Griffintown: 8 000 logements, aucune école


Édition du 26 Avril 2014

Griffintown: 8 000 logements, aucune école


Édition du 26 Avril 2014

Par Claudine Hébert

La gouvernance et les taxes d'abord

L'administration du maire Denis Coderre est consciente du chemin à parcourir. Mais elle dit privilégier une approche par étape. «On a commencé par régler nos problèmes d'intégrité et par réduire le fardeau fiscal. Ces deux initiatives ont pour but ultime de nous faire réaliser des économies de plus de 250 millions de dollars, et ce, afin d'améliorer les infrastructures de Montréal», indique Pierre Desrochers, président du comité exécutif à la Ville de Montréal.

Il admet que le développement de projets résidentiels doit s'ajuster davantage aux réalités d'aujourd'hui. «Les futurs projets résidentiels dans le secteur Namur-Jean-Talon, sur le site de l'ancien hippodrome, devront prévoir des écoles dans leurs plans de développement. Un élément essentiel pour conserver les familles en ville», assure-t-il.

Mais, pour redevenir cohérente en matière de développement urbain, la Ville de Montréal devra bénéficier d'un réel statut de métropole, estime-t-il. Un statut que la Ville sollicite auprès du gouvernement provincial. Montréal, insiste Pierre Desrochers, a besoin de plus d'autonomie et d'une meilleure gestion de son immigration pour assurer l'intégration des nouveaux arrivants. Elle doit aussi être maîtresse du développement de son transport en commun et bénéficier de meilleures sources de financement. Pour le moment, les revenus municipaux reposent essentiellement sur les taxes foncières.

Selon l'urbaniste Gérard Beaudet, ce modèle de financement nuit à la cohérence et à une meilleure vision du développement urbain. «En ne reposant que sur les taxes foncières pour leur financement, plusieurs municipalités, y compris Montréal, sont tentées d'accepter n'importe quel type de projet. On doit changer cette façon de faire.»

Des cours d'école sur les toits

Depuis 2006, la ville compose avec un baby-boom qui n'est pas sans causer des maux de tête aux commissions scolaires de l'île, responsables de la gestion des immeubles. Particulièrement dans les écoles primaires. «On prévoit accueillir un millier de nouveaux élèves par an au cours des dix prochaines années», indique Catherine Harel-Bourdon, présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Pour pallier la situation, la CSDM procède à plusieurs travaux d'agrandissement, principalement dans les quartiers NDG, Ahuntsic et Parc- Extension. Déjà cette année, quatre projets d'agrandissement ont été réalisés. Une vingtaine d'autres sont prévus d'ici les quatre prochaines années dans le réseau scolaire montréalais.

Mais ça ne suffit pas. Catherine Harel-Bourdon souhaite que la planification d'écoles intervienne dans les prochains projets immobiliers majeurs avant la première pelletée de terre. «On interpelle actuellement le maire Coderre pour qu'il remédie à cette situation. On tente de démontrer qu'une école ne sert pas qu'à l'enseignement scolaire. Elle sert également à la pratique de sports et de loisirs, le soir et les week-ends.»

Catherine Harel-Bourdon concède que la configuration des écoles traditionnelles devra s'adapter aux nouvelles réalités immobilières urbaines. «On ne peut plus construire des écoles sur de grands terrains, comme on en construit dans les banlieues et en région. Le ministère de l'Éducation, qui impose les mêmes règles à tout le monde, devra faire preuve d'ouverture», indique-t-elle.

Les plans de l'école du 21e siècle ne sont pas encore dessinés. N'empêche que Catherine Harel-Bourdon imagine déjà pour Montréal des écoles en hauteur avec des ascenseurs, des sorties de secours et des cours d'école sur les toits, soit des écoles comme on en voit déjà à Tokyo ou à New York.

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