Quand François Joyet a amené les bagels de style Montréal à Québec en 1988, il faisait goûter son produit dans les épiceries, et une question revenait toujours de la part des consommateurs : qu'est-ce que je fais avec le trou ?

Aujourd'hui, le président de Bagel Maguire franchit le pas de la production artisanale à la production industrielle en comblant le trou qui faisait fuir les tomates et les oeufs du sandwich.

« Quand j'ai décidé d'ouvrir une autre usine pour répondre à une demande croissante, j'ai voulu mettre en marché un deuxième produit afin de limiter mes risques. J'ai eu l'idée de la barre bagel », raconte l'entrepreneur, qui tenait néanmoins à conserver le goût de ses bagels traditionnels.

Le nouveau produit, appelé Bagelwich, est arrivé discrètement sur les tablettes des épiceries Metro à la rentrée, puis chez IGA et Super C ces derniers jours. Il a été précédé d'une campagne marketing chez les détaillants, puis sur les médias sociaux, au moyen d'un court film d'animation, mettant en vedette le personnage du « pain charmant » qu'est le Bagelwich.

« Les entreprises prennent généralement une personnalité connue comme porte-parole, et la notoriété de la personne grandit avec celle de la marque. La marque devient dépendante d'une personnalité qu'elle doit payer de plus en plus cher. Nous, on est propriétaires de notre outil publicitaire, et ça permet plus de flexibilité », souligne M. Joyet.

La production est multipliée par 10

Avec ses partenaires financiers, Jacques Tanguay (Ameublements Tanguay) et Daniel Tremblay (un ancien vice-président de Provigo), il a investi 9 millions de dollars pour acheter les locaux de Cuisines Rochette, en faillite, et transformer les lieux en usine pour ses bagels traditionnels et ses Bagelwich. La fabrication était faite jusqu'à présent dans les locaux du Traditionnel Bagel Maguire Café, à Sillery. Avec la nouvelle usine, la production passe ainsi de 1680 à 18000 unités l'heure.

« J'ai maintenant une usine de 40000 pieds carrés et les Bagelwich représenteront 75% de ma production. Mais on crée vraiment un nouveau produit, ce qui est rare en boulangerie », dit M. Joyet.

L'usine, située dans le quartier Vanier à Québec, emploie 35 personnes pour le moment.

Elle devrait permettre à Bagel Maguire de faire gonfler son chiffre d'affaires de 1,2 à 12 M$ l'an prochain, si tout se déroule comme prévu. D'ici la fin octobre, les Bagelwich devraient être offerts en Ontario, puis dans le reste du Canada. Des négociations sont en cours « avec un des trois plus grands distributeurs aux États-Unis » pour faire entrer le produit dans ce pays en 2013.