Assemblée: Couche-Tard esquive la question des relations de travail

Publié le 06/09/2011 à 18:41, mis à jour le 06/09/2011 à 20:02

Assemblée: Couche-Tard esquive la question des relations de travail

Publié le 06/09/2011 à 18:41, mis à jour le 06/09/2011 à 20:02

Par Marie-Eve Fournier

Alain Bouchard est président et chef de la direction d’Alimentation Couche-Tard [Photo: David-Alexandre Alarie]

La CSN, qui a réussi à syndiquer quatre dépanneurs Couche-Tard, a tenté de voler la vedette lors de l’assemblée annuelle des actionnaires de l’entreprise tenue cet après-midi, à Laval. Mais le grand patron, Alain Bouchard, a esquivé les questions concernant l’épineuse question des relations de travail.

Quelques employés syndiqués plantés devant la porte principale ont distribué des tracts aux actionnaires leur rappelant que des négociations étaient en cours afin de pondre les premières conventions collectives. Ils réclament notamment un « bouton de panique relié à une centrale en cas d’urgence », un suivi psychologique pour les victimes de vol à main armée et quatre journées de maladie, précisait leur feuille décorée de charmants petits hiboux. La distribution s’est déroulée dans le calme. La présence de ce « comité d’accueil » n’a pas été évoquée lors de la rencontre.

Plus tard, lors de la période des questions, une jeune employée enceinte du dépanneur de Saint-Liboire, en Montérégie, s’est pointée au micro pour détailler ses conditions de travail et justifier sa volonté de se syndiquer. Après deux ans et demi à temps plein, son salaire est de 9,95 $ de l’heure et elle n’a droit à aucun congé de maladie payé.

« J’estime qu’il y a peu de respect des normes de santé et de sécurité chez Couche-Tard. Ayant eu moi-même à me battre pour faire valoir mes droits, cela a été ma raison première pour me syndiquer », a mentionné Kassandra Lanteinge, sous l’œil attentionné de la CSN. Elle a ensuite demandé à Alain Bouchard s’il était prêt à s’engager à améliorer les conditions de travail de ses employés en négociant avec le syndicat.

Le dirigeant de 62 ans lui a répondu qu’il était conscient que le service à la clientèle est quelque chose de « difficile » mais qu’il ne pouvait rien dire plus.

Quelques minutes auparavant, lors de son discours portant sur les résultats du dernier exercice, Alain Bouchard avait à peine effleuré le sujet des relations de travail en disant qu’il ne pouvait pas commenter « vu que [les dossiers se trouvent] devant les tribunaux ou des instances gouvernementales ». Rappelons que la CSN poursuit l’entreprise pour un million de dollars, estimant que la fermeture du dépanneur à l'angle des rues Beaubien et Saint-Denis a été motivée par l’arrivée d’un syndicat. Alain Bouchard avait aussi suscité la controverse en mars dans une vidéo diffusée en primeur sur LesAffaires.com dans laquelle il menaçait de fermer les dépanneurs dont les employés tenteraient de syndiquer.

Kassandra Lanteingne n’a pas été déçue par la réponse obtenue. « Ce n’est pas une mauvaise réponse (…) mais j’aurais espéré une réponse plus précise », a-t-elle mentionné aux journalistes après l’assemblée. Affirmant ne pas craindre les représailles, elle a déploré le manque de respect envers les employés et le fait qu’elle doive elle-même se trouver un remplaçant si elle est malade.

En marge de la rencontre, Alain Bouchard a refusé de nous dire s’il croyait que l’attitude de confrontation adoptée envers la CSN depuis un an pouvait mettre en péril la réputation de Couche-Tard, comme le soutient la centrale syndicale. « Je le prends personnel », a-t-il seulement lancé avant de rire et de répéter qu’il ne voulait pas commenter.

Propositions rejetées

Par ailleurs, le Régime de retraite de la CSN (RRCSN) et le Mouvement de défense des actionnaires (Médac) ont profité - à titre d’actionnaires de Couche-Tard - de la nouvelle Loi des sociétés par actions du Québec pour soumettre huit propositions à l’entreprise. Sans surprise, elles ont toutes été rejetées du revers de la main par la poignée de hauts dirigeants qui contrôle la destinée de la chaîne de dépanneurs grâce à leurs actions à votes multiples.

Les deux organisations demandaient, entre autres, une plus grande présence de femmes au sein du conseil d’administration, qui n’en compte qu’une seule parmi ses 10 membres. Le Médac réclamait aussi que la rémunération des hauts dirigeants soit plafonnée, que des règles soient votées pour permettre aux actionnaires minoritaires d’avoir « un impact raisonnable sur la gouvernance » (malgré les actions à droit de vote multiple) et que les actionnaires puissent voter sur la politique de rémunération. Toutes les idées ont été rejetées par plus de 90 % des voies.

Normand Caron, qui représentait le Médac, estime néanmoins que l’organisme a eu « une très bonne performance », a-t-il mentionné à lesaffaires.com. « Notre proposition demandant l’instauration d’un vote consultatif des actionnaires sur la politique de rémunération des hauts dirigeants a obtenu 9% des voies et cela, seulement parmi les actionnaires minoritaires. C’est très bien. » À eux seuls, les quatre fondateurs (Bouchard, Jacques D'Amours, Richard Fortin et Réal Plourde) contrôlent 57 % des droits de vote.

C’était la première fois que Couche-Tard se penchait sur des propositions d’actionnaires. En marge de l’assemblée, Alain Bouchard s’est montré ouvert à évaluer les idées qui lui sont proposées. « On n’est pas fermés. Y’a des choses que j’ai regardées personnellement et qui ont du sens. On va voir au cours des prochaines années comment ça évolue, comment les entreprises agissent et réagissent. On va évoluer comme entreprise comme on l’a toujours fait. On va s’ajuster.»

Les quatre dépanneurs syndiqués sont les suivants :

• Angle des rues Iberville/Jean-Talon, à Montréal (négociations avancées)

• Saint-Liboire (début des négociations aujourd’hui)

• Saint-Hubert, en Montérégie (demandes syndicales déposées mais négociations à venir)

• Angle des rues Saint-Denis/Beaubien (l’établissement a été fermé et le dossier est devant les tribunaux)

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