Mercredi, alors que la paralysie du gouvernement prenait corps, Maria Njoku, employée au Pentagone, a annoncé à son propriétaire qu'elle aurait du retard sur son loyer. Mme Njoku n'a rien d'unique: le blocage budgétaire touche durement les employés du gouvernement américain.

Comme elle, 900 000 fonctionnaires et sous-traitants du gouvernement fédéral ont été mis d'office en congés sans solde lundi soir. Et, même si elle pourrait percevoir un rattrapage salarial dès que les élus se seront mis d'accord, Mme Njoku voit ses sacrifices financiers comme un "énorme fardeau".

D'autant que son propriétaire l'a prévenue qu'elle devrait payer une amende s'il ne recevait pas son chèque de 1 300 dollars avant le 11 octobre pour régler le loyer son appartement de la banlieue de Washington.

Les disputes partisanes entre démocrates et républicains à l'origine de la paralysie en agacent plus d'un, mais le bout du tunnel n'est pas encore en vue.

Et se profile déjà à l'horizon le spectre d'un défaut de paiement des Etats-Unis. Si les élus ne relèvent pas le plafond de la dette d'ici au 17 octobre, Washington ne pourra plus honorer ses obligations financières envers ses créanciers. Ce serait une première dans l'histoire du pays.

En attendant que la situation se débloque, Maria Njoku envisage de trouver un autre emploi, "quelque chose pendant les weekends pour payer mes factures, enfin, j'espère ne pas devoir en arriver là".

Elle se serre déjà la ceinture en se privant de sorties avec ses amis. "C'est dur de s'organiser. Je ne peux pas me permettre de dépenser de l'argent", se lamente la jeune femme.

"Je vis au jour le jour"

Mercredi, une poignée d'employés congédiés se sont rassemblés devant un musée de la capitale américaine pour manifester leur colère.

"Je suis très inquiète", a lancé Cheryl Claus, employée au ministère de l'Agriculture.

"Nous sommes en colère parce que le Congrès ne fait pas son travail. Il ne vote pas de budget. (Les élus) continuent à être payés, mais pas nous. Les victimes, c'est nous", a-t-elle expliqué.

Sans économies, certains employés se retrouvent à emprunter de l'argent à des amis ou à leurs proches.

"Je vis au jour le jour. J'ai donc dû contracter un prêt", a raconté Martha, salariée aux Instituts nationaux de la santé, qui ne souhaite pas donner son nom de famille.

Le cas d'Erik Brine est plus particulier.

Il a trois emplois... tous dans le giron gouvernemental. Il est à la fois employé civil dans l'armée de l'Air, réserviste à mi-temps et assistant d'un sénateur.

Pour lui, le premier jour de la paralysie gouvernementale s'est résumée au remplissage d'un nombre infini de formulaires pour se mettre en congé sans solde.

"J'ai consacré la majeure partie de la journée à me faire virer de mes trois emplois", plaisante-t-il.

Ironie du sort: Erik Brine, qui a quatre enfants de moins de 8 ans, a récemment préféré être engagé comme employé civil de l'Air Force plutôt que de rejoindre un poste militaire mieux payé en raison de la sécurité de l'emploi.

Du coup, entre les coupes budgétaires qui touchent le Pentagone et la paralysie budgétaire, M. Brine s'interroge sur la "sécurité" que représente un emploi gouvernemental.

Bien qu'il ait reçu l'ordre de ne pas se rendre sur son lieu de travail, Erik Brine ira au Pentagone jeudi pour la cérémonie qui le verra s'élever au grade de lieutenant-colonel de réserve.

En revanche, son frère qui travaille pour le FBI ne pourra assister à l'événement. Il est forcé de continuer à travailler... tout en n'étant pas payé.