Pauline Marois : il faut écraser les structures de l'État

Publié le 04/11/2010 à 18:45, mis à jour le 25/01/2011 à 15:04

Pauline Marois : il faut écraser les structures de l'État

Publié le 04/11/2010 à 18:45, mis à jour le 25/01/2011 à 15:04

Par Les Affaires

Pauline Marois. Photo David-Alexandre Alarie

Oubliant pendant plus d’une heure les débats houleux de l’Assemblée nationale et les tractations à l’intérieur de son parti, la chef péquiste a répondu aux questions de l’équipe de Les Affaires. Il en ressort une vision du développement économique en quatre temps, jusqu’ici passée inaperçue.

1. " Écraser les structures de l'État "... mais intervenir avec force dans l'économie

Advenant qu'après trois mandats libéraux, son parti forme le prochain gouvernement et qu'elle en soit toujours la chef, Pauline Marois promet deux choses : " écraser les structures de l'État " pour le rendre " plus imputable, plus performant et plus efficace ", tout en équipant la machine gouvernementale d'instruments musclés pour stimuler le développement économique et inciter le secteur privé à investir au Québec.

" Je veux un Québec riche et un état efficace ", a déclaré Mme Marois lors d'une entrevue accordée à l'équipe éditoriale de Les Affaires.

Ébauché sous le titre " Créer de la richesse ", le programme économique du Parti québécois (PQ) devrait être adopté au congrès du parti en avril 2011. Mais déjà, pour Mme Marois, le plan de match est clair et il s'articule autour de ces deux " priorités absolues ".

Plus de praticiens, moins de fonctionnaires

Quand elle parle d'écraser les structures, elle donne l'exemple du ministère de la Santé, qu'elle juge trop lourd. Le problème, c'est que son fonctionnement est à la fois centralisé et décentralisé : les 800 fonctionnaires du ministère à Québec " font le même job " que les 18 agences régionales. Il faudra choisir, dit-elle, et elle préfère avoir les fonctionnaires de la Santé en région plutôt qu'à Québec.

" Écraser un peu les structures bureaucratiques " ne veut pas nécessairement dire remercier des fonctionnaires, mais plutôt de ramener plus de praticiens sur le terrain. Prescrirait-elle le même traitement en matière d'éducation ? " L'éducation a besoin de structures intermédiaires ", nuance-t-elle.

En employant des expressions comme " moins de lourdeur et obligation de résultat " pour parler des fonctionnaires, Mme Marois puise dans le vocabulaire du monde des affaires.

Banque de développement du Québec

Sa vision du développement économique, en revanche, s'appuie sur un interventionnisme puissant. Pour la concrétiser, Mme Marois propose de créer un nouveau bras financier, la " Banque de développement du Québec ", qui regrouperait plusieurs sociétés d'État, dont la Société générale de financement et Investissement Québec (que le gouvernement Charest est en train de fusionner) ainsi que d'autres sociétés de capital de risque.

Son gouvernement souverainiste voudrait rapatrier les programmes fédéraux d'aide aux entreprises et aux collectivités au sein de cette banque. Quant à la Caisse de dépôt et placement du Québec, son mandat serait recentré sur l'investissement dans des entreprises québécoises.

Le gouvernement libéral actuel est en train de revoir ses programmes d'aide aux entreprises pour les rendre plus performants, moins nombreux et plus accessibles aux entrepreneurs. Mme Marois poursuivrait donc dans ce sens, mais de façon encore " plus ciblée et organisée ", c'est-à-dire que des secteurs industriels stratégiques sélectionnés obtiendraient la part du lion. Parmi ces secteurs : les technologies vertes et les hautes technologies, notamment les biotechnologies, que le gouvernement Charest a " laissées tomber ", déplore-t-elle.

Mais il y a une différence majeure entre sa vision et celle du gouvernement libéral en ce qui a trait au soutien des entreprises en prédémarrage et à haut risque : elle croit que ce sont des fonds d'État qui devraient les soutenir, et non des fonds privés financés en partie par l'État. Selon elle, en effet, il a été prouvé que le privé ne remplit pas adéquatement cette mission.

De façon générale, un gouvernement péquiste financerait davantage les entreprises pour qu'elles forment leur main-d'oeuvre et investissent dans la R-D et l'innovation. Dans le but d'encourager l'entrepreneuriat, son gouvernement irait même jusqu'à payer des chômeurs pour qu'ils se lancent en affaires. Comment ? En pigeant dans la caisse de l'assurance-emploi. Et il accorderait des incitatifs fiscaux aux entreprises pour qu'elles financent les universités.

Le privé dans les universités

Sur ce point, Mme Marois insiste : " Je comprends leur besoin d'indépendance, mais les universités doivent mieux s'arrimer au secteur privé ", plaide-t-elle. Ce dernier doit les financer et les accompagner davantage, comme cela se fait au Massachusetts Institute of Technology, mentionne-t-elle, où les entreprises, en plus de bâtir des pavillons, siègent à des comités universitaires.

La chef péquiste partage bien des constats et des objectifs qu'ont livré plusieurs leaders d'opinion au Québec, à savoir que le Québec doit prendre un virage important s'il ne veut pas s'appauvrir. Mais pour elle, la prospérité économique sera mieux assurée si le Québec devient un pays indépendant. Élue, elle mènerait donc les deux dossiers de front : la souveraineté et l'économie.

L'ampleur de la tâche ne l'inquiète pas. " J'ai les épaules larges ", dit-elle.

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