Commission de la capitale nationale, selon laquelle le boisé ne représentait aucun caractère distinctif ou exceptionnel. Dans les faits, la plupart des arbres avaient poussé dans les 40 dernières années. Et la Cour a reconnu le droit du promoteur de construire sur son terrain.
«Avoir su que ce serait comme ça, on ne se serait jamais embarqués là-dedans. Et si d'autres terrains sont à vendre à Sillery, pas sûr qu'on achèterait ! réagit Marc Bilodeau. L'opinion publique a beaucoup de poids à Québec et la Ville a du mal à gérer ça. Ça donne l'impression que la Ville n'a pas confiance dans les projets présentés.»
Les commerçants du secteur, eux, se sont prononcés en faveur de la densification urbaine dans Sillery. L'ancien président de la Société de développement commercial de l'avenue Maguire, François Joyet, trouve le projet Woodfield en équilibre avec son secteur.
«Et une vie de quartier passe par une mixité de population. La moyenne d'âge ici est un peu élevée. Les gens de Sillery veulent y rester. Je voudrai aussi le faire, mais j'aurai besoin d'options quand je vendrai ma maison. Or, ça faisait longtemps ici qu'il n'y avait pas eu un projet intéressant.»