Ottawa convoque l'industrie pétrolière

Publié le 12/05/2011 à 11:21, mis à jour le 12/05/2011 à 16:30

Ottawa convoque l'industrie pétrolière

Publié le 12/05/2011 à 11:21, mis à jour le 12/05/2011 à 16:30

Par La Presse Canadienne

[Photo : Bloomberg]

Le ministre fédéral de l'Industrie, Tony Clement, fait sienne l'exaspération des Canadiens face à la hausse et aux fluctuations des prix de l'essence.

Le ministre Clement a ainsi annoncé jeudi, à Toronto, qu'il convoquera les représentants des secteurs du raffinage, de la distribution et de la vente au détail de l'industrie pétrolière à Ottawa pour leur demander des comptes. Ils comparaîtront devant les membres d'une commission parlementaire.

En procédant à cette annonce, le ministre a reproché à l'industrie son manque de transparence sur la manière dont les prix sont fixés, qualifiant ces pratiques d'opaques.

"C'est important de poser des questions et d'avoir des réponses, a indiqué le ministre. Ce n'est pas possible d'avoir des vraies solutions s'il n'y a pas une compréhension du comment nous sommes arrivés à ce prix de l'essence, comment ce prix est affecté par les (facteurs) nationaux et internationaux."

L'idée d'une commission parlementaire a été accueillie froidement par le député libéral de Bourassa, Denis Coderre.

"La question, ce n'est pas de convoquer les ténors de l'industrie. On le sait où est le problème: tout le monde a la perception qu'il y a de la collusion et deuxièmement personne ne comprend pourquoi le baril est à la baisse et les prix augmentent quand même à la pompe", a dit le député libéral.

"Il y a quelqu'un qui se met de l'argent dans les poches et nous on en sort de notre poche. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités tant au niveau du bureau de la concurrence qu'au niveau de la réglementation. Si on est capable de mettre sur pied un prix plancher, il va falloir revoir la question du prix plafond", a-t-il ajouté.

Rappelant que le dernier budget du gouvernement Harper comprenait d'importants avantages fiscaux pour l'industrie pétrolière, dont les activités sont concentrées dans l'Ouest canadien où les conservateurs trouvent leurs assises politiques, M. Coderre a indiqué que l'occasion était bien choisie pour le gouvernement de démontrer que la proximité que certains leur reprochent avec l'industrie pourrait être utile.

"S'ils veulent vraiment démontrer qu'ils veulent aider la population, la première chose à faire, s'ils ont des contacts privilégiés, c'est d'obtenir des réponses privilégiées et de trouver des solutions pour régler la situation", a-t-il dit.

L'industrie se défend bien, toutefois, d'agir en collusion. Dans un communiqué, le président de l'Institut canadien des produits pétroliers (ICPP), Peter Boag, s'est dit prêt à collaborer avec le Parlement.

"Les membres de l'ICPP exercent leurs activités de façon éthique, professionnelle et en conformité complète avec la Loi sur la concurrence", écrit M. Boag, qui invoque les activités des marchés mondiaux, du marché nord-américain et la dynamique des marchés du détail locaux pour expliquer les fluctuations.

M. Boag ajoute même que "les Canadiens bénéficient d'une industrie pétrolière très concurrentielle, et les prix affichés à la pompe sont parmi les plus bas des pays occidentaux".

À Québec, pendant ce temps, l'opposition péquiste demandait à la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, de tenir elle aussi une commission parlementaire pour étudier la proposition de l'Association québécoise des indépendants du pétrole (AQIP) d'instaurer un prix plafond.

Mme Normandeau a indiqué qu'elle avait demandé à son ministère ainsi qu'à la Régie de l'énergie de se pencher sur la question mais n'a pas caché sa réticence à tenir une commission parlementaire.

"Il faut se dire les vraies choses: il y a eu une multitude de commissions parlementaires depuis plus de dix ans ici à l'Assemblée nationale sur les prix de l'essence et les solutions magiques, elles n'existent pas", a-t-elle lancé.

"Au Québec, il n'y a aucun gouvernement dans toute notre histoire qui est intervenu dans le marché des prix de l'essence parce que c'est un marché qui répond à la libre concurrence", a ajouté la ministre en Chambre.

Outre les consommateurs, le milieu des affaires a aussi du mal à absorber les hausses successives du prix de l'essence, a confié à La Presse Canadienne la vice-présidente pour le Québec de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), Martine Hébert.

"Déjà, les coûts de l'énergie en général créent une forte pression sur les PME. Quand on ajoute la question des prix de l'essence, c'est évident que cela les affecte, d'autant plus qu'elles sortent à peine d'une récession et que la reprise est encore très fragile", a-t-elle indiqué.

D'ailleurs, les dernières données recueillies par la FCEI auprès de ses membres indiquent que trois entreprises sur quatre identifient les coûts des carburants et de l'énergie comme principal facteur de pression sur les coûts de leur entreprise, devant tous les autres coûts (coûts réglementaires, d'assurance, d'occupation, du matériel et des technologies, des intrants, des devises étrangères, des frais bancaires et de traitement, d'emprunt et les charges salariales).

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