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La collaboration, les partenariats et le soutien des collectivités envers la population vieillissante devront faire partie des solutions pour assurer une belle qualité de vie aux personnes aînées. Une équipe de chercheurs de l’Université de Sherbrooke compte bien en faire la démonstration.
Mélanie Levasseur vient d’entamer une étude de trois ans sur le bonheur des aînés. Ce vaste projet de celle qui est professeure-chercheuse à l’École de réadaptation de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke et au Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSSS de l’Estrie — CHUS réunit sept chercheurs et est mené en collaboration avec des gestionnaires de RPA du Québec.
Il permettra, dit-elle, d’identifier les éléments contribuant au bonheur de la population vieillissante selon son milieu de vie. Des éléments, précise-t-elle, qui pourront mieux guider les actuelles et futures politiques des gouvernements.
Ébranler les croyances
« Je souhaite que notre analyse des réponses obtenues auprès de milliers d’aînés de divers milieux ébranle les croyances actuelles, affirme la professeure Levasseur. D’ici une vingtaine d’années, avance-t-elle, le nombre d’aînés aura doublé au Canada et près de la moitié auront des incapacités à un moment ou à un autre. »
L’étude, qu’elle dirige, se présentera en trois grandes étapes.
La première, qui vient d’être complétée, a permis de traduire et de valider un questionnaire sur l’épanouissement des personnes aînées en lien avec leur milieu de vie. La deuxième, qui se déroulera au cours des prochains mois, permettra de s’entretenir avec plus de 1000 personnes vivant à domicile et dans des RPA de différentes tailles. « Une fois ces réponses compilées, l’étape finale consistera à comparer le lien entre le bonheur et l’épanouissement de ces aînés selon les milieux de vie où ils évoluent. Il s’agira de bien cerner comment leur environnement contribue à leur bonheur », indique-t-elle. Leur bonheur, mais aussi leur épanouissement, leur participation sociale, et leur intégration dans la communauté, précise Mélanie Levasseur.
Déjà des indices
En attendant, la chercheuse observe déjà qu’un fort courant incite les acteurs de l’industrie à repenser leurs espaces communs pour favoriser les rassemblements et les interrelations. « Certaines observations nous permettent de croire que les visites et les activités en résidence figurent parmi les sources qui favorisent le bonheur. On fait également l’hypothèse que le degré de bonheur sera plus élevé chez les aînés vivant dans des résidences les mieux intégrées au sein de leur voisinage. » D’ailleurs, plusieurs gestionnaires organisent déjà des activités, des conférences ainsi que divers cours et ateliers au sein de leurs résidences qui ne sont pas exclusifs aux résidents, fait savoir la professeure Levasseur.
La chercheuse de l’Université de Sherbrooke anticipe également que le soutien à domicile fera partie des incontournables pistes à considérer. Les familles et les communautés devront aussi participer à l’effort pour trouver des solutions pérennes pour les personnes aînées, croit Mélanie Levasseur.
« Se préoccuper du bien-être et du bonheur des aînés devrait déjà être une priorité élevée », soutient-elle. Pourtant, plusieurs débats majeurs les concernant sont relégués à plus tard. « Comme si nous ne réalisons pas qu’un jour, c’est nous qui allons devenir ces aînés. Malheureusement, un peu comme on le fait face aux changements climatiques, l’humain préfère être réactif… », déplore-t-elle.