Immigration: les restaurateurs lancent un cri d'alarme

Publié le 14/08/2019 à 06:50

Immigration: les restaurateurs lancent un cri d'alarme

Publié le 14/08/2019 à 06:50

Par La Presse Canadienne

Des restaurateurs ont lancé un «cri d'alarme» et plaidé pour une hausse des seuils d'immigration à l'Assemblée nationale, mardi.

L'Association Restauration Québec (ARQ) _ qui compte plus de 5500 membres _ souhaite avoir davantage accès à des travailleurs étrangers pour combler des milliers de postes d'aides-cuisiniers, de plongeurs, de cuisiniers et de serveurs.

Son président, Vincent Arsenault, a indiqué au ministre de l'Immigration, Simon Jolin-Barrette, qu'en 2018, près de 14 000 postes étaient à pourvoir dans la restauration au Québec.

En 2025, selon une estimation de Raymond Chabot Grant Thornton, environ 5500 postes d'aides-cuisiniers, plongeurs et préposés au comptoir, ainsi que 2700 postes de cuisiniers et 1800 postes de serveurs seront vacants dans la province.

Les prévisions pour 2035 offrent un portrait encore plus sombre: ce sont quelque 10 000 postes d'aides-cuisiniers, plongeurs et préposés au comptoir, ainsi que 4600 postes de cuisiniers et 1800 postes de serveurs qui seront à pourvoir.

À l'heure actuelle au Québec, il n'est pas rare de voir un restaurant limiter ses heures d'ouverture, faute de personnel.

Le restaurant Auguste à Sherbrooke a éliminé le service du lundi, L'Olive Rouge à Victoriaville n'ouvre plus les mercredis, le restaurant Au fin gourmet à New Richmond, dans la région de la Baie-des-Chaleurs, a mis fin à son service de nuit, et La Rose des vents, à Sainte-Flavie, a dû fermer ses portes, illustre l'ARQ.

Québec doit hausser ses seuils d'immigration, mais aussi revoir sa grille de sélection pour faciliter l'arrivée de personnel peu qualifié, fait-on valoir.

«L'immigration est un outil indéniable pouvant atténuer la pénurie actuelle de main-d'oeuvre», a déclaré M. Arsenault, qui est également propriétaire du restaurant Tomate Basilic situé dans l'est de Montréal.

«Recourir aux travailleurs étrangers, autant temporaires que permanents, est essentiel pour maintenir nos activités notamment dans les régions. C'est pourquoi l'ARQ lance aujourd'hui un véritable cri d'alarme afin que des mesures concrètes soient mises en place», a-t-il ajouté.

Si rien n'est fait, le manque criant de personnel finira par avoir un impact sur la qualité de la nourriture, a prévenu François Meunier, vice-président de l'association.

«On risque à la fin, très certainement, de voir une offre de restauration qui va être de bien moins bonne qualité, où on retrouve essentiellement une cuisine qui va être industrialisée, standardisée, et on va certainement y perdre sur le plan de la gastronomie», a-t-il souligné.

Le témoignage de l'ARQ survient au deuxième jour des consultations publiques sur les seuils d'immigration proposés par le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Le gouvernement a abaissé les seuils cette année, les faisant passer de 52 000 à 40 000 personnes le temps de «réparer» le système d'immigration. Il compte les rehausser progressivement dès l'an prochain pour atteindre environ 52 000 personnes en 2022.

Si le ministre Jolin-Barrette s'est dit «sensible» aux arguments des restaurateurs, il a paru renvoyer la balle au gouvernement fédéral, qui doit assouplir le programme de travailleurs étrangers temporaires, selon lui.

«Je retiens de notre échange que vous souhaitez une amélioration au niveau du programme des travailleurs étrangers temporaires et sur ce, il faut que le gouvernement fédéral entende votre message», a-t-il déclaré.

Le porte-parole libéral en matière d'immigration, Monsef Derraji, a affirmé pour sa part qu'il ne voulait pas «que l'on 'pitch' le problème au fédéral», urgeant le ministre à s'impliquer plus activement auprès des restaurateurs afin de trouver des solutions.

De Toronto, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a eu ces commentaires: «La communauté d'affaires au Québec est préoccupée par la pénurie de main-d'oeuvre. (...) Je vais permettre aux Québécois d'avoir cette discussion directement avec leur premier ministre. Le gouvernement fédéral sera là évidemment pour encourager et aider en tant que partenaire.»

Les consultations publiques sur la planification de l'immigration au Québec pour la période 2020-2022 se déroulent toute la semaine à l'Assemblée nationale. Une trentaine de groupes ont été invités à y participer. Le gouvernement aura ensuite jusqu'au 1er novembre 2019 pour livrer son plan triennal.

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