Invité la semaine dernière à une réunion d'opposants au projet éolien de l'Érable, le cinéaste Raoul Jomphe a remarqué, selon les termes du journaliste de L'Avenir de l'Érable (2 septembre), "la zizanie que provoque déjà le projet au sein de la population".
"De chez moi, a ajouté le cinéaste gaspésien, je peux voir jusqu'à 42 éoliennes et j'entends aussi leur vrombissement permanent. C'est la concentration des éoliennes, c'est leur proximité des résidences, c'est aussi (...) avant tout la qualité du paysage qui en souffre et que dire de leur effet stroboscopique. Pour moi, il y a aussi une certaine harmonie qu'on retrouve dans nos villages qui devient de moins en moins évidente en raison de la mise en place de tels projets industriels qui servent à enrichir les riches et à en faire subir les inconvénients aux pauvres".
Organisée mercredi dernier par le Regroupement du développement durable des Appalaches (RDDA), cette soirée avait eu écho ici, http://www.visiondurable.com/actualites/energie/6491-eoliennes-les-tensions-persistent-dans-lerable, au site de Vision durable.
On est venus près de se battre
Dans un autre texte intitulé Éolien : une soirée qui a bien failli tourner au vinaigre, le journal L'Avenir de l'Érable raconte qu'on "est venu bien près d'en arriver aux coups lorsque certains organisateurs ont voulu aider quelques personnes venues chercher de l'information à se frayer un chemin", qui était alors bloqué par la "centaine" de pro-éoliens présents.
Enchanté, je suis enchanté
De retour d'une visite en Gaspésie pour y voir des parcs éoliens, un producteur laitier du village de Saint-Ferdinand s'est dit "enchanté" de son séjour, puisque "les éoliennes n'ont rien pour faire peur, au contraire, ça ne fait aucun bruit et ça se confond dans le paysage", rapporte L'Avenir de l'Érable dans Les proéoliens réitèrent leur message de bienvenue aux éoliennes.
Et ce n'est pas fini
Ailleurs au Québec, dans la région de Thetford Mines, le village de Kinnear's Mills "est profondément divisé par le projet de parc éolien", rapporte SRC Québec (1 septembre). Un comité de citoyens demande au ministre des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire l'ouverture d'une enquête sur la façon dont les autorités locales ont mené ce dossier entaché, selon eux, d'importantes irrégularités.
Où sont les gains?
Lors de la soirée du RDDA, l'économiste Jean Matuszewski, qui est également président de E&B Data, a "émis de sérieux doutes sur les retombées économiques", rapporte L'Avenir de l'Érable dans Le RDDA exige à nouveau le retrait du projet éolien. Selon l'économiste, les revenus bruts du promoteur Enerfin pourraient atteindre 20 M$ par année, alors que 500,000$ seront versés aux propriétaires signataires et 190,000$ aux municipalités de Saint-Ferdinand (129,000$) et Sainte-Sophie-d'Halifax et Saint-Pierre-Baptiste (61,000$). Il a dit s'interroger sur la marge de manoeuvre des municipalités en cas d'imprévus ou d'accidents. Selon lui, les propriétaires n'ont pas l'assurance de recevoir les revenus selon leurs attentes, et il a jugé "insignifiante" la contribution du parc à l'emploi local, avec ses 15 emplois permanents.
La question continuera de se poser
Dans un échange plutôt musclé survenu dans les pages du Courrier Frontenac en fin août, deux lecteurs se sont posé la question des retombées. Pour l'une, Diane Raymond de St-Ferdinand se demande quels sont "les motifs réels qui poussent ceux qui veulent à tout prix implanter des parcs éoliens sur notre territoire. Est-ce vraiment le souci écologique ou plutôt les gros sous que cela rapportera à quelques individus?"
Pour sa part, Yves Charlebois estime qu'avec le projet, "les jeunes d'ici seront peut-être stimulés à entreprendre des études supérieures pour travailler dans la région, dans les domaines de pointe comme l'ingénierie, l'électricité". Selon lui, "ce ne sont pas les éoliennes qui créent la bisbille, c'est vous avec vos histoires à faire peur. Vous faites de la désinformation en prenant des exemples qui n'ont aucun rapport avec ce qui va se passer ici."
Ce qui n'a pas empêché la discussion de se poursuivre, puisqu'une autre lectrice, cette fois de Sainte-Hélène-de-Chester, prend la plume dans les pages de La Nouvelle Union (30 août). Elle dit craindre l'abattage de "ces mêmes arbres que je contemple depuis si longtemps, afin de construire une route de 35 kilomètres sur la crête de ces montagnes. Ensuite, ils creuseront 50 pieds de profondeur pour installer les 50 à 60 éoliennes de 450 pieds de hauteur! Les plus hautes au monde. Quel scandale, quelle perte pour tous! Et je ne parle ici que de notre magnifique paysage dont nous étions si fiers et qui savait tant charmer nos amis ou les visiteurs passagers. Déjà, des discordes ont commencé dans les villages à cause de ce mégaparc industriel éolien."
