Entrevue n°204: Christine Bader, anciennement chargée de la responsabilité sociale de l'entreprise chez BP


Édition du 17 Mai 2014

Entrevue n°204: Christine Bader, anciennement chargée de la responsabilité sociale de l'entreprise chez BP


Édition du 17 Mai 2014

Par Diane Bérard

D.B. - Faire le bien n'est pas chose facile. Vous l'avez appris en Indonésie. Racontez-nous.

C.B. - Dans mon rôle, on apprend à faire la bonne chose et à attendre l'inattendu ! Le projet Tangguh a exigé la relocalisation de 127 foyers. Nous avons recruté des experts de la Banque mondiale pour respecter les normes internationales. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je suis retournée sur les lieux quelques années plus tard. Derrière la plupart des maisons que nous avions bâties se trouvaient des habitations de fortune. De nombreuses familles avaient choisi de résider dans ces humbles demeures afin de louer leur résidence principale ! Certains s'en offusqueraient, estimant que leur investissement pour améliorer les conditions de vie de ces populations serait alors gaspillé. C'est une question de point de vue.

D.B. - Le fait de connaître et de documenter ses risques sociaux et environnementaux n'est pas nécessairement une bonne pratique. Pourquoi ?

C.B. - Ce n'est pas ce que je pense, mais c'est plutôt l'opinion de certains avocats d'affaires. On m'a déjà dit qu'il était préférable de ne laisser aucune trace prouvant que nous sommes conscients de l'existence de certains risques. Car, en cas de catastrophe, nous pourrions être tenus responsables. C'est ridicule. D'abord, parce que si une catastrophe survient, nous sommes responsables. Ensuite, ignorer un danger ne le fait pas disparaître. Les entreprises ont le pouvoir d'éviter plusieurs catastrophes.

D.B. - Les études d'impact environnemental sont répandues. Les études d'impact humain, moins. Expliquez-nous.

C.B. - BP fut la première société connue à réaliser une étude d'impact humain. C'était en 2001 pour le projet Tangguh. Ce type d'étude suit les mêmes principes que les études en environnement. Vous étudiez l'impact de vos activités sur la population locale. Le site du Centre de ressources sur les entreprises et les droits de l'homme offre plus de 5 000 cas documentés.

D.B. - Une entreprise doit-elle dénoncer un gouvernement corrompu ou abusif ?

C.B. - Elles le font plus souvent que vous ne le pensez. Mais cela se déroule derrière des portes closes. En matière de droits de l'homme et de RSE, la transparence peut causer plus de mal que de bien. Particulièrement aux gens que vous tentez de protéger. Il est parfois frustrant de savoir que son employeur a posé les gestes qui s'imposaient sans pouvoir le dire publiquement.

D.B. - Kofi Annan a dit : «Les anges n'ont pas besoin de notre aide». Comment influencer les dirigeants qui ne veulent rien savoir ?

C.B. - Ceux qui exercent mon rôle ont compris que nous ne sommes pas là pour convertir. Plutôt pour aider les autres employés à bien faire leur travail. Il faut rassembler l'information liée aux enjeux que nous couvrons et la traduire en actions concrètes pour nos collègues. Et reconnaître avec humilité ce que l'on contrôle et ce qui nous échappe. Pour ces dossiers-là, il faut chercher des alliés.

D.B. - Vous avez quitté BP avant le déversement Deepwater Horizon de 4,9 millions de barils de pétrole. Vous demandez-vous si vous auriez pu l'éviter ?

C.B. - J'y pense tous les jours. Mon rôle était de concevoir des politiques de RSE pour influencer la culture des employés. Aurais-je pu faire plus ?

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