Guy LeBlanc sera le nouveau patron chez Investissement Québec

Publié le 18/04/2019 à 13:57, mis à jour le 18/04/2019 à 16:41

Guy LeBlanc sera le nouveau patron chez Investissement Québec

Publié le 18/04/2019 à 13:57, mis à jour le 18/04/2019 à 16:41

Le parlement de Québec

(Photo: 123RF)

Parce qu’il a « beaucoup d’amis » et une vaste « expérience » dans le monde des affaires, le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, estime qu’il ne faut pas s’étonner de ses relations d’affaires et amicales avec le nouveau président-directeur général d’Investissement Québec (IQ), Guy LeBlanc.

En confirmant la nomination du patron du bras financier du gouvernement Legault, vendredi à Montréal, le ministre Fitzgibbon a dû répondre à de nombreuses questions entourant ce choix.

« Les chances que le nouveau PDG d’IQ soit une personne connue de ma part étaient très grandes compte tenu de l’expérience et de l’implication que j’ai dans le milieu des affaires », a-t-il dit, tout en répétant à plusieurs reprises qu’il avait « plusieurs amis ».

Avant de faire le saut en politique l’an dernier, le sexagénaire a eu une longue carrière dans le domaine des affaires, où il a été partenaire au sein du fonds Walter Capital en plus de siéger à plusieurs conseils d’administration.

Talonné à l’Assemblée nationale par les partis d’opposition, qui voyaient un caractère partisan à la nomination et qui ont dénoncé la bonification de la rémunération octroyée à M. LeBlanc et son équipe, le premier ministre François Legault a tenu le même discours que son ministre.

Dans l’opposition, la Coalition avenir Québec montait toutefois souvent aux barricades pour dénoncer les nominations partisanes effectuées par les gouvernements libéral et péquiste précédents.

« Le ministre de l’Économie, j’ai eu juste des félicitations depuis son choix, parce qu’il connaît tout le monde ou à peu près dans le monde des affaires », s’est défendu M. Legault.

De longue date

MM. Fitzgibbon et LeBlanc se connaissent depuis longtemps, ayant étudié ensemble à HEC Montréal en plus de se côtoyer chez PricewaterhouseCoopers. Ils sont également partenaires d’affaires, le ministre ayant notamment investi dans l’entreprise en démarrage du fils de sa nouvelle recrue.

Le choix de M. LeBlanc, dont le leadership a été vanté à maintes reprises pendant la conférence de presse, a fait l’objet d’allégations selon lesquelles M. Fitzgibbon aurait outrepassé la recommandation de la firme de chasseurs de têtes retenue par Québec pour imposer son choix.

Interrogé à ce sujet, le ministre de l’Économie a rejeté cette hypothèse, estimant que le processus visant à identifier le candidat pour remplacer Pierre Gabriel Côté, nommé par le gouvernement libéral précédent en 2015 et dont le mandat se termine à la fin juillet, s’est déroulé dans les règles de l’art.

Cela n’a pas empêché M. Fitzgibbon de proposer sa propre liste de candidats.

« J’avais identifié sept, huit, dix noms, a-t-il raconté. J’ai dit “voici des noms, en avez-vous d’autres ?". On a choisi une firme et eux aussi ont ajouté des noms. À la fin, il y avait effectivement deux candidats. Le critère ultime a été fait avec une grille d’évaluation (où le critère) du leadership (était important), et à travers ce filtre, c’est Guy LeBlanc qui est ressorti. »

Il n’a pas été possible de savoir si le nom de celui qui était jusqu’à tout récemment associé chez PricewaterhouseCoopers était celui qui figurait en tête de liste de la firme de chasseurs de têtes.

En mêlée de presse au terme de l’annonce, la présidente du conseil d’administration d’IQ, Monique Leroux, a estimé qu’il était « normal » d’avoir des discussions sur le candidat à embaucher à la tête de l’organisme.

« Mais la recommandation du comité, du comité exécutif et du conseil a été unanime pour M. LeBlanc », a-t-elle estimé.

Selon le professeur à l’Université d’Ottawa et titulaire de la chaire Jarislowsky sur la gestion dans le secteur public Luc Bernier, la proximité entre MM. Fitzgibbon et Bernier peut s’avérer un avantage sur certains aspects.

Au cours d’un entretien téléphonique, il a expliqué que M. LeBlanc aura probablement les coudées franches pour parler au ministre de l’Économie.

« Par contre, si sa connaissance du ministre est son seul atout, nous sommes dans le trouble », a-t-il prévenu.

En hausse

Si on ignore toujours les détails de la refonte d’IQ, on sait toutefois que les conditions de rémunération de M. LeBlanc seront modifiées, ce qui lui permettra de toucher « pas loin » de 1 million $ si les résultats sont au rendez-vous, selon le ministre Fitzgibbon.

L’an dernier, M. Côté avait vu sa rémunération globale s’établir à 523 102 $ et il avait touché un salaire de base de 415 236 $.

Mais le salaire de base du nouveau dirigeant d’IQ devrait grimper, et ce dernier, ainsi que les membres de son équipe, aura également droit à des émoluments incitatifs à court et long terme dans l’espoir de stimuler la performance.

« La plus importante partie de la rémunération va être sur un cycle de trois ans, a dit M. Fitzgibbon. On veut que le développement économique soit au centre des actions. Pour mesurer ces gestes, il faut plus qu’un an. »

Au terme de l’exercice 2017-2018, IQ avait affiché un bénéfice net record de 264 millions $, ce qui était toutefois attribuable à un élément non récurrent, la vente de vieilles actions de Domtar. Le rendement ajusté des capitaux propres avait fléchi de 0,2 point de pourcentage, à 5,3 %.

C’est surtout sur l’aspect de la rémunération que M. Bernier a réservé ses critiques.

« Avant de payer quelqu’un 1 million $ pour gérer IQ, il serait bien que les résultats soient au rendez-vous, a dit l’expert. La rentabilité d’IQ a toujours été faible et les résultats n’ont jamais été éblouissants. »

M. Bernier s’est également demandé s’il était normal que le nouveau patron puisse avoir une rémunération globale similaire à celle du président-directeur général d’Hydro-Québec, Éric Martel, qui a touché 826 148 $ en 2018.

 

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