Indigo aurait plus de flexibilité dans sa relance avec une privatisation

Publié le 02/02/2024 à 12:31, mis à jour le 02/02/2024 à 18:37

Indigo aurait plus de flexibilité dans sa relance avec une privatisation

Publié le 02/02/2024 à 12:31, mis à jour le 02/02/2024 à 18:37

Par La Presse Canadienne

Indigo a annoncé des licenciements plus tôt cette année dans le cadre de ses efforts visant à rationaliser ses opérations. (Photo: La Presse Canadienne)

Toronto — Une proposition visant à privatiser Indigo Books & Music (IDG) permettrait à l’entreprise de se remettre sur les rails avec moins de surveillance et plus de flexibilité que si elle restait publique, soulignent des experts.

L’entreprise a passé la majeure partie de l’année dernière à se remettre d’une cyberattaque majeure, à faire face à une succession de changements de direction et à voir ses pertes augmenter. Indigo a mis en œuvre un plan de transformation pour redonner à l’entreprise sa gloire d’antan, mais n’a pas dit grand-chose sur les implications de cette initiative, même si elle a licencié un nombre indéterminé de travailleurs le mois dernier.

Un projet de privatisation annoncé par l’entreprise jeudi permettrait de poursuivre ce travail sans la pression du public et des actionnaires, affirment des experts en gouvernance d’entreprise.

«Je pense que le raisonnement est de ne pas être accablé par des responsabilités en matière de divulgation publique, étant donné qu’Indigo a déjà fait face à beaucoup d’épreuves», a affirmé Richard Leblanc, professeur de gouvernance, de droit et d’éthique à l’Université York à Toronto.

Les exigences et les coûts associés à l’audit, à la conformité et à la divulgation qui découlent de la cotation en bourse sont «onéreux». Il existe également certaines structures de comités et de conseils d’administration que les entreprises doivent utiliser.

«Vous avez des exigences importantes du point de vue de la gouvernance, a souligné M. Leblanc. Mais une fois que vous n’êtes plus répertoriée, il y a très peu de réglementation en matière de gouvernance.»

La proposition de privatiser Indigo est contenue dans une offre non contraignante des deux sociétés de portefeuille Trilogy Retail Holdings et Trilogy Investments, qui leur permettrait de payer 2,25$ par action en espèces pour la participation dans Indigo qu’elles ne possèdent pas déjà.

«L’offre est très généreuse, mais ce sont essentiellement les mêmes personnes du côté de l’offre et du côté de la réception», a fait valoir Kai Li, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en gouvernance d’entreprise et professeure à l’Université de la Colombie-Britannique.

Mme Li faisait allusion au fait que les sociétés Trilogy appartiennent à l’actionnaire majoritaire Gerald Schwartz, fondateur et président d’Onex Corp. qui siège au conseil d’administration d’Indigo et est le conjoint de la directrice générale d’Indigo, Heather Reisman.

Par l’intermédiaire des sociétés Trilogy, M. Schwartz détient environ 56% des actions ordinaires émises et en circulation d’Indigo, tandis que 4,6% des parts appartiennent à Mme Reisman par l’intermédiaire d’une autre société de portefeuille.

Un comité spécial créé par Indigo

La porte-parole d’Indigo, Madison Downey, a affirmé que le conseil d’administration avait créé un comité spécial composé d’administrateurs indépendants pour évaluer la proposition et «toutes les alternatives viables qui pourraient s’offrir à l’entreprise».

Elle n’a pas précisé dans combien de temps le conseil d’administration examinerait la proposition, mais a déclaré qu’Indigo «fournirait des mises à jour si et quand cela était nécessaire, conformément aux lois sur les valeurs mobilières applicables».

Mme Reisman a pris sa retraite l’été dernier et a confié l’entreprise à Peter Ruis. Ce dernier a quitté brusquement ses fonctions en septembre, ouvrant la voie au retour de Mme Reisman.

Avant le départ à la retraite de Mme Reisman en tant que cheffe de la direction et administratrice en août, quatre des dix administrateurs d’Indigo avaient quitté le conseil d’administration, la Dre Chika Stacy Oriuwa attribuant sa démission à une «perte de confiance dans la direction du conseil d’administration» et à de «mauvais traitements». D’autres cadres sont partis peu de temps après.

Titre en hausse d’environ 50%

Bien que Trilogy n’ait pas encore annoncé comment elle pourrait façonner Indigo, elle a affirmé qu’elle ne souhaitait pas vendre de ses actions. Le titre a clôturé vendredi en hausse de 68 cents, ou 45,9%, à 2,16$, à la Bourse de Toronto.

«Le prix a déjà atteint le niveau suggéré par la proposition de privatisation, ce qui laisse croire que le marché s’attend déjà à ce que l’accord soit conclu», a souligné Mme Li.

L’un des avantages d’accepter la proposition et de devenir une société privée est que cela permet à l’entreprise d’être «draconienne» dans sa transformation, ce qui, selon Mme Li, est absolument nécessaire.

«Malgré tous leurs efforts, ils ne s’en sortent pas bien», a-t-elle affirmé.

Indigo a enregistré une perte nette de 22,4 millions de dollars (M$) au cours de son dernier trimestre, comparativement à 15,9M$ un an plus tôt.

«Ce n’est pas viable pour eux», a déclaré Mme Li.

Elle s’attend à ce que la proposition de Trilogy soit acceptée, car M. Schwartz et Mme Reisman sont des actionnaires importants.

Mais ce n’est pas parce que M. Schwartz et Mme Reisman forment un couple que la proposition est chose faite, a souligné M. Leblanc.

«Cela ne dissuaderait pas un investisseur sérieux de contre-proposer une offre plus élevée», a-t-il indiqué.

Plusieurs investisseurs verraient la possibilité de posséder un détaillant aussi important qu’Indigo comme attrayante et s’ils faisaient une offre, les lois canadiennes obligent l’entreprise à la considérer.

La volonté de payer encore plus pour Indigo pourrait pousser Trilogy à augmenter son offre, a ajouté M. Leblanc.

Tara Deschamps, La Presse Canadienne

 

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