Face à Trump, le Canada compte sur Chrystia Freeland pour établir un dialogue constructif

Publié le 10/01/2017 à 16:33

Face à Trump, le Canada compte sur Chrystia Freeland pour établir un dialogue constructif

Publié le 10/01/2017 à 16:33

Par AFP

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a musclé son gouvernement mardi en préparation de la présidence de Donald Trump, remplaçant son chef de la diplomatie Stéphane Dion, très critique du président élu des Etats-Unis, par Chrystia Freeland.

Ancienne ministre du Commerce international, Chrystia Freeland garde ses prérogatives sur les échanges commerciaux avec les Etats-Unis et devra renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada dont Donald Trump a promis de mettre à plat.

Ancienne journaliste, Chrystia Freeland, 48 ans, s'était notamment illustrée cet automne en arrachant l'accord de libre-échange UE-Canada (AECG, en anglais CETA) que bloquait la Wallonie.

Elle succède aux Affaires étrangères à Stéphane Dion qui avait ouvertement critiqué Donald Trump lors de la campagne électorale américaine. Rompant avec la traditionnelle réserve des diplomates, M. Dion avait souligné que le Canada «ne peut pas accepter» la proposition du milliardaire anti-mondialisation d’interdire l’entrée des Etats-Unis aux musulmans.

Juste après son remplacement, Stéphane Dion qui, selon les médias canadiens, mécontent d'avoir été remercié, a annoncé quitter la vie politique après 21 ans de service.

La promotion de Mme Freeland, qui devient de facto la super-ministre du cabinet de Justin Trudeau, démontre l'importance qu'accorde le Canada au maintien de sa relation privilégiée avec les Etats-Unis, quel que soit le locataire de la Maison Blanche.

Polyglotte, de descendance ukrainienne par sa mère, elle est en tant que citoyenne canadienne interdite de territoire en Russie depuis sa participation en mars 2014 à une manifestation à Kiev contre l'invasion de la Crimée et de l'Est de l'Ukraine.

«J'aime la culture et la langue russe, j'ai adoré mes années à Moscou, mais c'est un honneur d'être dans la liste des sanctions de Poutine», avait alors réagi celle qui était députée canadienne.

En 2012, elle s'était fait remarquer avec la publication d'un livre prophétique, «Ploutocrates: l'essor des nouveaux super-riches et la chute de tous les autres».

Elle y dénonçait «le capitalisme de connivence» qui accentue les inégalités et profite aux entrepreneurs les plus puissants, leur permettant de «modifier les règles du jeu à leur avantage».

Le danger qui guette les démocraties libérales au XXIe siècle, expliquait-elle dans une autre tribune, est l'émergence de systèmes oligarchiques, tels qu'en Russie et en Chine, qui permettent de penser que «la liberté économique peut être séparée des libertés politiques et civiles».

Parité maintenue

Mme Freeland est remplacée au Commerce international par François-Philippe Champagne, jusque-là ministre adjoint aux Finances et spécialiste du droit des affaires.

Libéral, Justin Trudeau est un fervent partisan du commerce international et du libre-échange, à l'inverse du prochain président américain, en guerre contre les délocalisations et qui veut rouvrir, voire abroger, l'Aléna.

Ces dernières semaines déjà, le chef du gouvernement avait dépêché dans la capitale américaine ses plus proches lieutenants pour tenir des réunions avec la garde rapprochée de M. Trump afin de préserver les relations essentielles entre les deux voisins.

Justin Trudeau a également donné des gages de bonne volonté à la Chine, le deuxième partenaire commercial du Canada, en nommant comme ambassadeur à Pékin John McCallum, qui s'était distingué dans la dernière année comme ministre de l'Immigration en pilotant l'accueil de près de 40.000 réfugiés syriens.

Cet ancien économiste en chef de la Banque Royale, la première du Canada, aura notamment la responsabilité de piloter les discussions avec Pékin pour conclure un accord de libre-échange.

Le poste de l'Immigration revient à Ahmed Hussen, né en Somalie.

Au terme de ce remaniement, qui concerne également le ministère du Statut de la femme, celui des Institutions démocratiques, et celui du Travail, la pleine parité du gouvernement fédéral, chère à Justin Trudeau, est préservée.

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